Lalune en plein midi, Ă  minuit le soleil. Si quelqu'un devant eux reçoit un bon visage 5, Ils le vont caresser, bien qu'ils crĂšvent de rage ; S'il le reçoit mauvais, ils le montrent au doigt. Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dĂ©pite, C'est quand devant le roi, d'un visage hypocrite, Ils se prennent Ă  rire, et ne savent pourquoi. Le Roi LĂ©o ă‚žăƒŁăƒłă‚°ăƒ«ć€§ćž, Jungle Taitei?, littĂ©ralement L'empereur de la jungle » est une sĂ©rie d'animation japonaise adaptĂ©e du manga d'Osamu Tezuka Le Roi LĂ©o paru entre 1950 et 1954. La sĂ©rie originale est composĂ©e de 52 Ă©pisodes de 22 minutes, produite par le studio Mushi Production et diffusĂ©e pour la premiĂšre fois sur Fuji TV entre le 6 octobre 1965 et le 28 septembre 1966, immĂ©diatement suivie de LĂ©o, le nouveau grand empereur de la Jungle æ–°ă‚žăƒŁăƒłă‚°ăƒ«ć€§ćž é€Čめレă‚Ș!, Shin Jungle Taitei Susume Leo?, composĂ©e de 26 Ă©pisodes diffusĂ©s entre le 5 octobre 1966 et le 29 mars 1967. Un remake de 52 Ă©pisodes est diffusĂ© entre le 12 octobre 1989 et le 11 octobre 1990. La deuxiĂšme sĂ©rie a Ă©tĂ© doublĂ©e au QuĂ©bec et diffusĂ©e dĂšs le 11 septembre 1971 Ă  la tĂ©lĂ©vision de Radio-Canada[1], et rediffusĂ©e Ă  partir du 15 septembre 1985 sur TVJQ. En France, la deuxiĂšme sĂ©rie est diffusĂ©e pour la premiĂšre fois sous le titre Le Roi LĂ©o en 1972 sur la premiĂšre chaĂźne de l'ORTF, la premiĂšre sĂ©rie en 1990 sur La Cinq, et la troisiĂšme reste inĂ©dite en VF. Synopsis Afrique, milieu du XXe siĂšcle. Les hommes envahissent peu Ă  peu les terres sauvages, mais LĂ©o, un lion blanc se dresse face Ă  eux pour prĂ©server un espace de libertĂ© pour que tous les animaux puissent vivre en paix. Un chasseur rusĂ© enregistre la voix de LĂ©o pour attirer et capturer sa compagne, Lisa. Celle-ci sert alors d'appĂąt et LĂ©o est tuĂ© tandis que la lionne, qui est pleine, est embarquĂ©e sur un bateau pour rejoindre un zoo. Le lionceau blanc, que sa mĂšre a appelĂ© LĂ©o, naĂźt Ă  bord. La mĂšre lui enseigne les idĂ©aux de son pĂšre. Sur son ordre, LĂ©o s'Ă©chappe de sa cage en passant Ă  travers les barreaux, plonge dans la mer et rĂ©ussit Ă  regagner la rive Ă  la nage
 GenĂšse SĂ©ries animĂ©es Trois sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es du Roi LĂ©o ont Ă©tĂ© produites au Japon 1965 Le Retour du roi LĂ©o ă‚žăƒŁăƒłă‚°ăƒ«ć€§ćž, Jungle Taitei? 52 Ă©pisodes PremiĂšre sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e animĂ©e japonaise en couleur. 1967 Le Roi LĂ©o æ–°ă‚žăƒŁăƒłă‚°ăƒ«ć€§ćž é€Čめレă‚Ș!, Jungle Taitei Susume Leo? 26 Ă©pisodes 1989 Jungle Taitei ă‚žăƒŁăƒłă‚°ăƒ«ć€§ćž, littĂ©ralement L'empereur de la jungle »? 52 Ă©pisodes SĂ©rie au graphisme plus moderne, inĂ©dite en France. Version française Au QuĂ©bec, la diffusion du Roi LĂ©o dĂ©bute en septembre 1971 les samedis matins Ă  Radio-Canada. En France, la deuxiĂšme sĂ©rie a Ă©tĂ© diffusĂ©e pour la premiĂšre fois le 20 dĂ©cembre 1972 sur la premiĂšre chaĂźne de l'ORTF sous le titre Le Roi LĂ©o. Elle est rediffusĂ©e sur TF1, en 1976 dans Samedi est Ă  vous et en 1978 dans Acilion et sa bande. Le 17 septembre 1990, La Cinq diffuse la premiĂšre sĂ©rie, jusque-lĂ  inĂ©dite en France, dans Youpi ! L'Ă©cole est finie, sous le titre Le Retour du roi LĂ©o, puis enchaĂźne sur la deuxiĂšme sĂ©rie dont le gĂ©nĂ©rique et le doublage ont Ă©tĂ© changĂ©s. La sĂ©rie avec le nouveau doublage est rediffusĂ©e durant la saison 1994-1995 sur TF1 dans le Club DorothĂ©e et en 1996 dans Les Minikeums sur France 3. Contexte de diffusion Quand il apparaĂźt sur le petit Ă©cran français en 1972, Le Roi LĂ©o est le premier dessin animĂ© japonais Ă  ĂȘtre diffusĂ© en France, bien avant la vague de Goldorak 1978, Candy 1978 et Albator 1980. D'un genre nouveau, ce dessin animĂ© tranchait sur les productions animĂ©es amĂ©ricaines ou europĂ©ennes un sujet sĂ©rieux avec un ton souvent pessimiste[Note 1]. Les gĂ©nĂ©riques en français Le gĂ©nĂ©rique de dĂ©but Le premier gĂ©nĂ©rique de 1971 reprend le gĂ©nĂ©rique de fin japonais, mais la chanson japonaise a Ă©tĂ© traduite en français. C'est la chanteuse quĂ©bĂ©coise Isabelle Pierre qui est l'interprĂšte de ce premier gĂ©nĂ©rique. Le second gĂ©nĂ©rique de 1990 est interprĂ©tĂ© par Claude Lombard "Le retour de LĂ©o" dont la base musicale provient de la version originale italienne de l’émission tĂ©lĂ©visĂ©e "Sabato Al Circo" interprĂ©tĂ©e par Cristina d'Avena qui a notamment chantĂ© le gĂ©nĂ©rique de dĂ©but du dessin animĂ© "Princesse Sarah"[2]. Le gĂ©nĂ©rique de fin Le premier gĂ©nĂ©rique de 1971 reprend le gĂ©nĂ©rique de dĂ©but japonais. À l'instar d'autres pays, la France avait choisi d'inverser les gĂ©nĂ©riques. Liste des Ă©pisodes en français Diffusion en France de la deuxiĂšme sĂ©rie en 1972 La PremiĂšre Aventure Titre inconnu Le Lion bleu La DerniĂšre Chasse des pygmĂ©es Titre inconnu Titre inconnu Titre inconnu Le Secret de la pierre de lune Titre inconnu Titre inconnu Titre inconnu Titre inconnu Titre inconnu Le Tombeau solitaire Titre inconnu Le Monstre noir Les Chutes du diable Titre inconnu La TaniĂšre Le PrĂ©cipice Titre inconnu Le Menhir Le Loup argentĂ© L’Île mystĂ©rieuse L’Empreinte de la mort Titre inconnu Diffusion en France de la premiĂšre sĂ©rie en 1990 La Naissance de LĂ©o Le Vent du dĂ©sert L'École des animaux Les Chasseurs La Promesse La SĂ©cheresse La Zizanie Le Nuage fou Le Tigre volant La menace venue du ciel La rĂ©serve Une question de survie La Chorale de la jungle L'Histoire du Dieu Lion La Valse des Ɠufs La RiviĂšre en feu Le Serpent bleu La MĂ©daille de Tim Une randonnĂ©e en safari-mobile Le Restaurant de Koko Le Retour de Sandy Le Vieux sage Le Monstre La SorciĂšre Sandy le petit Ă©lĂ©phant La Viande vĂ©gĂ©tale Louis le camĂ©lĂ©on L'Ami encombrant La Plante malĂ©fique La Poursuite La Grotte fantĂŽme Le Dernier Chasseur Fuk l'hippopotame Le Retour de la panthĂšre noire Le PiĂšge La vallĂ©e perdue La Guerre de l'eau Un caractĂšre volcanique La Horde sauvage Un vrai pot de colle Les Dieux de la Mort Le Message L'Ours en colĂšre La VallĂ©e de l'arc-en-ciel La Montagne blanche Un retour embarrassant Les AraignĂ©es gĂ©antes Les Fleurs rouges L'Arbre du soleil levant Otto l'aventurier Le Temple Le Vieux Lion Rediffusion en France de la deuxiĂšme sĂ©rie en 1990[Note 2] La Route secrĂšte La Carte Le Lion bleu La DerniĂšre Chasse Les Premiers Pas La Grande VallĂ©e TomĂ© et l'arc d'or Le Secret de la lune bleue Les Oiseaux migrateurs Le PrĂ©dateur Les Voleurs Les Braconniers La VallĂ©e des lĂ©opards Le Tombeau de glace LÂŽExclu Lily la panthĂšre Les Chutes du dĂ©mon Le Chemin de fer La Maison des animaux Le Barrage La FiĂšvre de l'or Le Patriarche Le Loup argentĂ© Bill et Julie Les TĂąches malĂ©fiques La Montagne de Lune DVD En France, l'intĂ©gralitĂ© de la sĂ©rie a Ă©tĂ© Ă©ditĂ©e en cinq coffrets de quatre DVD par DĂ©clic Image. Doublage Voix originales Yoshiko Ìta LĂ©o Asao Koike Panja Noriko Shindƍ Eliza Gorƍ Naya Clave Hajime Akashi Tommy Hisashi Katsuta Mandy Junji Chiba Higeoyaji Kazuo Kumakura Dick Kazuyuki Sogabe Doug Keiko Matsuo Lyre Kinto Tamura Coco Kiyoshi Kawakubo Bou Voix françaises Premier doublage Le premier doublage a Ă©tĂ© effectuĂ© au QuĂ©bec en 1971 par des comĂ©diens quĂ©bĂ©cois[3]. C'est le cas de nombreuses sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es Ă©trangĂšres diffusĂ©es en France dans les annĂ©es 1960-1970 Le Prince Saphir ; L'AraignĂ©e ; Cosmos 1999, etc.. On a longtemps cru que le premier doublage avait disparu. En rĂ©alitĂ©, il n'Ă©tait plus autorisĂ© depuis la promulgation de la loi française qui interdisait la diffusion et la commercialisation d'un doublage qui n'avait pas Ă©tĂ© effectuĂ© en France. Cette loi a Ă©tĂ© abrogĂ©e en 2014 et autorise dĂ©sormais les doublages de langue française rĂ©alisĂ©s au Canada[4],[5],[6],[7] Alain Clavier LĂ©o Isabelle Jean Liya Flora Balzano Rune Nicole Fontaine Rukio Second doublage Il a Ă©tĂ© effectuĂ© en France par les studios Sonolab et SOFI. Jackie Berger LĂ©o, Alex Lionel Tua Kenny ; LĂ©o adulte Georges Atlas Mandi ; oncle Arthur Jean-Pierre Leroux Tomy Maurice Sarfati Narrateur ; Koko Nathalie Schmidt LĂ©a Anne Jarry LĂ©a voix de remplacement, divers Mireille Audibert Marie/ Carla, Annie Serge Bourrier Kali voix principale ; oncle de LĂ©o Fiche technique Les studios Disney et Le Roi LĂ©o Un dĂ©bat s'engagea Ă  propos du film amĂ©ricain Le Roi lion 1994 pour dĂ©terminer Ă  quel point les studios Disney s'Ă©taient inspirĂ©s du manga d'Osamu Tezuka, créé bien avant la sortie de ce film[8]. Au Japon, le manga Le Roi LĂ©o est publiĂ© de 1950 Ă  1954 puis adaptĂ© en sĂ©rie animĂ©e dĂšs 1965, ce qui en fait la premiĂšre sĂ©rie animĂ©e en couleurs du Japon. Une version doublĂ©e en anglais est conçue un an aprĂšs[9]. Le lionceau blanc a perdu son nom d'origine, LĂ©o, pour ĂȘtre baptisĂ© Kimba » dans la version amĂ©ricaine. Cette sĂ©rie, Kimba the White Lion, rencontra un fort succĂšs sur le sol amĂ©ricain. En 1994, les studios Disney connaissent le plus grand succĂšs de leur histoire avec Le Roi lion, dans lequel le lionceau porte le nom de Simba. Si le scĂ©nario de Disney ne fait pas figurer l'intervention de l'homme, on trouve des similitudes avec l'Ɠuvre de Tezuka, tant sur certains point du scĂ©nario, des personnages, que du dĂ©coupage de certaines scĂšnes phares.[10] Parmi les personnages créés par Tezuka, figurent, en plus du lionceau et de son pĂšre, roi des animaux au tragique destin un vieux babouin, un lion malfaisant et jaloux portant une cicatrice et des hyĂšnes. La scĂšne de la cĂ©lĂ©bration de la naissance du lionceau reprend Ă©galement un nombre significatif de plans du manga, Ă  la façon d'un story-board, ainsi qu'une scĂšne marquante de la silhouette d'un lion apparaissant dans les nuages[11][12]. En aoĂ»t 1994, Machiko Satonaka adresse une lettre accompagnĂ©e d'une pĂ©tition signĂ©e par 488 Japonais, dont 82 artistes, Ă  l'intention des studios Disney, afin qu'ils reconnaissent s'ĂȘtre inspirĂ©s de l'Ɠuvre de Tezuka[13]. Ces derniers nient tout plagiat de la sĂ©rie japonaise originale[14] et dĂ©clarĂšrent mĂȘme ne pas connaĂźtre le mangaka, ce qu'Helen McCarthy, journaliste amĂ©ricaine, dĂ©nonce avec ironie Si vous Ă©tiez constructeur automobile et qu'aucun des designers de votre sociĂ©tĂ© ne connaissaient Honda, ne seriez-vous pas inquiet[15] ? ». Cette affaire a Ă©tĂ© Ă©voquĂ©e dans les mĂ©dias[8] ainsi que dans des Ɠuvres populaires, comme dans un Ă©pisode de la sĂ©rie animĂ©e Les Simpson de 1995 qui parodie Le Roi Lion dans une scĂšne oĂč le lion Mufasa dit Ă  Lisa Simpson Tu dois venger ma mort, Kimba
 euh, je veux dire Simba ! »[16]. De plus, l'acteur Matthew Broderick confie que, lorsqu’il a Ă©tĂ© embauchĂ© pour le doublage de la voix de Simba dans Le Roi Lion, il pensait Ă  priori que le projet Ă©tait liĂ© Ă  Kimba, the White Lion[17],[18] Je pensais qu’il s’agissait de Kimba, qui Ă©tait un lion blanc dans un dessin animĂ© qui Ă©tait diffusĂ© quand j’étais petit. Alors, je disais Ă  tout le monde que j’allais doubler Kimba[19]. » La sociĂ©tĂ© de production gĂ©rant les droits des Ɠuvres de Tezuka ne porta pas plainte devant les tribunaux internationaux, en proclamant d'abord que le mangaka, grand admirateur des Ɠuvres de Walt Disney qui l'avaient inspirĂ© Ă  de nombreuses reprises, aurait Ă©tĂ© flattĂ© que le studio amĂ©ricain s'inspire Ă  son tour de l'une de ses Ɠuvres[13]. Mais aprĂšs qu'il eut Ă©tĂ© Ă©voquĂ© que Disney aurait payĂ© le studio Tezuka Productions pour Ă©viter des poursuites, Yoshihiro Shimizu a fini par couper court aux rumeurs. Il a finalement expliquĂ© que si sa sociĂ©tĂ© n'avait pas portĂ© plainte, c'Ă©tait car elle Ă©tait trop petite pour se lancer dans une bataille juridique face Ă  un gĂ©ant tel que Disney[20]. En mai 2020, le vidĂ©aste Adam de la chaĂźne YouTube YourMovieSucks sort une vidĂ©o aprĂšs avoir vu et lu toutes les mangas et adaptations de LĂ©o, dans laquelle il affirme et explique point par point que la controverse n'a pas lieu d'ĂȘtre, car l'histoire gĂ©nĂ©rale, l'expĂ©rience proposĂ©e et le ton n'ont rien Ă  voir, que les ressemblances mises en avant sont rares, superficielles et ont d'autres explications qu'un simple copier-coller de l'un sur l'autre. Il ajoute aussi qu'il est injuste de comparer plusieurs sĂ©ries qui ont explorĂ© beaucoup de situations scĂ©naristiques avec un seul film.[21] Bibliographie source utilisĂ©e pour la rĂ©daction de cet article Pierre Faviez, La TĂ©lĂ© un destin animĂ©, SociĂ©tĂ© des Écrivains, 2010, 168 p. ISBN 9782748047264, lire en ligne Jean-Jacques Jelot-Blanc, 30 ans de sĂ©ries et de feuilletons Ă  la Pac, 1985 ISBN 2853362418 Notes et rĂ©fĂ©rences Notes ↑ Osamu Tezuka se sent obligĂ© d'ĂȘtre pessimiste. Il explique, Ă  propos du Roi LĂ©o Ce parti pris n'a pas du tout dĂ©rangĂ© les enfants. Au contraire, ils sont trĂšs rapidement conscients des injustices sociales et naturelles. Le danger c'est d'essayer de leur faire oublier cette rĂ©alitĂ© de maniĂšre artificielle. » ↑ Cette reprise bĂ©nĂ©ficie de nouveaux titres et nouveau doublage RĂ©fĂ©rences ↑ Le samedi matin, vos enfants regardent la tĂ©lĂ© de Radio-Canada », Ici Radio-Canada, vol. 5, no 38,‎ 11 septembre 1971, p. 2 lire en ligne ↑ it Le retour de LĂ©o », sur ↑ Fiche de doublage quĂ©bĂ©cois », sur consultĂ© le 24 mars 2018 ↑ DĂ©cret no 92-446 du 15 mai 1992 du code de l'industrie cinĂ©matographique et relatif Ă  la classification des Ɠuvres cinĂ©matographiques, abrogĂ©e du juillet 2014 par le dĂ©cret no 2014-794, article 5, Titre III [...] Le visa d'exploitation en version doublĂ©e ne peut ĂȘtre accordĂ© que si la version originale a obtenu le visa d'exploitation et si le doublage a Ă©tĂ© entiĂšrement rĂ©alisĂ© dans des studios situĂ©s sur le territoire français ou sur le territoire d'un autre État, membre de l'Union europĂ©enne ou Partie Ă  l'accord sur l'Espace Ă©conomique europĂ©en du 2 mai 1992. Toutefois, cette seconde condition n'est pas exigĂ©e pour les Ɠuvres d'origine canadienne doublĂ©es au Canada. [...] » RĂ©publique Française - Service public de la diffusion de droit ↑ Cf. pages 7 et 8 du livre Le Doublage de Thierry Le Nouvel 2007, Paris, Éditions Eyrolles, Collection CinĂ© mĂ©tiers, 98 p. ISBN 9782212121339, ISBN 978-2-212-12133-9. [Lire en ligne ↑ Cf. page 2 de L’Embargo français VDF Doublage cinĂ©matographique et tĂ©lĂ©visuel en version française, article de Jeanne Deslandes dans Nouvelles vues sur le cinĂ©ma quĂ©bĂ©cois no 3, 2005 ↑ Jeanne Deslandes, CinĂ©-Bulles, vol. 18, no 2, 1999, p. 44-45. [Lire en ligne ↑ a et b en Michael J. Ybarra, Anime Instinct », Los Angeles Times,‎ 6 juin 2007 lire en ligne ↑ en Sean Macauley, Kimba to Simba », sur 2005 consultĂ© le 29 novembre 2013 ↑ Dans les faits, la vaste majoritĂ© de l'histoire de LĂ©o n'a rien Ă  voir avec le Roi Lion. La ressemblance s'arrĂȘte Ă  quelques designs similaires de personnages Ă  la personnalitĂ© diffĂ©rente, et Ă  quelques points scĂ©naristiques, dont beaucoups sont commun Ă  la fiction en gĂ©nĂ©ral. ↑ Le contexte dans les deux Ɠuvres est diffĂ©rent, la silhouette dans Le Roi Lion reprĂ©sente le fantĂŽme du pĂšre du protagoniste, Mufasa, qui vient dĂ©livrer un message dans une scĂšne qui marque un tournant de l'histoire. Dans le roi LĂ©o, il s'agit d'une image symbolique Ă  but purement stylistique qui reprĂ©sente LĂ©o lui-mĂȘme aprĂšs sa mort Ă  la tout fin du manga. ↑ en Fred Patten, Watching Anime, Reading Manga 25 Years of Essays and Reviews, 2004, 383 p. ISBN 978-1880656921, lire en ligne, p. 156. ↑ a et b en Yasue Kuwahara, Japanese Culture and Popular Consciousness Disney's The Lion King vs. Tezuka's Jungle Emperor », The Journal of Popular Culture, vol. 31,‎ 1997, p. 37–48 lire en ligne ↑ en Peter Hong, The Lion King/Kimba controversy », Los Angeles Times,‎ 19 mai 2002, p. L4 lire en ligne, consultĂ© le 12 aoĂ»t 2008 ↑ en Dominic Wells, Osamu Tezuka, the master of mighty manga, the japanese Walt Disney deserves wider acclaim », sur The Times, 2008 consultĂ© le 29 novembre 2013. ↑ Heub, RĂ©fĂ©rences Roi Lion Le », sur 2008 consultĂ© le 29 novembre 2013 ↑ en Peter Schweizer and Rochelle Schweizer, Disney The Mouse Betrayed, p. 167-168. ↑ en Trish Ledoux and Doug Ranney, The Complete Anime Guide Japanese Animation Video Directory and Resource Guide, p. 16. ↑ en Yardena Arar, Disney expands on animation tradition with 'Lion King' », Los Angeles Daily News,‎ 12 juin 1994 ↑ en Roland Kelts, Japanamerica How Japanese Pop Culture Has Invaded the US. Palgrave Macmillan, 2008, p. 45 ↑ YMS Kimba the White Lion » consultĂ© le 31 mai 2022 Liens externes Ressource relative Ă  l'audiovisuel pour Le Roi LĂ©o 1965 en Le Roi LĂ©o anime sur Anime News Network 1965 Ressource relative Ă  l'audiovisuel pour New Jungle Emperor, Go Ahead Leo! 1966 en Le Roi LĂ©o anime sur Anime News Network 1966 Fiche de la sĂ©rie », sur PlanĂšte Jeunesse Ressources relatives Ă  l'audiovisuel pour The New Adventures of Kimba The White Lion de OFDb 1989 en Le Roi LĂ©o anime sur Anime News Network remake de 1989
CemodÚle de l'automate est fondamental dans la conception physiologique du rire à l'ùge classique (D. Bertrand, «L'image de l'automate dans les représenta tions du rire et du ridicule au 17e siÚcle », Lectures, 19 (Bari, 1986), p. 19-29). FrÚre Lourdis est un prototype de sot selon la définition de La BruyÚre : «Le sot est automate, il est machine, il est ressort, le poids l
1CinĂ©aste d’Accatone, de La passion selon Saint-Matthieu ou d’ƒdipe roi, Pasolini n’a pas l’image d’un cinĂ©aste comique, mĂȘme si ses adaptations, connues sous le nom de Trilogie de la vie, du DĂ©camĂ©ron, des Contes de Canterbury et des Mille et une nuits montrent assez qu’il existe chez lui un tropisme qui le pousse vers la truculence, le comique. Le rire ou la capacitĂ© de rire ne pourraient-ils ĂȘtre le dĂ©passement d’une conception tragique de l’existence ? Ne pourraient-ils permettre de prendre du recul par rapport au vĂ©cu ? Ne pourraient-ils enfin se confondre avec la capacitĂ© d’adhĂ©rer Ă  une vie incluant la mort ? 2Bien que Pasolini soit cataloguĂ© comme un cinĂ©aste tragique, la place donnĂ©e au comique, au rire est pourtant essentielle dans son Ɠuvre. Cette veine comique est particuliĂšrement importante dans les annĂ©es soixante. AmorcĂ©e explicitement dans La Ricotta 1962, elle se poursuivra au cours de la dĂ©cennie Ă  partir de la rencontre de deux acteurs que Pasolini fera fonctionner comme un couple de clowns TotĂČ et Ninetto Davoli. Ce couple, Ă  la fois poĂ©tique et structurel, se retrouve pour une vĂ©ritable trilogie comique Uccellacci e uccellini, La Terra vista dalla luna et Che cosa sono le nuvole ?. Dans le gĂ©nĂ©rique Ă  la fois Ă©crit et chantĂ© du premier de ces films, Pasolini prĂ©sente le couple, non en tant que personnages mais en tant qu’eux-mĂȘmes, acteurs et personnes l’absurde TotĂČ, l’humain TotĂČ, le fou TotĂČ, le doux TotĂČ Â» et l’innocent, le malin, un petit peu fourbe Davoli Ninetto » vont ĂȘtre entraĂźnĂ©s dans la triste ronde, dans la joyeuse ronde » qu’est la vie et qu’est le film. Tristesse et joie co-prĂ©sentes dans une mĂȘme ronde. Le gĂ©nĂ©rique de Uccellacci e uccellini donne ainsi une direction Ă  notre analyse, mais notre travail s’arrĂȘtera avant tout sur le dernier film qui rĂ©unit TotĂČ et Ninetto Davoli. En effet Che cosa sono le nuvole ? porte trĂšs loin la question de la relation comique/tragique et la question du rire ou plutĂŽt des diffĂ©rents types de rire, aussi bien dans la vie que dans l’art et plus profondĂ©ment peut ĂȘtre la question de la relation entre tristesse et joie. 1 Ce texte inachevĂ©, Ă©crit Ă  New-York en aoĂ»t 1966, peu de temps aprĂšs la prĂ©sentation d’Uccellacci ... 3Ce sont certainement les relations complexes entre ces deux sentiments qui expliquent pourquoi Pasolini lui-mĂȘme a des doutes quant Ă  sa capacitĂ© Ă  faire Ɠuvre comique. Dans Who is me / Qui je suis. PƓta delle ceneri / PoĂšte des cendres1, il avoue, revenant sur la pĂ©riode de misĂšre qu’il a vĂ©cue avec sa mĂšre, Ă  Rome, aprĂšs avoir fui le Frioul moi je vivais comme peut vivreun condamnĂ© Ă  morttoujours avec cette pensĂ©e comme un fardeau- dĂ©shonneur, chĂŽmage, mĂšre en fut rĂ©duite pendant quelque tempsĂ  faire la moi je ne guĂ©rirai plus de ce que je suis un petit-bourgeois,et que je ne sais pas sourire comme Mozart...Dans un film- intitulĂ© Des Oiseaux, petits et gros –j’ai essayĂ©, c’est vrai, de faire Ɠuvre comique,suprĂȘme ambition pour un Ă©crivain,- mais je n’y ai rĂ©ussi qu’en partieparce que je suis un petit-bourgeoiset que j’ai tendance Ă  tout dramatiser. 4Il me semble toutefois que dans sa trilogie comique », Pasolini est arrivĂ© Ă  surmonter cette tendance Ă  tout dramatiser, et Ă  joindre le sourire de Mozart et le rire populaire. Je pense qu’il y est parvenu car il n’a pas rompu avec l’hĂ©ritage comme certaines avant-gardes, ni jouĂ© formellement avec des collages post-modernes de cet hĂ©ritage. Pasolini est un hĂ©ritier assumant l’hĂ©ritage jusque dans la modernitĂ©, mais un hĂ©ritier critique, d’une tradition europĂ©enne, s’enracinant dans l’antiquitĂ© grĂ©co-latine et judĂ©o-chrĂ©tienne, dans la pĂ©riode mĂ©diĂ©vale, la Renaissance et l’ñge baroque, jusque dans ses avatars modernes. Cet hĂ©ritage est revivifiĂ© par son expĂ©rience de la campagne frioulane et des marges populaires de Rome qui gardent encore des liens avec les racines premiĂšres de cette longue tradition... Ces liens permettront au petit-bourgeois » de tenter de faire Ɠuvre comique », et ainsi de poursuivre la suprĂȘme ambition » qui caractĂ©rise l’artiste. 5La tradition europĂ©enne a d’abord informĂ© son style Ă  partir du choix de la parodie ; Pasolini exhibe souvent ses sources, mais en jouant sur les distorsions, les oppositions. DĂšs ses premiers films, il passe de la parodie sĂ©rieuse qui crĂ©e des tensions dans l’Ɠuvre par le montage audio-visuel Bach et la modernitĂ© quart-mondiste d’Accatone, par exemple au burlesque, Ă  la farce qui parodie ouvertement les rĂ©fĂ©rences. Pasolini, toutefois, n’oublie jamais que la question du rire est existentielle, que le rire n’est pas nĂ©cessairement le dĂ©passement du tragique mais peut ĂȘtre sa dĂ©gradation nihiliste, alors qu’une autre voie est possible, Ă  partir du tragique, de la nostalgie, de la mort ou de la douleur, celle qui ouvre sur le rire Ă©merveillĂ© ou le sourire, celle qui ouvre Ă  la joie. Cette joie jaillit non d’un dĂ©passement dialectique du tragique mais au cƓur ou au creux mĂȘme des tensions terribles qui traversent les hommes. 2 Pour la filmographie de Pier Paolo Pasolini, consulter l’ouvrage de HervĂ© Joubert-Laurencin, Pasol ... 6Dans Che cosa sono le nuvole ? Qu’est-ce que les nuages ? 1967-68 Pasolini approfondit la rĂ©flexion sur la recherche de la vĂ©ritĂ© amorcĂ©e, sur le mode picaresque, dans Uccelacci e uccellini Des oiseaux petits et gros 1966, puis continuĂ©e, sur le mode burlesque, dans La Terra vista dalla luna La Terre vue de la lune 1966 sur le secret de la vie et de la mort2. 7Mais y a-t-il une vĂ©ritĂ© ? Si l’on perçoit un secret rĂ©pondant aux interrogations, en parler n’est-ce pas en perdre mĂȘme la sensation ? Ne pas se laisser troubler par tout ce qui semble montrer une voie, surtout pas par les paroles pĂ©remptoires des bavards impĂ©nitents que sont les donneurs de leçon, ceux qui croient dĂ©tenir la vĂ©ritĂ©... Se tenir au plus prĂšs de la rĂ©alitĂ© dans Uccelacci e uccellini, le corbeau, maĂźtre de la parole, mĂȘme s’il est le sceptique qui doute et qui questionne n’en est pas moins un donneur de leçons ; il finira dans l’estomac de TotĂČ et Ninetto. Rien ne vaut tant que la leçon de la fin –de la faim–, simplissime et drĂŽle. Le conte philosophique qu’est Uccellacci e uccellini n’est philosophique qu’au sens de certaines lumiĂšres du XVIIIe siĂšcle, celles d’une philosophie qui questionne la mĂ©taphysique et la morale, qui questionne la Foi. Cela ne va pas parfois sans quelque regret, et l’épisode mĂ©diĂ©val est Ă©clairant sur ce plan-lĂ . En ajoutant sa petite fleur aux Fioretti Pasolini rend hommage Ă  l’idĂ©al franciscain, mais l’admiration pour le pauvre d’Assise n’en relĂšve pas moins d’un certain comique cervantesque. On peut aimer Don Quichotte et en sourire ou en rire ; on peut trouver que, si la voie de François est poĂ©tiquement admirable, elle se heurte Ă  la rĂ©alitĂ© de la nature des oiseaux, petits ou gros. François lui-mĂȘme, dans le film, tentera de passer du prĂȘche poĂ©tique Ă  une analyse ouvrant sur une action politique faisant Ă©cho Ă  la thĂ©ologie de la RĂ©volution. La voie de la saintetĂ© est sans mesure, elle permet l’itĂ©ration perpĂ©tuelle du prĂȘche en espĂ©rant le miracle, cette ouverture dans le temps, mais dĂ©jĂ  au Moyen Âge les gros mangent les petits qui eux-mĂȘmes se querellent. La saintetĂ© reconnue par le peuple ouvre la voie aux marchands du Temple et les efforts pour les chasser de FrĂšre Cicillo, interprĂ©tĂ© par Innocenti TotĂČ, devient, par la force du temps, comique de rĂ©pĂ©tition et jeu carnavalesque. L’acte de violence sacrĂ©e s’est dĂ©gradĂ© en farce, mĂȘme si le spectateur en perçoit encore les vibrations. Cet Ă©pisode inclus dans la modernitĂ© de la fiction de premier niveau est Ă©clairĂ© par celle-ci. L’espace mĂ©diĂ©val est dĂ©jĂ  en ruine il est une trace dans le temps de ce qui a Ă©tĂ©, un reste de la beautĂ© architecturale contemporaine de la quĂȘte de la saintetĂ© franciscaine, une mesure dans l’Histoire. Il permet au conte de s’inscrire dans l’épaisseur du temps ; il est vu Ă  partir du mĂȘme espace / temps que celui des quartiers dĂ©shĂ©ritĂ©s, d’une bretelle d’autoroute en construction, d’un espace suburbain inhabitable oĂč la nature est devenue friche, oĂč l’espace encore paysan, mais certainement bientĂŽt abandonnĂ©, s’étale entre un chemin pour putains et une piste d’aĂ©roport, un lieu pour satisfaire encore des besoins scatologiques et sexuels. RacontĂ© par le corbeau, le message christique du conte franciscain, relu Ă  la lumiĂšre de Marx, ne peut qu’ĂȘtre source d’un comique lucide et dĂ©sespĂ©rant. 8Est-il possible de croire encore en des utopies, mĂȘme politiques, de les entrevoir ? Seule la rĂ©ponse du corps Ă  ses besoins immĂ©diats –avoir faim ou avoir envie de baiser par exemple– peut ĂȘtre entendue par TotĂČ et Ninetto immĂ©diatetĂ© du moment qui laisse en suspens un avenir possible, mais qui permet encore Ă  la vie de circuler. Y a-t-il plus belle fin pour le corbeau, Ă  la fois mĂ©canique et mĂ©lancolique, qui tente de prĂȘcher la bonne parole rĂ©volutionnaire et critique Ă  nos deux innocents, que de finir rĂŽti ? Auto-portrait plein d’auto-dĂ©rision que celui de Pasolini en corbeau intellectuel. Mais le cinĂ©aste poĂšte, lui, accompagne nos deux funambules qui s’enfoncent, comme Charlot et Colette Godard, dans un espace peut-ĂȘtre encore plus inhabitable que celui filmĂ© par Chaplin dans Les Temps modernes... Toutefois, au-delĂ  du rire et de la cruautĂ© amĂšre et dĂ©sespĂ©rĂ©e, la tendresse que le cinĂ©aste et le spectateur vouent aux personnages, fait de l’Ɠuvre un lieu habitĂ©. Mais cette tendre amertume ne caractĂ©rise-t-elle pas pour Pasolini l’échec relatif Ă  faire Ɠuvre comique ? Le couple TotĂČ et Ninetto l’incitera pourtant Ă  persĂ©vĂ©rer dans cette voie. 9Dans La Terra vista della luna, TotĂČ et Ninetto se retrouvent Ă  nouveau en couple burlesque pĂšre/fils dans l’espace suburbain de Rome. La fiction, irrĂ©aliste en apparence, touche au plus prĂšs du vĂ©cu des rapports affectifs et/ou sexuels. La banane blonde du fils et la perruque rouge du pĂšre, leur dĂ©marche respectivement dansante ou faussement mĂ©canique traversent le film oĂč tous les possibles des dĂ©sirs peuvent s’exprimer. Pasolini tourne en dĂ©rision l’inconscient freudien, nous fait rire de nos pulsions et nous fait rĂȘver de la rĂ©alisation possible du rĂ©el que nous portons en nous. Épisode d’un film Ă  sketches comme c’était la mode Ă  cette Ă©poque-lĂ  dans la production italienne intitulĂ© Le Streghe Les SorciĂšres, La Terra vista della luna ne raconte pas une histoire de sorciĂšre mais une fable fĂ©erique qui transfigure sans la dĂ©figurer la rĂ©alitĂ©. Comme Le petit Poucet renvoie Ă  un univers social aussi dur que celui que Vauban dĂ©crit dans La DĂźme royale, le film de Pasolini renvoie Ă  la rĂ©alitĂ© sociale et politique de la Rome de son Ă©poque, en dĂ©tournant les codes du cinĂ©ma nĂ©o-rĂ©aliste et en les croisant avec le burlesque, selon une poĂ©tique du rĂ©el qui ne peut qu’habiter la fiction, la fable. Le jeu des acteurs met l’accent avant tout, derriĂšre les maquillages et les costumes, sur la rĂ©alitĂ© des corps des acteurs, le grain de leur voix, le rythme de leur diction, qui accompagne le rythme des corps. Ainsi se marient dans leur personnage respectif les corps et les voix de Toto et de Ninetto Davoli sans eux le rire et le sourire ne pourraient pas surgir... Ils communiquent leur force comique, leur Ă©nergie dansante Ă  tous les autres acteurs, comme Sylvana Mangano –combien discrĂšte– ou Laura Betti dĂ©guisĂ©e en touriste accompagnĂ© de sa femme, qui est un homme dĂ©guisĂ©e en femme. Pasolini joue sur l’inversion carnavalesque de type populaire, s’amuse des clichĂ©s machistes Sylvana Mangano, qui figure la seconde Ă©pouse, est l’épouse idĂ©ale puisqu’elle est belle, et sourde et muette ! ! ! Elle est parfaite au logis, et se prĂȘte Ă  toutes les combines que le pĂšre et le fils inventent pour s’en sortir, et en particulier Ă  un simulacre de suicide –il s’agit de rĂ©colter de l’argent de touristes Ă©mus de la misĂšre de cette pauvre femme– en se jetant du haut du ColisĂ©e... Ce sera sans succĂšs, mais Ă  la fin de l’épisode Assurdina Cai succombera vĂ©ritablement en glissant sur une peau de banane. La situation la plus Ă©culĂ©e comme dĂ©clencheur du rire vire Ă  la farce cruelle. Mais la cruautĂ© ne s’exerce pas sur les personnages... Elle naĂźt de la distance interstellaire qui permet de juger, d’en haut, une situation rĂ©elle cruelle, de faire du rire un instrument du jugement politique et du sourire l’expression de la tendresse que l’on peut porter aux personnages qui traversent le film, Ă  commencer par les Miao, pĂšre et fils... Et Assurdina morte, aprĂšs l’enterrement, elle reviendra en fantĂŽme bien en chair reprendre son rĂŽle de fĂ©e du logis auprĂšs des Miao, pĂšre et fils. De toute façon, vu de la lune, comme l’inscrit le carton final Être mort ou vivant, c’est du pareil au mĂȘme ». 10Si les deux premiers films avec TotĂČ et Ninetto Davoli sont ancrĂ©s dans la tradition comique italienne, ils s’inscrivent dans un espace plus large qu’on pourrait assez facilement rĂ©fĂ©rer Ă  l’espace europĂ©en le comique picaresque, le conte philosophique du XVIIIe siĂšcle, la farce, l’apologue, mais aussi les formes comiques plus populaires du cirque, du music-hall et du cinĂ©ma burlesque d’un Chaplin repeint, en parodiant le pop-art, aux couleurs criardes du monde contemporain. 11Le film clĂŽturant la trilogie du couple TotĂČ et Ninetto poursuivra plus en profondeur, sous la simplicitĂ© apparente de la fable, l’exploration de toutes ces catĂ©gories qui dĂ©clenchent le rire. 3 Pour l’intertextualitĂ©, le chapitre de Pasolini portrait du poĂšte en cinĂ©aste, citĂ© dans la note ... 4 VĂ©ritablement chrĂ©tienne, comme Polyeucte de Corneille ou Le vĂ©ritable Saint-Genest de Rotrou, ell ... 12Dans Che cosa sono le nuvole ?, pour la troisiĂšme et derniĂšre fois, le cinĂ©aste retrouve le couple comique » et poĂ©tique » formĂ© par TotĂČ et Ninetto Davoli. Il s’agit maintenant de percer les secrets du rapport de la vie et de l’art, de l’énigme des destinĂ©es et peut-ĂȘtre du secret de la crĂ©ation... Le questionnement et les intertextes3 avec lesquels Pasolini Ă©crit son film semblent renvoyer Ă  une conception tragique de l’existence en effet, dans Qu’est-ce que les nuages ? Pasolini revisite Othello Ă  la lumiĂšre de La Vie est un songe et de l’Ɠuvre peint de VĂ©lasquez ; mais il s’agit pour Pasolini de faire des relectures du tragique et de la mimĂȘsis de l’ñge baroque Ă  partir du comique. Est-ce pour montrer une dĂ©gradation progressive de l’Art par rapport au siĂšcle Ă©lisabĂ©thain et au SiĂšcle d’or ? Une dĂ©gradation vĂ©cue Ă  la lumiĂšre d’une lecture biaisĂ©e des catĂ©gories de la PoĂ©tique d’Aristote l’univers tragique et la forme de la tragĂ©die Ă©tant jugĂ©s comme supĂ©rieurs Ă  l’univers comique et Ă  la forme de la comĂ©die. Mais peut-ĂȘtre cet Ăąge baroque n’est-il pas aussi tragique qu’on voudrait bien le croire ne tourne-t-il pas le dos Ă  la tragĂ©die antique ou chrĂ©tienne4, ne poursuit-il Ă  sa maniĂšre le courant comique de la fin du Moyen Âge et du dĂ©but de la Renaissance ? L’ñge baroque n’est-il pas l’ñge de Don Quichotte, des premiers romans picaresques, des comĂ©dies de Shakespeare, et un peu plus tard de CalderĂłn qui Ă©crit aussi bien des Autos Sacramentales que des comedias aussi bien comiques que tragiques, l’ñge encore des peintures de VĂ©lasquez chez qui le tableau se fait scĂšne, comĂ©die de cour, comĂ©die du peintre en grand courtisan, des grandes comĂ©dies de Corneille alors que la comĂ©die italienne triomphe aussi sur les scĂšnes europĂ©ennes. L’Ɠuvre comique, malgrĂ© certains doctes, plus particuliĂšrement français, n’est pas dĂ©valuĂ©e au profit du tragique. On retrouve donc ce courant dans la Trilogie de la vie. En effet, Pasolini, en conviant le spectateur Ă  un spectacle populaire comique, celui de Pupi siciliens ou napolitains qui jouent Othello, paraĂźtra, par la farce et la caricature, dynamiter le tragique et réécrire, dans une dimension autre, la poĂ©sie de la piĂšce de Shakespeare. Mais Shakespeare n’est-il pas autant un grand comique qu’un grand tragique ? Dans Othello la tragĂ©die domestique s’appuie sur un vieux fond comique, celui des fabliaux mĂ©diĂ©vaux et celui des historiettes de la Renaissance. 13En revisitant quelques grandes Ɠuvres, dans un court-mĂ©trage de 22 minutes, Pasolini fait parcourir au spectateur, toute la gamme du rire europĂ©en, anglais ou espagnol, italien ou français, pour mieux l’entraĂźner, par le rire ou le sourire, vers la romance ou le pathĂ©tique de l’énigme de la vie et de l’art, et surtout vers le rire Ă©bloui et le sourire Ă©panoui devant la merveille, tout aussi Ă©nigmatique, qu’est la crĂ©ation. 14Le film s’ouvre sur un travelling d’accompagnement de deux marionnettistes dont le premier porte, soutenu par son second, une grande marionnette sur le dos ils viennent l’accrocher au mur de planches sur lequel se trouvent dĂ©jĂ  accrochĂ©es de grandes marionnettes Ă  fils, en costumes approximativement du XVIe siĂšcle. Une seule place est libre ; la nouvelle marionnette sera suspendue lĂ ... recevant la vie de deux gifles amicales que lui donne son crĂ©ateur. La marionnette s’anime d’un rire Ă©panoui auquel rĂ©pond le visage rĂ©joui du marionnettiste. DiscrĂšte, la rĂ©fĂ©rence Ă  Collodi n’en est pas moins prĂ©sente. Comme Gepetto, le marionnettiste insuffle la vie Ă  sa marionnette... et les marionnettes Ă  fils qui forment la troupe sont toutes des marionnettes humaines, mĂȘme si leurs poignets sont rattachĂ©s Ă  des fils. Le rapport entre l’art et la vie est ainsi montrĂ©, en une naissance sous le signe de la joie et de l’étonnement. La nouvelle marionnette, jouĂ©e par Ninetto, dont le visage juvĂ©nile est peint en noir, ne comprend pas sa joie. Ce sera une marionnette au visage ĂągĂ©, peint en vert, jouĂ©e par TotĂČ, qui lui expliquera la cause de son contentement. Un lien se noue entre les spectateurs et ces deux personnages, accompagnĂ©s par le chƓur des autres marionnettes lien de sympathie liĂ© Ă  celui de la joie d’ĂȘtre lĂ , en vie. En ce prĂ©lude du film, la premiĂšre leçon vient du commentaire de la marionnette ĂągĂ©e, au visage vert Ă  l’exclamation de Ninetto Que je suis content ! », le premier commentaire est lui aussi exclamatif, mais l’exclamation introduit une fĂȘlure nostalgique Tu en as de la chance » ; mais Ă  la question plus directe de Ninetto —Pourquoi je suis si content ?— TotĂČ rĂ©pond Parce que tu es nĂ© ». 15La naissance est source de joie. Le souffle vital amĂšne le sourire sur le visage des crĂ©ateurs, sur la crĂ©ature venant Ă  la naissance, sur le visage de ses compagnons les plus proches, mĂȘme si leur sourire est moins Ă©panoui, car leur expĂ©rience leur a appris que la naissance va vers la mort, inclut la mort. La bande son le rappelle la chanson que l’on entend dĂšs le premier plan, hors-champ, accompagne la naissance par une tonalitĂ© Ă©lĂ©giaque, tant au niveau de la mĂ©lodie que des paroles. Celui qui chante est montrĂ© par un plan de coupe et le spectateur l’identifie comme un Ă©boueur car il porte une poubelle avant que, dans le plan suivant, la marionnette de Ninetto ne pose la question sur ce qu’il entend et ne comprend pas. LĂ  encore c’est la marionnette de TotĂČ qui va l’initier Ă  la vie. 16TotĂČ et Ninetto reforment un couple celui qui sait, celui qui est innocent et doit apprendre. Mais TotĂČ peut-il tenir le rĂŽle du mentor ? En tout cas, c’est bien le rĂŽle qui lui est dĂ©volu par Pasolini quand les fils de la marionnette ne sont pas manipulĂ©s par le marionnettiste. AccrochĂ©s tout au long d’un mur de planches, ces marionnettes interprĂ©tĂ©es par des acteurs en chair et en os Ă©chappent, par leur visage, l’autonomie de leur mimique, leurs paroles, au rĂŽle auquel ils semblent assignĂ©s par leur costume et leur maquillage. Le visage vert de TotĂČ et le visage noir de Ninetto renvoient Ă  la symbolique de rĂŽles emblĂ©matiques de la comĂ©die des humeurs, humeur bilieuse, humeur noire envie, jalousie, mĂ©lancolie, colĂšre... mais renvoient aussi Ă  la figure du maure jouĂ© par un acteur blanc, Othello, et Ă  son Ăąme damnĂ©e, Iago. Toutefois, pour l’instant, l’action de la fable n’a pas commencĂ©. Ce qui se joue dans cette antichambre d’un théùtre de marionnettes est ce lien entre des acteurs qui sont avant tout des personnes le rĂŽle est en accord avec l’ĂȘtre. C’est TotĂČ, marionnette vĂ©ritablement animĂ©e, et non Iago, qui parle Ă  Ninetto qui vient juste de recevoir le souffle de la vie... TotĂČ venu plus tĂŽt que ce dernier Ă  la vie peut lui communiquer son savoir, soutenu par l’accord de tout le chƓur des marionnettes. DĂšs la premiĂšre sĂ©quence, Pasolini confĂšre une double dimension Ă  ses personnages. 5 Le montage visuel de la micro-sĂ©quence d’ouverture, avec l’alternance des travellings d’accompagne ... 17Si l’Ɠuvre s’ouvre sous le signe de la joie, du rire de l’ĂȘtre venant Ă  la vie... la mort elle aussi est prĂ©sente. L’explication de TotĂČ sur le sens de la prĂ©sence du chanteur Ă  proximitĂ© d’oreille sonne comme la loi mĂȘme de toute vie. Le jeu de TotĂČ prĂȘte encore Ă  sourire mimiques, voix, simplicitĂ© des paroles comme de la diction mettent Ă  distance le pathos du chant et le tragique de la loi Ă©noncĂ©e. Les autres marionnettes sont au courant. Ninetto, l’innocent, doit tout apprendre on naĂźt, on meurt. Si le marionnettiste donne la vie, l’éboueur Ă©vacue le mort, comme tout dĂ©chet de la vie. Son rĂŽle est simple il va et vient, charge et dĂ©charge les dĂ©chets... Et le spectateur comprend que Ninetto est nĂ© pour combler le vide laissĂ© par un mort. La chanson dit sur le mode sentimental le triomphe de la male mort, cette mauvaise herbe, suave pourtant, car elle se confond avec l’amour, poussĂ©e par le vent vers le ciel, un ciel bien funeste, mais empreint de cette morbidesse qui fait le charme de la mĂ©lancolie maniĂ©riste5. 6 Pasolini a lu peu de temps avant le tournage le livre de Michel Foucault Les mots et les choses, d ... 7 Le titre du film La Terre vue de la lune dont la projection selon un procĂ©dĂ© totalement anti-rĂ©ali ... 18Et alors que la chanson se poursuit, la camĂ©ra quitte l’espace des marionnettes pour cadrer, en plongĂ©e, un sol poussiĂ©reux, battu par le vent qui soulĂšve des feuilles mortes. La camĂ©ra balaie l’espace une affiche traĂźne par terre, d’autres sont accrochĂ©es Ă  une palissade ; toutes sont de grands posters dĂ©fraĂźchis reproduisant des Ɠuvres de VĂ©lasquez ; toutes sont barrĂ©es de bandes de papier vert, jaune ou rouge annonçant des spectacles, celui d’hier, celui de demain ou prochainement, celui d’aujourd’hui. La camĂ©ra Ă©pouse un mouvement de hier vers demain pour revenir sur aujourd’hui oĂč se joue Che cosa sono le nuvole ? regia Pier Paolo Pasolini ». L’annonce, sur de larges bandes de papier vert, est collĂ©e sur une grande reproduction des MĂ©nines. Le dispositif de la signature du cinĂ©aste, par sa simplicitĂ©, sa pauvretĂ© qui renvoie aux tournĂ©es populaires, troupe de théùtre ou cinĂ©ma ambulants, joue en contraste humoristique avec le dispositif de VĂ©lasquez oĂč la signature se lit dans l’auto-portrait du peintre en majestĂ©, maĂźtre de l’Ɠuvre, certainement, puisqu’il l’a mise en scĂšne, en s’y incluant... Par ce dĂ©calage, Pasolini met en scĂšne ce qui pourrait ĂȘtre le commentaire du tableau6 regardant du cĂŽtĂ© des spectateurs et non du cĂŽtĂ© du sujet apparent, c’est-Ă -dire, comme tous les personnages regardant les commanditaires de l’Ɠuvre, le roi et la reine, dont on aperçoit le reflet dans le petit miroir convexe qui restitue le quatriĂšme mur ; le peintre n’est plus alors qu’un serviteur, mĂȘme s’il arbore sur sa poitrine l’insigne de la croix de Malte qu’il a obtenue. La reproduction de VĂ©lasquez est lĂ©gĂšrement dĂ©collĂ©e du chĂąssis sur lequel elle a Ă©tĂ© tendue. En bas, Ă  gauche de l’écran, elle bouge lĂ©gĂšrement, comme un rideau de scĂšne ouvrant sur de l’obscur, du nĂ©ant... et ce rideau est formĂ© de la reproduction d’un morceau de la toile dont nous apercevons le chĂąssis, toile qu’est censĂ© peindre le peintre reprĂ©sentĂ©. Les autres reproductions sont elles aussi ternies par la poussiĂšre ou dĂ©chirĂ©es par le vent ou les intempĂ©ries. Le mouvement d’appareil, l’angle de prise de vue, les Ɠuvres inscrites dans un temps double –celui des Ɠuvres de Pasolini et celui de l’Histoire de l’Art7– soulignent un processus d’entropie que redoublent les paroles de la chanson qui se poursuit. 8 L’Histoire du Roi Mage errant est bien un projet de Pasolini qu’il n’a pu rĂ©aliser ; le projet des ... 19Ce prĂ©lude au spectacle devient cinĂ©matographiquement l’équivalent des VanitĂ©s de l’ñge baroque malgrĂ© la tension humoristique que nous avons soulignĂ©e, ce qui domine cette sĂ©quence est la MĂ©lancolie. Cette dimension Ă©tait prĂ©sente dans la premiĂšre sĂ©quence, mais elle est redoublĂ©e ici, accentuĂ©e encore par les titres La Terre vue de la lune qui a eu lieu hier », L’Histoire du Roi Mage errant –qui n’a donc plus d’étoile qui le guide, plus de bonne nouvelle– qui sera donnĂ©e demain » et Les Mandolinistes8 qui sortiront prochainement », et plus particuliĂšrement par la question qui se pose aujourd’hui », suspens interrogatif du titre Qu’est-ce que les nuages ? 20Est-ce une question rhĂ©torique dĂ©sabusĂ©e portant sur ces Ă©lĂ©ments Ă©phĂ©mĂšres poussĂ©s par le vent ? Est-ce une rĂ©fĂ©rence au seul amour de l’Étranger dans le poĂšme liminaire des Petits poĂšmes en prose de Baudelaire ? Seule la fin du film nous permettra de rĂ©pondre Ă  ces questions car pour l’instant, par un montage cut, sans transition, la camĂ©ra amĂšne le spectateur dans une salle de spectacle Ă  l’italienne rĂ©duite Ă  son dispositif le plus dĂ©pouillĂ©, car sans aucune fioriture une salle, une scĂšne, un rideau, des coulisses et des cintres. Ce dispositif, le spectateur de cinĂ©ma le dĂ©couvrira progressivement au cours du spectacle de pupi inclus dans le spectacle filmique. Ce spectacle dans le spectacle n’est pas le spectacle annoncĂ© par l’affiche du prĂ©lude, qui est le titre du sketch inclus lui-mĂȘme dans Caprice Ă  l’italienne. La tension entre le titre poĂ©tique du film et celui de la forme caprice » incluant fantaisie et pour le spectateur français comique Ă  l’italienne », renvoyant Ă  une comĂ©die de mƓurs avatar fantaisiste du nĂ©o-rĂ©alisme, va s’accentuer et en mĂȘme temps se dĂ©nouer formellement dans le spectacle de pupi Ă©videmment attendu par le spectateur de cinĂ©ma depuis la premiĂšre sĂ©quence. Un rideau sombre, d’un bleu nuit d’encre, s’ouvre le spectacle commence. Othello comĂ©die des humeurs, farce tragique ? 21Deux pupi sont sur scĂšne TotĂČ au visage vert incarne l’envieux Iago, Ciccio Ingrassia, un Roderigo, long, l’air passif, prĂȘt Ă  se laisser contaminer par Iago. Les premiers rires Ă  Ă©clater sur scĂšne sont ceux de Iago dĂ©mesurĂ©s, sarcastiques, ils sont l’expulsion mĂȘme des humeurs d’un corps enflĂ© d’envie et de mĂ©chancetĂ©. Le rire de Iago est le rire nihiliste de celui qui envie, qui cherche sa revanche dans la manipulation, qui rit de ses propres stratagĂšmes. Rires de supĂ©rioritĂ©, les rires de Iago sont l’extĂ©riorisation la plus physique du dĂ©goĂ»t mĂȘlĂ© d’envie qu’il ressent face Ă  l’expression de l’amour. Sa jalousie sociale face Ă  la rĂ©ussite d’Othello, Ă  la nomination de Cassio est doublĂ©e par la rĂ©pulsion/fascination qu’exerce sur lui le couple Othello-DesdĂ©mone. L’acte physique amoureux est cochon pour Iago, surtout quand c’est un noir qui le commet avec une blanche. Le racisme et la sexualitĂ© sont parmi les ressorts premiers de la mĂ©canique du rire. Mais ici les rires de Iago sont manifestement trop nĂ©gatifs pour entraĂźner l’adhĂ©sion du public. 22Iago est bien le maĂźtre de l’intrigue qui se joue sur scĂšne mais cette intrigue est une farce, le stratagĂšme mis en place est grossier. Si Iago se sent supĂ©rieur aux autres, le spectateur de théùtre se sent supĂ©rieur Ă  Iago. Ce dernier est bien le mĂ©chant que le spectateur rejette, et les rires de Iago, ses mimiques dĂ©goĂ»tĂ©es ou satisfaites, provoquent les cris, les huĂ©es du public. Pasolini se sert de TotĂČ pour revenir au vieux fond mĂ©diĂ©val de la farce qui a nourri la nouvelle de Cinthio et la piĂšce de Shakespeare. Ce vieux fond mĂ©diĂ©val alimente aussi, parce qu’elle le recoupe, une conception du personnage mue par diffĂ©rentes humeurs. Pasolini, en jouant sur les maquillages et le jeu des marionnettes reprend Ă  son compte, mais en faisant certains Ă©carts la comĂ©die des humeurs de Ben Jonson. 23Tout le monde sait, et les spectateurs du théùtre de marionnettes les premiers, que la farce tournera au tragique. Iago est un monstre grossier, mais les autres se perdront dans ses stratagĂšmes. L’amour innocent entre DesdĂ©mone et Othello culmine dans la scĂšne des cerises. L’artifice des marionnettes et de la scĂšne fait ressortir la prĂ©sence charnelle de l’échange des cerises la sensualitĂ© innocente se lit sur les visages, les sourires. La proximitĂ© de la bouche, des dents, de la langue amĂšne alors le spectateur de cinĂ©ma Ă  participer Ă  l’allĂ©gresse des amants. La comĂ©die se fait tendre. Le vivant est prĂ©sent, derriĂšre les maquillages, l’artifice de la scĂšne. Le cinĂ©ma, par les plans rapprochĂ©s et les gros plans, saisit ainsi la possibilitĂ© d’une relation pleine des sentiments et des corps. Ce jeu d’amour amĂšne le sourire sur les visages des personnages et des spectateurs. À cette scĂšne rĂ©pondront les minauderies de Cassio et de Bianca centrĂ©es sur un petit oiseau empaillĂ©. Le comique, Ă  nouveau, repose sur l’artifice opposĂ© au vivant, sur le couple faux par rapport au couple vrai. Mais cette vĂ©ritĂ©, inconsciente, est fragile. 24Le pouvoir de Iago pourra s’exercer sur les autres parce qu’à un moment chacun des personnages se rĂ©duira Ă  une humeur, un sentiment, un affect. Cette rĂ©duction est-elle inhĂ©rente au personnage ? Le fruit de la volontĂ© du manipulateur de marionnettes ? 25DesdĂ©mone, Ă  l’acte 3 et 4, rĂ©gresse dans un infantilisme qui la rĂ©duit Ă  l’état d’objet. Avec sa poupĂ©e, chantant une comptine, ou faisant sa petite priĂšre, elle n’est plus que la caricature de l’innocence. Elle est prĂȘte Ă  recevoir les gifles, puis la violence meurtriĂšre d’Othello. Othello lui aussi a changĂ© prisonnier de sa naĂŻvetĂ©, il est incapable de saisir la mĂ©chancetĂ© de Iago, et surtout de sentir qu’il porte en lui, comme DesdĂ©mone, des Ă©lĂ©ments nĂ©gatifs dont a pu jouer Iago. Cette transformation du couple provoque Ă©videmment les rires jubilatoires de Iago, et les rĂ©actions indignĂ©es du public. La relation entre la scĂšne et la salle suit la montĂ©e de la farce jusqu’à son basculement tragique qui se jouera pourtant encore sur le mode carnavalesque. Le spectateur de cinĂ©ma peut continuer Ă  rire ou Ă  sourire Ă  la fois de la montĂ©e des affects montrĂ©e d’une maniĂšre parodique et du spectacle de la salle... pourtant Ă  la diffĂ©rence du spectateur de théùtre, il a en contrepoint une vision des coulisses. La dimension mĂ©lancolique rĂ©pond Ă  la farce tragique 9 Contemporaine du film, la piĂšce de théùtre intitulĂ©e CalderĂłn, qui joue sur un dispositif théùtral ... 26La sĂ©quence des cerises a Ă©tĂ© comme un Ă©cho affaibli, dans le cadre de la comĂ©die des sentiments, de la possibilitĂ© de la joie dans l’ĂȘtre lĂ  au monde, joie ressentie dans la sĂ©quence d’ouverture ; le montage en alternance du spectacle de la scĂšne et de celui qui se dĂ©roule en coulisse permettra une rĂ©flexion mĂ©lancolique Ă  partir des coulisses sur la comĂ©die des passions qui se joue sur la scĂšne. Othello, des coulisses, ne comprend pas ce qui se passe sur scĂšne ni l’attitude de Iago, ni sa propre attitude. StupĂ©faction, horreur, dĂ©tresse. Le dĂ©sarroi et les larmes. Othello voudrait comprendre. Iago lui livre quelques clefs. Le nihiliste envieux se transforme en tendre mĂ©lancolique Nous ne sommes que le rĂȘve d’un rĂȘve »9... Nous ne pouvons pas nous comprendre, Ă  peine toucher Ă  notre vĂ©ritĂ© par l’attention sensible portĂ©e Ă  nos affects, mais cette vĂ©ritĂ©, fugitivement ressentie, Ă©chappe Ă  tout discours. Subir alors ce que nous sommes, des marionnettes manipulĂ©es par un destin qui rĂ©git la comĂ©die du haut des cintres ? Le maĂźtre du rĂ©cit est le maĂźtre des destinĂ©es et celles-ci se confondraient avec ce qu’inconsciemment nous sommes ? Le dialogue entre Iago et Othello renvoie Ă  La vie est un songe de CalderĂłn et la piĂšce d’Othello, au théùtre dans le théùtre Ă  l’intĂ©rieur du dispositif global du spectacle de marionnettes. Othello, Iago, DesdĂ©mone, tous doivent jouer leur rĂŽle dans le spectacle qui s’est Ă©crit Ă  la fois avec eux et sans eux. Le dĂ©doublement, le jeu avec les coulisses ne peuvent qu’amener un sourire nostalgique et attristĂ© sur les lĂšvres de Iago et du spectateur de cinĂ©ma. Othello, des coulisses, pleure devant la mĂ©chancetĂ© inexplicable de Iago et la sienne propre Pourquoi je suis mĂ©chant ? Mais pourquoi ? ». Les coulisses n’ont aucune prise sur la scĂšne. La MĂ©lancolie, la tristesse, face aux passions dĂ©chaĂźnĂ©es par la structure mĂȘme du drame sont impuissantes. La farce tragique doit se dĂ©rouler implacablement... Pourtant le metteur en scĂšne de cinĂ©ma, l’auteur fait bifurquer le spectacle. 27Le spectacle des coulisses n’est pas vu par les spectateurs du spectacle de marionnettes. Ces derniers ne peuvent que participer de plus en plus bruyamment au drame des pupi. Comme dans tout spectacle populaire, ils prennent partie, tentent de dĂ©noncer le mĂ©chant Iago et ses horribles stratagĂšmes... Mais Othello ne peut entendre les avertissements, insinuations et dĂ©nonciations. Comme dans la nouvelle de Cinthio, comme dans la piĂšce de Shakespeare, entraĂźnĂ© par l’esprit malin de Iago, Othello est dupe d’une vision tronquĂ©e et se laisse submerger par les passions mauvaises, la jalousie, les pulsions de mort. Il se reconnaĂźt comme le mĂ©chant et s’étonne, lui, l’amoureux innocent, de sa mĂ©tamorphose Pourquoi ? Mais pourquoi ? ». La question ne l’arrĂȘtera pas. La rĂ©flexion prĂ©sente en coulisses, pas plus que les avertissements des spectateurs ne peuvent arrĂȘter Othello. Il se prĂ©cipite sur DesdĂ©mone, qui ne se prĂȘte plus, comme pour la premiĂšre gifle reçue, au jeu sado-masochiste soufflĂ© par le marionnettiste, ou peut-ĂȘtre ne s’y prĂȘte-t-elle que trop, pour accomplir son destin, comme Othello ou Iago doivent accomplir le leur. Tous trois tiennent un rĂŽle, sur la scĂšne ou sur le grand théùtre du monde. 10 Les spectacles traditionnels des pupi siciliens ou napolitains puisent dans le rĂ©pertoire chevaler ... 28C’est alors que les spectateurs, mis en scĂšne par Pasolini, envahissent la scĂšne, en un charivari carnavalesque, pour Ă©liminer les mĂ©chants de l’action, Othello et Iago, et sauver les gentils, Cassio et DesdĂ©mone. Cassio est portĂ© en triomphe par les hommes, DesdĂ©mone rĂ©confortĂ©e par les femmes. Dans le dĂ©sordre apparent, l’ordre du monde est restaurĂ© le blanc Cassio triomphe du noir Othello, mĂȘme si, malgrĂ© les allĂ©gations du texte dit par Iago, la marionnette de Cassio est vue par le spectateur laid et benĂȘt. Quant Ă  DesdĂ©mone, par son attitude, Ă  la fois infantile et soumise, dans la derniĂšre partie de la reprĂ©sentation, elle participe Ă  l’ordre sexiste du monde. Dans le dĂ©sordre qui rĂšgne sur la scĂšne, n’est-ce pas l’ordre petit bourgeois qui fonctionne ? La confusion apparente et son sens rĂ©el sont soulignĂ©s par le comique de l’accompagnement musical l’air jouĂ© par les mandolinistes est relayĂ© par un orchestre extra-diĂ©gĂ©tique qui interprĂšte un morceau de La Vie parisienne d’Offenbach. L’intervention des spectateurs sur la scĂšne est bouffonne mais son sens est certainement plus idĂ©ologique qu’il n’y paraĂźt. Le comique pour le spectateur de cinĂ©ma est Ă  plusieurs niveaux le rire enfantin d’une participation au spectacle des spectateurs de théùtre de pupi ; le sourire devant la naĂŻvetĂ© de spectateurs populaires qui se laissent prendre Ă  l’illusion comique. Mais cette naĂŻvetĂ© n’est pas rĂ©aliste au théùtre de pupi les spectateurs savent la rĂšgle de non-franchissement de la frontiĂšre qui est la limite entre la salle et la scĂšne ; les spectateurs s’amusent Ă  participer... et ils viennent, habituellement, voir un spectacle dont ils connaissent la trame dramatique. Que les théùtres de pupi reprĂ©sentent traditionnellement des adaptations d’épopĂ©es qui mettent aux prises chrĂ©tiens et sarrasins ou turcs par exemple et non Othello, n’enlĂšve rien Ă  l’irrĂ©alisme total d’une telle intrusion. Évidemment, les spectateurs prennent bruyamment parti pour celui qui est le hĂ©ros de la geste Ă©pique contre son opposant, et l’on comprend qu’ils participent avec autant d’empathie au drame d’Othello. Mais les spectateurs populaires italiens connaissent parfaitement la fable d’Othello, non, peut-ĂȘtre, Ă  travers la nouvelle de Cinthio ou la piĂšce de Shakespeare, mais par l’opĂ©ra, celui de Rossini ou celui de Verdi. En principe, ils sont venus voir le mĂ©chant Iago, le tragique Othello et la touchante DesdĂ©mone, jusqu’à leur fin inĂ©luctable. Pourquoi Pasolini fait-il jouer aux spectateurs ce dĂ©tournement Ă  la fois carnavalesque et liĂ© Ă  l’opĂ©ra-bouffe ? Les spectateurs refusent l’issue tragique. Évidemment, la tragĂ©die d’Othello naĂźt du basculement du personnage de l’hĂ©roĂŻsme pur dans la passion jalouse car le personnage est incapable de lire correctement les signes grossiers que lui montre Iago. ContaminĂ© par Iago, Othello incarne le mal pour les spectateurs, et cela pourrait dĂ©clencher seul la fureur de ces derniers ; mais n’y a-t-il pas dans le film, comme dans la piĂšce telle qu’elle peut ĂȘtre perçue, les prĂ©jugĂ©s raciaux et les stĂ©rĂ©otypes sexistes qui se superposent Ă  l’horreur du crime. Les spectateurs entraĂźnent dans la mort aussi bien Iago, l’instigateur, qu’Othello, son instrument le drame Ă  rĂ©sonance tragique est dĂ©voyĂ© dans une bouffonnerie oĂč triomphe un Cassio qui devrait ĂȘtre aussi laid et benĂȘt pour le spectateur des pupi que pour celui du cinĂ©ma et une DesdĂ©mone devenue bien mĂ©canique dans son comportement. Ils ne sont que des marionnettes porteuses de fausses valeurs, auxquelles les spectateurs des pupi10 semblent croire et qu’ils semblent vouloir dĂ©fendre. Le noir ne peut qu’ĂȘtre le mĂ©chant, le blanc, le bon. Cassio portĂ© en triomphe par les spectateurs mĂąles et DesdĂ©mone sauvĂ©e des mains de Iago et ranimĂ©e par les femmes, n’est-ce pas l’ordre des blancs et celui de la rĂ©partition des sexes qui s’instaure au sein du dĂ©sordre de la scĂšne, triomphe d’une idĂ©ologie que souligne la musique d’Offenbach ? C’est la musique d’Offenbach qui amĂšne le spectateur du film Ă  saisir le comique satirique. 29La tragĂ©die annoncĂ©e n’est pas lĂ  oĂč l’on croit... Le dĂ©passement d’un certain tragique par le salut de Cassio et de DesdĂ©mone et la mise Ă  mort d’Othello et de Iago n’amĂšnent pas la joie mais simplement un Ă©tourdissement comique, liĂ© au spectacle du mĂ©lange de la vie et du théùtre. Pourtant, mais d’une maniĂšre radicalement autre, cette mort est nĂ©cessaire, mais dans une dimension qui n’est plus celle du drame shakespearien. Sont mortes les deux marionnettes qui se posaient en coulisse des questions sur leur ĂȘtre propre, sur les pulsions qui pouvaient les pousser Ă  des actions qu’ils n’arrivaient pas Ă  comprendre en eux-mĂȘmes et en l’autre. Le montreur de marionnettes n’était qu’un crĂ©ateur factice qui donnait des rĂ©ponses, mais incomplĂštes, tronquĂ©es la piste freudienne n’atteint pas le secret de l’ĂȘtre. Le passage par la mort du personnage et de sa marionnette va peut-ĂȘtre amener Ă  la surface ce qui est de l’ordre du secret, sensible mais indicible. Cela se fera d’abord Ă  travers le lamento tragique des marionnettes se retrouvant dans l’entrepĂŽt comme dans la premiĂšre sĂ©quence. DesdĂ©mone et Cassio, Bianca, Brabantio et Roderigo pleurent sur la mort de leurs compagnons. Dans ce théùtre de pupi, Ă  la fin du spectacle, les morts ne se relĂšvent pas. Dans l’intrusion carnavalesque des spectateurs mettant Ă  mort des marionnettes, le spectateur de cinĂ©ma aurait pu croire Ă  une mort en effigie. Mais le double statut du spectacle qui fait des marionnettes des ĂȘtres de chair empĂȘche un retour Ă  l’ordre rassurant. La prĂ©sence de l’éboueur et sa chanson entĂ©rinent son rĂŽle du psychopompe tel que TotĂČ-Iago l’avait expliquĂ© Ă  Ninetto-Othello. Le plan qui les montre dĂ©mantibulĂ©s dans la poubelle, les renvoyant par le nom inscrit dessus au statut d’immondices et non pas de morts, contredit le ton Ă©lĂ©giaque du lamento des marionnettes et la mĂ©lancolie de la romance chantĂ©e ; et le regard Ă©teint et Ă©tonnĂ© de TotĂČ crĂ©e Ă  nouveau une distance comique, farcesque, dans le jeu entre l’artificiel et le naturel. L’élĂ©gie et la farce co-existent. 11 La lecture allĂ©gorique possible est soulignĂ©e par le dĂ©cor en forme de blason Ă©nigmatique de l’arr ... 30Cette tension sera maintenue dans la derniĂšre sĂ©quence jusqu’aux tout derniers plans, dans l’alternance des plans rapprochĂ©s de l’éboueur dans sa cabine et des plans qui montrent en plongĂ©e, Ă  l’arriĂšre du camion, les deux marionnettes secouĂ©es par les vibrations du moteur et de la route. L’éboueur chante toujours sa romance mĂ©lancolique alors qu’ironiquement la VĂ©nus au miroir accrochĂ©e dans sa cabine reste Ă©ternellement –d’une Ă©ternitĂ© de papier glacĂ© en train de se dĂ©colorer– indiffĂ©rente Ă  tout, sauf Ă  elle-mĂȘme. TotĂČ et Ninetto jouent dans le registre comique leur rĂŽle de pantins impuissants. Pasolini, leur redonnant le statut d’objet que le lamento tragique des camarades leur avait enlevĂ©, introduit ainsi des gags en contraste avec la mĂ©lancolie... En mĂȘme temps, la vivacitĂ© des regards transcende la frontiĂšre objet/sujet ou mort/vie. Ce mĂ©lange dĂ©tonnant doit autant Ă  Shakespeare qu’au burlesque des premiers temps du cinĂ©ma mais s’inscrit dans la modernitĂ© comme une de ses grandes allĂ©gories. Quand le camion s’arrĂȘte au bord de la dĂ©charge, pris en contre-plongĂ©e du fond des immondices pour le dĂ©tacher sur un ciel blafard, le rire farcesque s’arrĂȘte. Les deux corps sont jetĂ©s aux ordures comme dans un charnier. MĂȘme s’il est fait de fleurs dĂ©composĂ©es, de dĂ©bris, d’objets en plastique au rebus, l’image est forte, devenant une allĂ©gorie11 de la violence et de l’horreur modernes. Le comique pasolinien semble buter contre l’horreur, le non-sens. L’humour noir serait-il le dernier recours contre l’absence apparente de sens ? Pasolini rejoindrait-il Beckett ? 31Il faudra deux cadrages inversĂ©s pour que l’ouverture puisse se faire la plongĂ©e sur TotĂČ et Ninetto encore secouĂ©s par leur chute rĂ©vĂšle sur leur visage la prĂ©sence du soleil, le frĂ©missement de la vie, l’esquisse d’un sourire, d’une dilatation du souffle puis d’un rire, d’un sourire Ă©panoui la contre-plongĂ©e dĂ©ploie le ciel et ses merveilleux nuages. Les regards et la joie de TotĂČ et Ninetto communiquĂ©es aux spectateurs, Pasolini peut quitter ses personnages et laisser le spectateur, seul mais reliĂ©, Ă  la contemplation de la merveille de la crĂ©ation, de la merveille qu’est la crĂ©ation. 32Le rire pasolinien s’enracine dans les traditions populaires italiennes, et renoue ainsi avec une tradition qui a Ă©tĂ© celle du théùtre baroque, de Shakespeare Ă  CalderĂłn sans pourtant perdre son ancrage dans la modernitĂ© baudelairienne et post-baudelairienne du parcours du cinĂ©aste du rire comme expulsion des humeurs du corps au rire Ă©merveillĂ© de la poĂ©sie du rĂ©el. 33Le ciel vu de la terre. La rencontre pasolinienne de TotĂČ et Ninetto doit se clore ici. D’autres chemins sont Ă  parcourir pour Pasolini, mais il ne peut aller plus loin dans le cycle. Une trilogie se termine par la rĂ©ponse Ă  la question posĂ©e par le titre du film. On peut ne pas connaĂźtre le sens d’un mot, la merveille d’une perception appellera le sourire et le rire Ă©merveillĂ©s. On peut connaĂźtre le nom de la chose. À qu’est-ce que les nuages ? », quelle chose est-ce ? » la rĂ©ponse est uniquement dans ce sourire et ce rire, qui dit la merveille de la crĂ©ation... La parole de TotĂČ est redondance par rapport Ă  la rĂ©action des deux marionnettes ; mais l’homme a besoin de mettre un nom sur les choses du rĂ©el, de commenter sa propre perception ; ici la parole est vraie car elle est enracinĂ©e dans le corps, elle est ce qui accompagne la joie du corps pour exalter l’expĂ©rience de la merveille merveille créée par un dieu ou la nature naturante, peu importe, merveille que peut crĂ©er l’acte crĂ©ateur d’un homme, merveille qui peut naĂźtre Ă  partir des dĂ©combres, des dĂ©tritus, de la pourriture et de la mort les nuages Ă©phĂ©mĂšres et Ă©ternels comme la vie des hommes, ou celle des marionnettes, comme les Ɠuvres de Shakespeare ou de CalderĂłn, comme la musique de chambre qui s’élĂšve sur la vision, comme la trace, fixĂ©e dans la durĂ©e par la pellicule filmique, de nuages qui passent. Ces nuages sont vus par la camĂ©ra semi-subjective libre hantĂ©e par le regard des deux pupis devenus eux-mĂȘmes et non plus les personnages d’Othello et de Iago, dont ils portent tout de mĂȘme encore le souvenir. Mais ce n’est pas en tant que personnages, mais en tant qu’individus souffrant, doutant, vivant, mourant, dont le regard vient hanter Ă  son tour celui du spectateur. La prĂ©sence de la musique de chambre encore parodique ? porte le comble Ă  l’esthĂ©tisation du rĂ©el et double l’évĂ©nement visuel par l’évĂ©nement sonore. Nous ne sommes plus au XVIIIe siĂšcle ou au dĂ©but du XIXe siĂšcle, pas plus qu’au siĂšcle de VĂ©lasquez, oĂč l’art semblait participer Ă  la fois de la jouissance esthĂ©tique et de l’élĂ©vation spirituelle, mĂȘme si il Ă©tait dĂ©jĂ  minĂ© de l’intĂ©rieur par le ver rongeur de l’esprit qui doute et qui nie, par les concessions faites au Monde comme théùtre des passions, aussi bien politiques que personnelles. Pasolini, Ă  la fin du film, fait participer le spectateur Ă  une expĂ©rience qui est celle d’un retour amont, vers ce qui s’origine dans la simple prĂ©sence du monde, mĂȘme si c’est du fond de la misĂšre, des dĂ©chets. L’élĂ©vation dans le retournement du regard, du bas vers le haut, un regard qui n’est pas arrĂȘtĂ© par les cintres factices du dispositif théùtral, mais qui peut percevoir les espaces Ă©thĂ©rĂ©s qui ne prennent toute leur profondeur et leur mouvement que grĂące aux nuages, lĂ -bas, les merveilleux nuages. L’élĂ©vation est portĂ© par le regard Ă©merveillĂ©, par ce rire et ce sourire de TotĂČ et Ninetto qui rient et sourient de tout leur corps. 12 Quand dans La nouvelle jeunesse 1974, il revient sur les transformations radicales du monde dans ... 34Tragique traversĂ©, romance et sens de l’éphĂ©mĂšre emportĂ©s comme les ouvres de VĂ©lasquez devenues affiches ou posters dĂ©fraichis –affiches du dĂ©but du film ou VĂ©nus au miroir, pin-up accrochĂ©e dans la cabine du camion de l’éboueur, le comique lui-mĂȘme, dans ce qu’il peut avoir de cruel ou d’imbĂ©cile, est transcendĂ© d’abord par l’émotion de la mise Ă  la dĂ©charge, figure des charniers du XXe siĂšcle, mais aussi image de toutes les vanitĂ©s... Si Pasolini s’inscrit dans la lignĂ©e de l’EcclĂ©siaste12, il mettra l’accent moins sur les imprĂ©cations que sur la possibilitĂ© de la joie malgrĂ© l’absence de rĂ©tribution par la renaissance des pupi, vĂ©ritable naissance au rĂ©el et Ă  sa poĂ©sie, avec comme mĂ©diateurs L’étranger de Baudelaire et la musique de chambre, Pasolini nous mĂšne jusqu’au sourire et au rire innocent, celui qui tourne le dos au pseudo savoir pour nous faire participer Ă  la saveur du monde. Sourire et rire du rĂ©el peuvent jaillir. EuropĂ©ens encore ? Certainement car ils sont le fruit d’un dĂ©lestage qui n’a pu se faire qu’à partir d’un lieu, l’Italie et son ancrage europĂ©en, et d’un individu qui participe pleinement de la culture europĂ©enne. Universels sans doute puisque personnalisĂ©s et incarnĂ©s. 13 La meilleure jeunesse 1941-1953, recueil repris dans La nouvelle jeunesse, op. cit., p. 1. 35Cette poĂ©sie de la rĂ©alitĂ©, au-delĂ  de la souffrance ou du plaisir, est expression de la joie. Cette joie a trouvĂ© son expression dans les poĂšmes de l’aube des troubadours. Le joy » d’amour des troubadours est le sentiment et l’expression conjoints de ce que tente de dire, avec le langage de la rĂ©alitĂ© qu’est le cinĂ©ma, Pasolini. En tout cas, c’est par cette clef pour nommer sa quĂȘte Ă  la fois existentielle et crĂ©atrice que Pasolini conclut les longs entretiens qu’il a eus avec Fieschi pour Pasolini l’enragĂ©. Cette joie est peut-ĂȘtre celle qui naĂźt malgrĂ© l’exil, dans l’espace ou le temps, dans cette vie mĂȘme habitĂ©e par la mort ; cette joie, chantĂ©e par le troubadour Peire Vidal et mise en exergue par Pasolini Ă  son premier recueil en langue frioulane13 14 J’aspire avec mon haleine /L’air qui me vient de Provence./ J’aime tout ce qui vient d’elle. » e ... Ab l’alen tir vas me l’aireQu’en sens venir de Proensa Toi quant es de lai m’ no pot lo jorn maltraireQu’aja de leis sovinensa,Qu’en leis nais jois e comensa14. 15 Si Pasolini continuera Ă  se battre pour qu’advienne cela, son regard sur l’évolution du monde se f ... 16 RĂ©fĂ©rence au PriĂšre d’insĂ©rer » citĂ© Ă  la note 13 en reprenant les poĂšmes de La meilleure jeun ... 36L’Ɠuvre de Pasolini, et particuliĂšrement Che cosa sone le nuvole ?, nous invite Ă  une traversĂ©e du tragique par le rire, et Ă  une traversĂ©e des formes de comique ou de rire et de sourire. Par sa vigueur poĂ©tique, elle montre que les passions et la douleur –et mĂȘme la mort– peuvent ĂȘtre, elles aussi, traversĂ©es... Pasolini aurait-il trouvĂ© dans ce film bref, intĂ©grĂ© Ă  une production d’époque, le secret de l’Ɠuvre comique dont il rĂȘvait ? Dans Che cosa sone le nuvole ? le cinĂ©aste peut affirmer encore que, du fond des immondices, et immondices parmi les immondices, des ĂȘtres peuvent aspirer avec leur haleine, l’air qui souffle des nuages, du ciel, et insuffle la Joie. Nouvelle naissance. PoĂ©sie de la prĂ©sence15. RĂ©alitĂ© ou illusion de la rĂ©alitĂ© ? L’éternel retour semble encore possible, avant que ne soit brisĂ© l’Ɠuf orphique16.
\n\n le roi du rire est dans la lune
Le23/08/2022 Ă  17h15 : La station du Mont #Aigoual dans le Gard a enregistrĂ© 20 jours de #chaleur cet Ă©tĂ©, battant largement l'ancien record de 14 jours durant l'Ă©tĂ© 2003. Cette station est active depuis 1896. via @MeteoFrance_SE Titre La lune et le Roi-Soleil Auteur Vonda N. McIntyre Éditeur J’ai lu / Le livre de poche Date de publication 1999 / 2016 Synopsis En 1693, le pĂšre jĂ©suite Yves de La Croix, explorateur au service du roi Louis XIV, ramĂšne Ă  Versailles un couple de mammifĂšres marins capturĂ©s dans les mers du Nouveau Monde. L’un d’eux succombe, tandis que l’autre, la femelle, survit et provoque l’ébahissement gĂ©nĂ©ral. Marie-JosĂšphe, la jeune sƓur du religieux, qui se voue Ă  l’étude des sciences naturelles loin des intrigues de la cour, devient l’intermĂ©diaire entre les humains et la crĂ©ature aussi laide que son chant est beau. ProtĂ©gĂ© par le roi vieillissant qui espĂšre dĂ©couvrir le secret de l’immortalitĂ©, Yves cherche Ă  percer les mystĂšres de la voix divine de l’étrange sirĂšne. Mais revendiquer l’intelligence de cette crĂ©ature est un grave dĂ©fi aux conventions aristocratiques et Ă  l’obscurantisme chrĂ©tien. Conte tragique oĂč vĂ©ritĂ© historique et imaginaire se mĂȘlent et se cĂŽtoient, La Lune et le Roi-Soleil est aussi un plaidoyer pour la tolĂ©rance et la libertĂ©. -Ma sƓur, je ne dĂ©sire pas votre aide aujourd’hui. -Quoi ? s’écria t-elle. Pourquoi ? -Je dois dissĂ©quer les parties qui sont impropres aux regards du public. Je demanderai aux dames de ne pas y assister. Marie-JosĂšphe Ă©clata de rire. -Les statues de Versailles sont pratiquement toutes dĂ©nudĂ©es ! Si la nuditĂ© humaine n’est pas un mystĂšre, pourquoi faut-il s’inquiĂ©ter de celle d’une crĂ©ature ? J’ai dĂ©jĂ  dessinĂ© pour vous le sexe des animaux, plus d’une centaine de fois
 -Quand nous Ă©tions enfants. Quand je ne savais pas que je devais vous l’interdire. Fin du XVIIe siĂšcle. Un jĂ©suite au service de Louis XIV rapporte Ă  Versailles deux spĂ©cimens de monstres marins, capturĂ©s au large du Nouveau Monde. Le mĂąle n’a pas survĂ©cu au voyage mais qu’à cela ne tienne, son cadavre sera dissĂ©quĂ© au profit de la science devant l’ensemble de la cour. La femelle est en revanche bien vivante et se retrouve exposĂ©e aux yeux des curieux dans l’un des nombreux bassins que comptent les jardins royaux. Si sa laideur rebute la plupart des visiteurs, la beautĂ© de son chant ne laisse en tout cas pas indiffĂ©rente la sƓur du jĂ©suite responsable de sa capture, Marie-JosĂšphe, qui va se prendre d’affection pour la crĂ©ature. Celle-ci ne tarde d’ailleurs pas Ă  soulever de vifs dĂ©bats dans l’entourage du roi s’agit-il vĂ©ritablement d’un monstre ? A t-elle une conscience ? Des sentiments ? Et si oui, est-il bien moral de la priver de libertĂ© ? Écrit il y a tout juste vingt ans, le roman de Vonda N. McIntyre a fait il y a peu l’objet d’une nouvelle parution qui n’a pas tardĂ© Ă  Ă©veiller mon intĂ©rĂȘt. A raison, puisque l’ouvrage repose effectivement sur une intrigue solide et fort plaisante que l’on suit sans ennui pendant prĂšs de sept cent pages. La quasi totalitĂ© de l’action se situe Ă  Versailles dont la reconstitution est tout Ă  fait convaincante et dont l’auteur donne avec succĂšs une image trĂšs ambivalente, le faste et la beautĂ© des salles de jeu ou des jardins Ă©tant nettement contrebalancĂ©s par la vĂ©tustĂ© et l’exiguĂŻtĂ© dans laquelle devaient alors se rĂ©soudre Ă  vivre une partie de la noblesse. Les personnages sont quant Ă  eux plutĂŽt atypiques, de la jeune demoiselle de compagnie avant tout passionnĂ©e de musique et de sciences au proche conseiller du roi bien Ă©loignĂ© des standards de beautĂ© de cette Ă©poque comme de la notre, en passant bien Ă©videmment par ce monstre marin » dont on dĂ©couvre peu Ă  peu la vĂ©ritable nature. Le roman ne manque donc pas de qualitĂ©s, mais comporte aussi un certain nombre de dĂ©fauts qui ne passent malheureusement pas inaperçus. Le plus gĂȘnant d’entre eux reste incontestablement le style de l’auteur qui devrait en refroidir plus d’un. Sans aller jusqu’à la qualifier d’indigeste, la plume de Vonda N. McIntyre manque en tout cas de fluiditĂ© et se montre tour Ă  tour trop concise ou trop volubile. Il y a par exemple cette manie de dĂ©crire par le dĂ©tail les moindres mouvement des personnages par une succession de phrases lapidaires composĂ©es uniquement d’un sujet et d’un verbe Il frappe. Il entre. Il s’assoie »  et j’en passe. A l’inverse, l’auteur n’a pas assez de mots pour nous dĂ©peindre par le menu les usages de la cour ce qui, lĂ  encore, devient quelque peu lassant qui fait la rĂ©vĂ©rence Ă  qui, qui porte quoi, qui a la prĂ©sĂ©ance sur qui
. On apprend d’ailleurs dans la postface que le roman avait Ă  la base Ă©tĂ© Ă©cris sous la forme d’un scĂ©nario, ce qui explique sans doute une partie des problĂšmes citĂ©s plus haut. Le second gros bĂ©mol que je mentionnerais concerne la personnalitĂ© de l’hĂ©roĂŻne qui comportait pourtant de nombreux Ă©lĂ©ments susceptibles de me plaire Marie-JosĂšphe se passionne pour la science, compose de la musique, se refuse Ă  garder une esclave Ă  son service, et surtout fait preuve d’une vĂ©ritable aversion pour le couvent. Bref, on aurait pu avoir affaire Ă  une jeune fille intĂ©ressante et bien dĂ©cidĂ©e Ă  ne pas se laisser emprisonner par les carcans imposĂ©s par son Ă©poque. Sauf que c’est tout le contraire, en tout cas dans la premiĂšre moitiĂ© du roman pendant laquelle l’hĂ©roĂŻne adopte un comportement insupportable dĂšs l’instant qu’elle se retrouve confrontĂ©e Ă  un personnage masculin. Les minauderies passent encore, mais le fait qu’elle se rabaisse sans arrĂȘt dĂšs qu’un homme lui adresse la parole, lĂ  s’en est trop. Ne soyez pas impudente », la tance Ă  plusieurs reprises le comte Lucien alors qu’elle ne fait qu’emmĂštre une hypothĂšse pleine de bon sens concernant les causes de l’agitation du monstre auprĂšs du roi. La rĂ©action de la jeune fille face Ă  cette remontrance injustifiĂ©e et dĂ©sagrĂ©able ? Elle rougit et se fustige Il avait raison de la traiter ainsi. ». MĂȘme chose avec son frĂšre qui lui explique qu’aprĂšs avoir joui d’une relative libertĂ© Ă  la cour, elle doit dĂ©sormais se contenter de jouer Ă  la bobonne avec lui, ce qui n’a pas l’air de la gĂȘner plus que cela Ce que disait Yves Ă©tait vrai. Elle Ă©tait Ă©goĂŻste et stupide de souhaiter davantage. ». Compte tenu de l’époque Ă  laquelle se dĂ©roule l’action, il Ă©tait Ă©vident que la jeune femme n’allait pas pouvoir faire preuve d’une libertĂ© d’esprit et d’une volontĂ© d’émancipation trop voyante, mais de lĂ  Ă  la dĂ©peindre satisfaite de se faire brider et soumettre en permanence, il ne faut tout de mĂȘme pas exagĂ©rer ! Les circonstances l’obligent heureusement Ă  lĂ©gĂšrement se rebiffer dans la deuxiĂšme moitiĂ© du roman notamment Ă  l’encontre de son frĂšre qui est tout bonnement insupportable, mais c’est aussi le moment que l’auteur choisit pour davantage mettre en lumiĂšre sa romance avec un autre noble de la cour. Le rĂ©cit tombe alors Ă  plusieurs reprises dans le miĂšvre avec des scĂšnes parfois peu flatteuses pour la jeune femme qui se contente trop souvent de regarder avec des yeux Ă©namourĂ©s son soupirant faire presque tout le travail. Tout cela est d’autant plus dommage que, comme je le disais, les personnages comme l’intrigue possĂ©daient un beau potentiel qui est malheureusement loin d’ĂȘtre exploitĂ© Ă  sa juste mesure. Lecture en demi-teinte pour ce roman de Vonda N. McIntyre qui, en dĂ©pit d’une intrigue intĂ©ressante et d’un travail de reconstitution admirable, se retrouve entachĂ© par quelques dĂ©fauts dont il est hĂ©las difficile de faire abstraction. Je tiens Ă  remercier Gaelle du blog Pause Earl Grey pour l’envoi de ce roman que j’ai, en dĂ©pit des points nĂ©gatifs que j’ai pu mentionner, pris plaisir Ă  dĂ©couvrir je vous encourage d’ailleurs vivement Ă  lire sa critique qui vous donnera sans doute davantage envie de lire le roman. Autres critiques Gaelle Pause Earl Grey AssociĂ©eplus tardivement Ă  la Lune, elle est la fille de Zeus, le roi des dieux et de la titanide LĂ©to ainsi que la sƓur jumelle d'Apollon [5]. Elle est l'une des trois dĂ©esses vierges avec Hestia et AthĂ©na. AthĂ©na (ገΞηΜ៶ / AthēnĂą ; correspondant Ă  Minerve latine) : dĂ©esse de l'intelligence, de l'habiletĂ©, de la stratĂ©gie guerriĂšre, de l'artisanat, de la sagesse et IJe ne veux pas Ă©crire un traitĂ© de la caricature ; je veux simplement faire part au lecteur de quelques rĂ©flexions qui me sont venues souvent au sujet de ce genre singulier. Ces rĂ©flexions Ă©taient devenues pour moi une espĂšce d'obsession ; j'ai voulu me soulager. J'ai fait, du reste, tous mes efforts pour y mettre un certain ordre et en rendre ainsi la digestion plus facile. Ceci est donc purement un article de philosophe et d'artiste. Sans doute une histoire gĂ©nĂ©rale de la caricature dans ses rapports avec tous les faits politiques et religieux, graves ou frivoles, relatifs Ă  l'esprit national ou Ă  la mode, qui ont agitĂ© l'humanitĂ©, est une Ɠuvre glorieuse et importante. Le travail est encore Ă  faire, car les essais publiĂ©s jusqu'Ă  prĂ©sent ne sont guĂšre que matĂ©riaux ; mais j'ai pensĂ© qu'il fallait diviser le travail. Il est clair qu'un ouvrage sur la caricature, ainsi compris, est une histoire de faits, une immense galerie anecdotique. Dans la caricature, bien plus que dans les autres branches de l'art, il existe deux sortes d'Ɠuvres prĂ©cieuses et recommandables Ă  des titres diffĂ©rents et presque contraires. Celles-ci ne valent que par le fait qu'elles reprĂ©sentent. Elles ont droit sans doute Ă  l'attention de l'historien, de l'archĂ©ologue et mĂȘme du philosophe ; elles doivent prendre leur rang dans les archives nationales, dans les registres biographiques de la pensĂ©e humaine. Comme les feuilles volantes du journalisme, elles disparaissent emportĂ©es par le souffle incessant qui en amĂšne de nouvelles ; mais les autres, et ce sont celles dont je veux spĂ©cialement m'occuper, contiennent un Ă©lĂ©ment mystĂ©rieux, durable, Ă©ternel, qui les recommande Ă  l'attention des artistes. Chose curieuse et vraiment digne d'attention que l'introduction de cet Ă©lĂ©ment insaisissable du beau jusque dans les Ɠuvres destinĂ©es Ă  reprĂ©senter Ă  l'homme sa propre laideur morale et physique ! Et, chose non moins mystĂ©rieuse, ce spectacle lamentable excite en lui une hilaritĂ© immortelle et incorrigible. VoilĂ  donc le vĂ©ritable sujet de cet scrupule me prend. Faut-il rĂ©pondre par une dĂ©monstration en rĂšgle Ă  une espĂšce de question prĂ©alable que voudraient sans doute malicieusement soulever certains professeurs jurĂ©s de sĂ©rieux, charlatans de la gravitĂ©, cadavres pĂ©dantesques sortis des froids hypogĂ©es de l'Institut, et revenus sur la terre des vivants, comme certains fantĂŽmes avares, pour arracher quelques sous Ă  de complaisants ministĂšres ? D'abord, diraient-ils, la caricature est-elle un genre ? Non, rĂ©pondraient leurs compĂšres, la caricature n'est pas un genre. J'ai entendu rĂ©sonner Ă  mes oreilles de pareilles hĂ©rĂ©sies dans des dĂźners d'acadĂ©miciens. Ces braves gens laissaient passer Ă  cĂŽtĂ© d'eux la comĂ©die de Robert Macaire sans y apercevoir de grands symptĂŽmes moraux et littĂ©raires. Contemporains de Rabelais, ils l'eussent traitĂ© de vil et de grossier bouffon. En vĂ©ritĂ©, faut-il donc dĂ©montrer que rien de ce qui sort de l'homme n'est frivole aux yeux du philosophe ? À coup sĂ»r ce sera, moins que tout autre, cet Ă©lĂ©ment profond et mystĂ©rieux qu'aucune philosophie n'a jusqu'ici analysĂ© Ă  allons donc nous occuper de l'essence du rire et des Ă©lĂ©ments constitutifs de la caricature. Plus tard, nous examinerons peut-ĂȘtre quelques-unes des Ɠuvres les plus remarquables produites en ce Sage ne rit qu'en tremblant. De quelles lĂšvres pleines d'autoritĂ©, de quelle plume parfaitement orthodoxe est tombĂ©e cette Ă©trange et saisissante maxime ? Nous vient-elle du roi philosophe de la JudĂ©e ? Faut-il l'attribuer Ă  Joseph de Maistre, ce soldat animĂ© de l'Esprit-Saint ? J'ai un vague souvenir de l'avoir lue dans un de ses livres, mais donnĂ©e comme citation, sans doute. Cette sĂ©vĂ©ritĂ© de pensĂ©e et de style va bien Ă  la saintetĂ© majestueuse de Bossuet ; mais la tournure elliptique de la pensĂ©e et la finesse quintessenciĂ©e me porteraient plutĂŽt Ă  en attribuer l'honneur Ă  Bourdaloue, l'impitoyable psychologue chrĂ©tien. Cette singuliĂšre maxime me revient sans cesse Ă  l'esprit depuis que j'ai conçu le projet de cet article, et j'ai voulu m'en dĂ©barrasser tout d' en effet, cette curieuse proposition Le Sage, c'est-Ă -dire celui qui est animĂ© de l'esprit du Seigneur, celui qui possĂšde la pratique du formulaire divin, ne rit, ne s'abandonne au rire qu'en tremblant. Le Sage tremble d'avoir ri ; le Sage craint le rire, comme il craint les spectacles mondains, la concupiscence. Il s'arrĂȘte au bord du rire comme au bord de la tentation. Il y a donc, suivant le Sage, une certaine contradiction secrĂšte entre son caractĂšre de sage et le caractĂšre primordial du rire. En effet, pour n'effleurer qu'en passant des souvenirs plus que solennels, je ferai remarquer, — ce qui corrobore parfaitement le caractĂšre officiellement chrĂ©tien de cette maxime, — que le Sage par excellence, le Verbe IncarnĂ©, n'a jamais ri. Aux yeux de Celui qui sait tout et qui peut tout, le comique n'est pas. Et pourtant le Verbe IncarnĂ© a connu la colĂšre, il a mĂȘme connu les notons bien ceci en premier lieu, voici un auteur, — un chrĂ©tien, sans doute, — qui considĂšre comme certain que le Sage y regarde de bien prĂšs avant de se permettre de rire, comme s'il devait lui en rester je ne sais quel malaise et quelle inquiĂ©tude, et, en second lieu, le comique disparaĂźt au point de vue de la science et de la puissance absolues. Or, en inversant les deux propositions, il en rĂ©sulterait que le rire est gĂ©nĂ©ralement l'apanage des fous, et qu'il implique toujours plus ou moins d'ignorance et de faiblesse. Je ne veux point m'embarquer aventureusement sur une mer thĂ©ologique, pour laquelle je ne serais sans doute pas muni de boussole ni de voiles suffisantes ; je me contente d'indiquer au lecteur et de lui montrer du doigt ces singuliers est certain, si l'on veut se mettre au point de vue de l'esprit orthodoxe, que le rire humain est intimement liĂ© Ă  l'accident d'une chute ancienne, d'une dĂ©gradation physique et morale. Le rire et la douleur s'expriment par les organes oĂč rĂ©sident le commandement et la science du bien ou du mal les yeux et la bouche. Dans le paradis terrestre qu'on le suppose passĂ© ou Ă  venir, souvenir ou prophĂ©tie, comme les thĂ©ologiens ou comme les socialistes, dans le paradis terrestre, c'est-Ă -dire dans le milieu oĂč il semblait Ă  l'homme que toutes les choses créées Ă©taient bonnes, la joie n'Ă©tait pas dans le rire. Aucune peine ne l'affligeant, son visage Ă©tait simple et uni, et le rire qui agite maintenant les nations ne dĂ©formait point les traits de sa face. Le rire et les larmes ne peuvent pas se faire voir dans le paradis de dĂ©lices. Ils sont Ă©galement les enfants de la peine, et ils sont venus parce que le corps de l'homme Ă©nervĂ© manquait de force pour les contraindre. Au point de vue de mon philosophe chrĂ©tien, le rire de ses lĂšvres est signe d'une aussi grande misĂšre que les larmes de ses yeux. L'Être qui voulut multiplier son image n'a point mis dans la bouche de l'homme les dents du lion, mais l'homme mord avec le rire ; ni dans ses yeux toute la ruse fascinatrice du serpent, mais il sĂ©duit avec les larmes. Et remarquez que c'est aussi avec les larmes que l'homme lave les peines de l'homme, que c'est avec le rire qu'il adoucit quelquefois son cƓur et l'attire ; car les phĂ©nomĂšnes engendrĂ©s par la chute deviendront les moyens du me permette une supposition poĂ©tique qui me servira Ă  vĂ©rifier la justesse de ces assertions, que beaucoup de personnes trouveront sans doute entachĂ©es de l'Ă  priori du mysticisme. Essayons, puisque le comique est un Ă©lĂ©ment damnable et d'origine diabolique, de mettre en face une Ăąme absolument primitive et sortant, pour ainsi dire, des mains de la nature. Prenons pour exemple la grande et typique figure de Virginie, qui symbolise parfaitement la puretĂ© et la naĂŻvetĂ© absolues. Virginie arrive Ă  Paris encore toute trempĂ©e des brumes de la mer et dorĂ©e par le soleil des tropiques, les yeux pleins des grandes images primitives des vagues, des montagnes et des forĂȘts. Elle tombe ici en pleine civilisation turbulente, dĂ©bordante et mĂ©phitique, elle, tout imprĂ©gnĂ©e des pures et riches senteurs de l'Inde ; elle se rattache Ă  l'humanitĂ© par la famille et par l'amour, par sa mĂšre et par son amant, son Paul, angĂ©lique comme elle, et dont le sexe ne se distingue pour ainsi dire pas du sien dans les ardeurs inassouvies d'un amour qui s'ignore. Dieu, elle l'a connu dans l'Ă©glise des Pamplemousses, une petite Ă©glise toute modeste et toute chĂ©tive, et dans l'immensitĂ© de l'indescriptible azur tropical, et dans la musique immortelle des forĂȘts et des torrents. Certes, Virginie est une grande intelligence ; mais peu d'images et peu de souvenirs lui suffisent, comme au Sage peu de livres. Or, un jour, Virginie rencontre par hasard, innocemment, au Palais-Royal, aux carreaux d'un vitrier, sur une table, dans un lieu public, une caricature ! une caricature bien appĂ©tissante pour nous, grosse de fiel et de rancune, comme sait les faire une civilisation perspicace et ennuyĂ©e. Supposons quelque bonne farce de boxeurs, quelque Ă©normitĂ© britannique, pleine de sang caillĂ© et assaisonnĂ©e de quelques monstrueux goddam ; ou, si cela sourit davantage Ă  votre imagination curieuse, supposons devant l'Ɠil de notre virginale Virginie quelque charmante et agaçante impuretĂ©, un Gavarni de ce temps-lĂ , et des meilleurs, quelque satire insultante contre des folies royales, quelque diatribe plastique contre le Parc-aux-Cerfs, ou les prĂ©cĂ©dents fangeux d'une grande favorite, ou les escapades nocturnes de la proverbiale Autrichienne. La caricature est double le dessin et l'idĂ©e le dessin violent, l'idĂ©e mordante et voilĂ©e ; complication d'Ă©lĂ©ments pĂ©nibles pour un esprit naĂŻf, accoutumĂ© Ă  comprendre d'intuition des choses simples comme lui. Virginie a vu ; maintenant elle regarde. Pourquoi ? Elle regarde l'inconnu. Du reste, elle ne comprend guĂšre ni ce que cela veut dire ni Ă  quoi cela sert. Et pourtant, voyez-vous ce reploiement d'ailes subit, ce frĂ©missement d'une Ăąme qui se voile et veut se retirer ? L'ange a senti que le scandale Ă©tait lĂ . Et, en vĂ©ritĂ©, je vous le dis, qu'elle ait compris ou qu'elle n'ait pas compris, il lui restera de cette impression je ne sais quel malaise, quelque chose qui ressemble Ă  la peur. Sans doute, que Virginie reste Ă  Paris et que la science lui vienne, le rire lui viendra ; nous verrons pourquoi. Mais, pour le moment, nous, analyste et critique, qui n'oserions certes pas affirmer que notre intelligence est supĂ©rieure Ă  celle de Virginie, constatons la crainte et la souffrance de l'ange immaculĂ© devant la qui suffirait pour dĂ©montrer que le comique est un des plus clairs signes sataniques de l'homme et un des nombreux pepins contenus dans la pomme symbolique, est l'accord unanime des physiologistes du rire sur la raison premiĂšre de ce monstrueux phĂ©nomĂšne. Du reste, leur dĂ©couverte n'est pas trĂšs-profonde et ne va guĂšre loin. Le rire, disent-ils, vient de la supĂ©rioritĂ©. Je ne serais pas Ă©tonnĂ© que devant cette dĂ©couverte le physiologiste se fĂ»t mis Ă  rire en pensant Ă  sa propre supĂ©rioritĂ©. Aussi, il fallait dire Le rire vient de l'idĂ©e de sa propre supĂ©rioritĂ©. IdĂ©e satanique s'il en fut jamais ! Orgueil et aberration ! Or, il est notoire que tous les fous des hĂŽpitaux ont l'idĂ©e de leur propre supĂ©rioritĂ© dĂ©veloppĂ©e outre mesure. Je ne connais guĂšre de fous d'humilitĂ©. Remarquez que le rire est une des expressions les plus frĂ©quentes et les plus nombreuses de la folie. Et voyez comme tout s'accorde quand Virginie, dĂ©chue, aura baissĂ© d'un degrĂ© en puretĂ©, elle commencera Ă  avoir l'idĂ©e de sa propre supĂ©rioritĂ©, elle sera plus savante au point de vue du monde, et elle dit qu'il y avait symptĂŽme de faiblesse dans le rire ; et, en effet, quel signe plus marquant de dĂ©bilitĂ© qu'une convulsion nerveuse, un spasme involontaire comparable Ă  l'Ă©ternuement, et causĂ© par la vue du malheur d'autrui ? Ce malheur est presque toujours une faiblesse d'esprit. Est-il un phĂ©nomĂšne plus dĂ©plorable que la faiblesse se rĂ©jouissant de la faiblesse ? Mais il y a pis. Ce malheur est quelquefois d'une espĂšce trĂšs-infĂ©rieure, une infirmitĂ© dans l'ordre physique. Pour prendre un des exemples les plus vulgaires de la vie, qu'y a-t-il de si rĂ©jouissant dans le spectacle d'un homme qui tombe sur la glace ou sur le pavĂ©, qui trĂ©buche au bout d'un trottoir, pour que la face de son frĂšre en JĂ©sus-Christ se contracte d'une façon dĂ©sordonnĂ©e, pour que les muscles de son visage se mettent Ă  jouer subitement comme une horloge Ă  midi ou un joujou Ă  ressorts ? Ce pauvre diable s'est au moins dĂ©figurĂ©, peut-ĂȘtre s'est-il fracturĂ© un membre essentiel. Cependant, le rire est parti, irrĂ©sistible et subit. Il est certain que si l'on veut creuser cette situation, on trouvera au fond de la pensĂ©e du rieur un certain orgueil inconscient. C'est lĂ  le point de dĂ©part moi, je ne tombe pas ; moi, je marche droit ; moi, mon pied est ferme et assurĂ©. Ce n'est pas moi qui commettrais la sottise de ne pas voir un trottoir interrompu ou un pavĂ© qui barre le romantique, ou, pour mieux dire, une des subdivisions de l'Ă©cole romantique, l'Ă©cole satanique, a bien compris cette loi primordiale du rire ; ou du moins, si tous ne l'ont pas comprise, tous, mĂȘme dans leurs plus grossiĂšres extravagances et exagĂ©rations, l'ont sentie et appliquĂ©e juste. Tous les mĂ©crĂ©ants de mĂ©lodrame, maudits, damnĂ©s, fatalement marquĂ©s d'un rictus qui court jusqu'aux oreilles, sont dans l'orthodoxie pure du rire. Du reste, ils sont presque tous des petits-fils lĂ©gitimes ou illĂ©gitimes du cĂ©lĂšbre voyageur Melmoth, la grande crĂ©ation satanique du rĂ©vĂ©rend Maturin. Quoi de plus grand, quoi de plus puissant relativement Ă  la pauvre humanitĂ© que ce pĂąle et ennuyĂ© Melmoth ? Et pourtant, il y a en lui un cĂŽtĂ© faible, abject, antidivin et antilumineux. Aussi comme il rit, comme il rit, se comparant sans cesse aux chenilles humaines, lui si fort, si intelligent, lui pour qui une partie des lois conditionnelles de l'humanitĂ©, physiques et intellectuelles, n'existent plus ! Et ce rire est l'explosion perpĂ©tuelle de sa colĂšre et de sa souffrance. Il est, qu'on me comprenne bien, la rĂ©sultante nĂ©cessaire de sa double nature contradictoire, qui est infiniment grande relativement Ă  l'homme, infiniment vile et basse relativement au Vrai et au Juste absolus. Melmoth est une contradiction vivante. Il est sorti des conditions fondamentales de la vie ; ses organes ne supportent plus sa pensĂ©e. C'est pourquoi ce rire glace et tord les entrailles. C'est un rire qui ne dort jamais, comme une maladie qui va toujours son chemin et exĂ©cute un ordre providentiel. Et ainsi le rire de Melmoth, qui est l'expression la plus haute de l'orgueil, accomplit perpĂ©tuellement sa fonction, en dĂ©chirant et en brĂ»lant les lĂšvres du rieur rĂ©sumons un peu, et Ă©tablissons plus visiblement les propositions principales, qui sont comme une espĂšce de thĂ©orie du rire. Le rire est satanique, il est donc profondĂ©ment humain. Il est dans l'homme la consĂ©quence de l'idĂ©e de sa propre supĂ©rioritĂ© ; et, en effet, comme le rire est essentiellement humain, il est essentiellement contradictoire, c'est-Ă -dire qu'il est Ă  la fois signe d'une grandeur infinie et d'une misĂšre infinie, misĂšre infinie relativement Ă  l'Être absolu dont il possĂšde la conception, grandeur infinie relativement aux animaux. C'est du choc perpĂ©tuel de ces deux infinis que se dĂ©gage le rire. Le comique, la puissance du rire est dans le rieur et nullement dans l'objet du rire. Ce n'est point l'homme qui tombe qui rit de sa propre chute, Ă  moins qu'il ne soit un philosophe, un homme qui ait acquis, par habitude, la force de se dĂ©doubler rapidement et d'assister comme spectateur dĂ©sintĂ©ressĂ© aux phĂ©nomĂšnes de son moi. Mais le cas est rare. Les animaux les plus comiques sont les plus sĂ©rieux ; ainsi les singes et les perroquets. D'ailleurs, supposez l'homme ĂŽtĂ© de la crĂ©ation, il n'y aura plus de comique, car les animaux ne se croient pas supĂ©rieurs aux vĂ©gĂ©taux, ni les vĂ©gĂ©taux aux minĂ©raux. Signe de supĂ©rioritĂ© relativement aux bĂȘtes, et je comprends sous cette dĂ©nomination les parias nombreux de l'intelligence, le rire est signe d'infĂ©rioritĂ© relativement aux sages, qui par l'innocence contemplative de leur esprit se rapprochent de l'enfance. Comparant, ainsi que nous en avons le droit, l'humanitĂ© Ă  l'homme, nous voyons que les nations primitives, ainsi que Virginie, ne conçoivent pas la caricature et n'ont pas de comĂ©dies les livres sacrĂ©s, Ă  quelques nations qu'ils appartiennent, ne rient jamais, et que, s'avançant peu Ă  peu vers les pics nĂ©buleux de l'intelligence, ou se penchant sur les fournaises tĂ©nĂ©breuses de la mĂ©taphysique, les nations se mettent Ă  rire diaboliquement du rire de Melmoth ; et, enfin, que si dans ces mĂȘmes nations ultra-civilisĂ©es, une intelligence, poussĂ©e par une ambition supĂ©rieure, veut franchir les limites de l'orgueil mondain et s'Ă©lancer hardiment vers la poĂ©sie pure, dans cette poĂ©sie, limpide et profonde comme la nature, le rire fera dĂ©faut comme dans l'Ăąme du le comique est signe de supĂ©rioritĂ© ou de croyance Ă  sa propre supĂ©rioritĂ©, il est naturel de croire qu'avant qu'elles aient atteint la purification absolue promise par certains prophĂštes mystiques, les nations verront s'augmenter en elles les motifs de comique Ă  mesure que s'accroĂźtra leur supĂ©rioritĂ©. Mais aussi le comique change de nature. Ainsi l'Ă©lĂ©ment angĂ©lique et l'Ă©lĂ©ment diabolique fonctionnent parallĂšlement. L'humanitĂ© s'Ă©lĂšve, et elle gagne pour le mal et l'intelligence du mal une force proportionnelle Ă  celle qu'elle a gagnĂ©e pour le bien. C'est pourquoi je ne trouve pas Ă©tonnant que nous, enfants d'une loi meilleure que les lois religieuses antiques, nous, disciples favorisĂ©s de JĂ©sus, nous possĂ©dions plus d'Ă©lĂ©ments comiques que la paĂŻenne antiquitĂ©. Cela mĂȘme est une condition de notre force intellectuelle gĂ©nĂ©rale. Permis aux contradicteurs jurĂ©s de citer la classique historiette du philosophe qui mourut de rire en voyant un Ăąne qui mangeait des figues, et mĂȘme les comĂ©dies d'Aristophane et celles de Plaute. Je rĂ©pondrai qu'outre que ces Ă©poques sont essentiellement civilisĂ©es, et que la croyance s'Ă©tait dĂ©jĂ  bien retirĂ©e, ce comique n'est pas tout Ă  fait le nĂŽtre. Il a mĂȘme quelque chose de sauvage, et nous ne pouvons guĂšre nous l'approprier que par un effort d'esprit Ă  reculons, dont le rĂ©sultat s'appelle pastiche. Quant aux figures grotesques que nous a laissĂ©es l'antiquitĂ©, les masques, les figurines de bronze, les Hercules tout en muscles, les petits Priapes Ă  la langue recourbĂ©e en l'air, aux oreilles pointues, tout en cervelet et en phallus, — quant Ă  ces phallus prodigieux sur lesquels les blanches filles de Romulus montent innocemment Ă  cheval, ces monstrueux appareils de la gĂ©nĂ©ration armĂ©e de sonnettes et d'ailes, je crois que toutes ces choses sont pleines de sĂ©rieux. VĂ©nus, Pan, Hercule, n'Ă©taient pas des personnages risibles. On en a ri aprĂšs la venue de JĂ©sus, Platon et SĂ©nĂšque aidant. Je crois que l'antiquitĂ© Ă©tait pleine de respect pour les tambours-majors et les faiseurs de tours de force en tout genre, et que tous les fĂ©tiches extravagants que je citais ne sont que des signes d'adoration, ou tout au plus des symboles de force, et nullement des Ă©manations de l'esprit intentionnellement comiques. Les idoles indiennes et chinoises ignorent qu'elles sont ridicules ; c'est en nous, chrĂ©tiens, qu'est le ne faut pas croire que nous soyons dĂ©barrassĂ©s de toute difficultĂ©. L'esprit le moins accoutumĂ© Ă  ces subtilitĂ©s esthĂ©tiques saurait bien vite m'opposer cette objection insidieuse Le rire est divers. On ne se rĂ©jouit pas toujours d'un malheur, d'une faiblesse, d'une infĂ©rioritĂ©. Bien des spectacles qui excitent en nous le rire sont fort innocents, et non-seulement les amusements de l'enfance, mais encore bien des choses qui servent au divertissement des artistes, n'ont rien Ă  dĂ©mĂȘler avec l'esprit de y a bien lĂ  quelque apparence de vĂ©ritĂ©. Mais il faut d'abord bien distinguer la joie d'avec le rire. La joie existe par elle-mĂȘme, mais elle a des manifestations diverses. Quelquefois elle est presque invisible ; d'autres fois, elle s'exprime par les pleurs. Le rire n'est qu'une expression, un symptĂŽme, un diagnostic. SymptĂŽme de quoi ? VoilĂ  la question. La joie est une. Le rire est l'expression d'un sentiment double, ou contradictoire ; et c'est pour cela qu'il y a convulsion. Aussi le rire des enfants, qu'on voudrait en vain m'objecter, est-il tout Ă  fait diffĂ©rent, mĂȘme comme expression physique, comme forme, du rire de l'homme qui assiste Ă  une comĂ©die, regarde une caricature, ou du rire terrible de Melmoth ; de Melmoth, l'ĂȘtre dĂ©classĂ©, l'individu situĂ© entre les derniĂšres limites de la patrie humaine et les frontiĂšres de la vie supĂ©rieure ; deMelmoth se croyant toujours prĂšs de se dĂ©barrasser de son pacte infernal, espĂ©rant sans cesse troquer ce pouvoir surhumain, qui fait son malheur, contre la conscience pure d'un ignorant qui lui fait envie. — Le rire des enfants est comme un Ă©panouissement de fleur. C'est la joie de recevoir, la joie de respirer, la joie de s'ouvrir, la joie de contempler, de vivre, de grandir. C'est une joie de plante. Aussi, gĂ©nĂ©ralement, est-ce plutĂŽt le sourire, quelque chose d'analogue au balancement de queue des chiens ou au ronron des chats. Et pourtant, remarquez bien que si le rire des enfants diffĂšre encore des expressions du contentement animal, c'est que ce rire n'est pas tout Ă  fait exempt d'ambition, ainsi qu'il convient Ă  des bouts d'hommes, c'est-Ă -dire Ă  des Satans en y a un cas oĂč la question est plus compliquĂ©e. C'est le rire de l'homme, mais rire vrai, rire violent, Ă  l'aspect d'objets qui ne sont pas un signe de faiblesse ou de malheur chez ses semblables. Il est facile de deviner que je veux parler du rire causĂ© par le grotesque. Les crĂ©ations fabuleuses, les ĂȘtres dont la raison, la lĂ©gitimation ne peut pas ĂȘtre tirĂ©e du code du sens commun, excitent souvent en nous une hilaritĂ© folle, excessive, et qui se traduit en des dĂ©chirements et des pĂąmoisons interminables. Il est Ă©vident qu'il faut distinguer, et qu'il y a lĂ  un degrĂ© de plus. Le comique est, au point de vue artistique, une imitation ; le grotesque, une crĂ©ation. Le comique est une imitation mĂȘlĂ©e d'une certaine facultĂ© crĂ©atrice, c'est-Ă -dire d'une idĂ©alitĂ© artistique. Or, l'orgueil humain, qui prend toujours le dessus, et qui est la cause naturelle du rire dans le cas du comique, devient aussi cause naturelle du rire dans le cas du grotesque, qui est une crĂ©ation mĂȘlĂ©e d'une certaine facultĂ© imitatrice d'Ă©lĂ©ments prĂ©existants dans la nature. Je veux dire que dans ce cas-lĂ  le rire est l'expression de l'idĂ©e de supĂ©rioritĂ©, non plus de l'homme sur l'homme, mais de l'homme sur la nature. Il ne faut pas trouver cette idĂ©e trop subtile ; ce ne serait pas une raison suffisante pour la repousser. Il s'agit de trouver une autre explication plausible. Si celle-ci paraĂźt tirĂ©e de loin et quelque peu difficile Ă  admettre, c'est que le rire causĂ© par le grotesque a en soi quelque chose de profond, d'axiomatique et de primitif qui se rapproche beaucoup plus de la vie innocente et de la joie absolue que le rire causĂ© par le comique de mƓurs. Il y a entre ces deux rires, abstraction faite de la question d'utilitĂ©, la mĂȘme diffĂ©rence qu'entre l'Ă©cole littĂ©raire intĂ©ressĂ©e et l'Ă©cole de l'art pour l'art. Ainsi le grotesque domine le comique d'une hauteur dĂ©sormais le grotesque comique absolu, comme antithĂšse au comique ordinaire, que j'appellerai comique significatif. Le comique significatif est un langage plus clair, plus facile Ă  comprendre pour le vulgaire, et surtout plus facile Ă  analyser, son Ă©lĂ©ment Ă©tant visiblement double l'art et l'idĂ©e morale ; mais le comique absolu, se rapprochant beaucoup plus de la nature, se prĂ©sente sous une espĂšce une, et qui veut ĂȘtre saisie par intuition. Il n'y a qu'une vĂ©rification du grotesque, c'est le rire, et le rire subit ; en face du comique significatif, il n'est pas dĂ©fendu de rire aprĂšs coup ; cela n'argue pas contre sa valeur ; c'est une question de rapiditĂ© d' dit comique absolu ; il faut toutefois prendre garde. Au point de vue de l'absolu dĂ©finitif, il n'y a plus que la joie. Le comique ne peut ĂȘtre absolu que relativement Ă  l'humanitĂ© dĂ©chue, et c'est ainsi que je l' trĂšs-relevĂ©e du comique absolu en fait l'apanage des artistes supĂ©rieurs qui ont en eux la rĂ©ceptibilitĂ© suffisante de toute idĂ©e absolue. Ainsi l'homme qui a jusqu'Ă  prĂ©sent le mieux senti ces idĂ©es, et qui en a mis en Ɠuvre une partie dans des travaux de pure esthĂ©tique et aussi de crĂ©ation, est ThĂ©odore Hoffmann. Il a toujours bien distinguĂ© le comique ordinaire du comique qu'il appelle comique innocent. Il a cherchĂ© souvent Ă  rĂ©soudre en Ɠuvres artistiques les thĂ©ories savantes qu'il avait Ă©mises didactiquement, ou jetĂ©es sous la forme de conversations inspirĂ©es et de dialogues critiques ; et c'est dans ces mĂȘmes Ɠuvres que je puiserai tout Ă  l'heure les exemples les plus Ă©clatants, quand j'en viendrai Ă  donner une sĂ©rie d'applications des principes ci-dessus Ă©noncĂ©s et Ă  coller un Ă©chantillon sous chaque titre de nous trouvons dans le comique absolu et le comique significatif des genres, des sous-genres et des familles. La division peut avoir lieu sur diffĂ©rentes bases. On peut la construire d'abord d'aprĂšs une loi philosophique pure, ainsi que j'ai commencĂ© Ă  le faire, puis d'aprĂšs la loi artistique de crĂ©ation. La premiĂšre est créée par la sĂ©paration primitive du comique absolu d'avec le comique significatif ; la seconde est basĂ©e sur le genre de facultĂ©s spĂ©ciales de chaque artiste. Et, enfin, on peut aussi Ă©tablir une classification de comiques suivant les climats et les diverses aptitudes nationales. Il faut remarquer que chaque terme de chaque classification peut se complĂ©ter et se nuancer par l'adjonction d'un terme d'une autre, comme la loi grammaticale nous enseigne Ă  modifier le substantif par l'adjectif. Ainsi, tel artiste allemand ou anglais est plus ou moins propre au comique absolu, et en mĂȘme temps il est plus ou moins idĂ©alisateur. Je vais essayer de donner des exemples choisis de comique absolu et significatif, et de caractĂ©riser briĂšvement l'esprit comique propre Ă  quelques nations principalement artistes, avant d'arriver Ă  la partie oĂč je veux discuter et analyser plus longuement le talent des hommes qui en ont fait leur Ă©tude et leur exagĂ©rant et poussant aux derniĂšres limites les consĂ©quences du comique significatif, on obtient le comique fĂ©roce, de mĂȘme que l'expression synonymique du comique innocent, avec un degrĂ© de plus, est le comique France, pays de pensĂ©e et de dĂ©monstration claires, oĂč l'art vise naturellement et directement Ă  l'utilitĂ©, le comique est gĂ©nĂ©ralement significatif. MoliĂšre fut dans ce genre la meilleure expression française ; mais comme le fond de notre caractĂšre est un Ă©loignement de toute chose extrĂȘme, comme un des diagnostics particuliers de toute passion française, de toute science, de tout art français est de fuir l'excessif, l'absolu et le profond, il y a consĂ©quemment ici peu de comique fĂ©roce ; de mĂȘme notre grotesque s'Ă©lĂšve rarement Ă  l' qui est le grand maĂźtre français en grotesque, garde au milieu de ses plus Ă©normes fantaisies quelque chose d'utile et de raisonnable. Il est directement symbolique. Son comique a presque toujours la transparence d'un apologue. Dans la caricature française, dans l'expression plastique du comique, nous retrouverons cet esprit dominant. Il faut l'avouer, la prodigieuse bonne humeur poĂ©tique nĂ©cessaire au vrai grotesque se trouve rarement chez nous Ă  une dose Ă©gale et continue. De loin en loin, on voit rĂ©apparaĂźtre le filon ; mais il n'est pas essentiellement national. Il faut mentionner dans ce genre quelques intermĂšdes de MoliĂšre, malheureusement trop peu lus et trop peu jouĂ©s, entre autres ceux du Malade imaginaire et du Bourgeois gentilhomme, et les figures carnavalesques de Callot. Quant au comique des Contes de Voltaire, essentiellement français, il tire toujours sa raison d'ĂȘtre de l'idĂ©e de supĂ©rioritĂ© ; il est tout Ă  fait rĂȘveuse Germanie nous donnera d'excellents Ă©chantillons de comique absolu. LĂ  tout est grave, profond, excessif. Pour trouver du comique fĂ©roce et trĂšs-fĂ©roce, il faut passer la Manche et visiter les royaumes brumeux du spleen. La joyeuse, bruyante et oublieuse Italie abonde en comique innocent. C'est en pleine Italie, au cƓur du carnaval mĂ©ridional, au milieu du turbulent Corso, que ThĂ©odore Hoffmann a judicieusement placĂ© le drame excentrique de laPrincesse Brambilla. Les Espagnols sont trĂšs-bien douĂ©s en fait de comique. Ils arrivent vite au cruel, et leurs fantaisies les plus grotesques contiennent souvent quelque chose de garderai longtemps le souvenir de la premiĂšre pantomime anglaise que j'aie vu jouer. C'Ă©tait au théùtre des VariĂ©tĂ©s, il y a quelques annĂ©es. Peu de gens s'en souviendront sans doute, car bien peu ont paru goĂ»ter ce genre de divertissement, et ces pauvres mimes anglais reçurent chez nous un triste accueil. Le public français n'aime guĂšre ĂȘtre dĂ©paysĂ©. Il n'a pas le goĂ»t trĂšs-cosmopolite, et les dĂ©placements d'horizon lui troublent la vue. Pour mon compte, je fus excessivement frappĂ© de cette maniĂšre de comprendre le comique. On disait, et c'Ă©taient les indulgents, pour expliquer l'insuccĂšs, que c'Ă©taient des artistes vulgaires et mĂ©diocres, des doublures ; mais ce n'Ă©taitpas lĂ  la question. Ils Ă©taient Anglais, c'est lĂ  l' m'a semblĂ© que le signe distinctif de ce genre de comique Ă©tait la violence. Je vais en donner la preuve par quelques Ă©chantillons de mes le Pierrot n'Ă©tait pas ce personnage pĂąle comme la lune, mystĂ©rieux comme le silence, souple et muet comme le serpent, droit et long comme une potence, cet homme artificiel, mĂ» par des ressorts singuliers, auquel nous avait accoutumĂ©s le regrettable Debureau. Le Pierrot anglais arrivait comme la tempĂȘte, tombait comme un ballot, et quand il riait, son rire faisait trembler la salle ; ce rire ressemblait Ă  un joyeux tonnerre. C'Ă©tait un homme court et gros, ayant augmentĂ© sa prestance par un costume chargĂ© de rubans, qui faisaient autour de sa jubilante personne l'office des plumes et du duvet autour des oiseaux, ou de la fourrure autour des angoras. Par-dessus la farine de son visage, il avait collĂ© crĂ»ment, sans gradation, sans transition, deux Ă©normes plaques de rouge pur. La bouche Ă©tait agrandie par une prolongation simulĂ©e des lĂšvres au moyen de deux bandes de carmin, de sorte que, quand il riait, la gueule avait l'air de courir jusqu'aux au moral, le fond Ă©tait le mĂȘme que celui du Pierrot que tout le monde connaĂźt insouciance et neutralitĂ©, et partant accomplissement de toutes les fantaisies gourmandes et rapaces au dĂ©triment, tantĂŽt de Harlequin, tantĂŽt de Cassandre ou de LĂ©andre. Seulement, lĂ  oĂč Debureau eĂ»t trempĂ© le bout du doigt pour le lĂ©cher, il y plongeait les deux poings et les deux toutes choses s'exprimaient ainsi dans cette singuliĂšre piĂšce, avec emportement ; c'Ă©tait le vertige de l' passe devant une femme qui lave le carreau de sa porte aprĂšs lui avoir dĂ©valisĂ© les poches, il veut faire passer dans les siennes l'Ă©ponge, le balai, le baquet et l'eau elle-mĂȘme. — Quant Ă  la maniĂšre dont il essayait de lui exprimer son amour, chacun peut se le figurer par les souvenirs qu'il a gardĂ©s de la contemplation des mƓurs phanĂ©rogamiques des singes, dans la cĂ©lĂšbre cage du Jardin-des-Plantes. Il faut ajouter que le rĂŽle de la femme Ă©tait rempli par un homme trĂšs-long et trĂšs-maigre, dont la pudeur violĂ©e jetait les hauts cris. C'Ă©tait vraiment une ivresse de rire, quelque chose de terrible et d' je ne sais quel mĂ©fait, Pierrot devait ĂȘtre finalement guillotinĂ©. Pourquoi la guillotine au lieu de la pendaison, en pays anglais ?
 Je l'ignore ; sans doute pour amener ce qu'on va voir. L'instrument funĂšbre Ă©tait donc lĂ  dressĂ© sur des planches françaises, fort Ă©tonnĂ©es de cette romantique nouveautĂ©. AprĂšs avoir luttĂ© et beuglĂ© comme un bƓuf qui flaire l'abattoir, Pierrot subissait enfin son destin. La tĂȘte se dĂ©tachait du cou, une grosse tĂȘte blanche et rouge, et roulait avec bruit devant le trou du souffleur, montrant le disque saignant du cou, la vertĂšbre scindĂ©e, et tous les dĂ©tails d'une viande de boucherie rĂ©cemment taillĂ©e pour l'Ă©talage. Mais voilĂ  que, subitement, le torse raccourci, mĂ» par la monomanie irrĂ©sistible du vol, se dressait, escamotait victorieusement sa propre tĂȘte, comme un jambon ou une bouteille de vin, et, bien plus avisĂ© que le grand saint Denis, la fourrait dans sa poche !Avec une plume tout cela est pĂąle et glacĂ©. Comment la plume pourrait-elle rivaliser avec la pantomime ? La pantomime est l'Ă©puration de la comĂ©die ; c'en est la quintessence ; c'est l'Ă©lĂ©ment comique pur, dĂ©gagĂ© et concentrĂ©. Aussi, avec le talent spĂ©cial des acteurs anglais pour l'hyperbole, toutes ces monstrueuses farces prenaient-elles une rĂ©alitĂ© singuliĂšrement des choses les plus remarquables comme comique absolu, et, pour ainsi dire, comme mĂ©taphysique du comique absolu, Ă©tait certainement le dĂ©but de cette belle piĂšce, un prologue plein d'une haute esthĂ©tique. Les principaux personnages de la piĂšce, Pierrot, Cassandre, Harlequin, Colombine, LĂ©andre, sont devant le public, bien doux et bien tranquilles. Ils sont Ă  peu prĂšs raisonnables et ne diffĂšrent pas beaucoup des braves gens qui sont dans la salle. Le souffle merveilleux qui va les faire se mouvoir extraordinairement n'a pas encore soufflĂ© sur leurs cervelles. Quelques jovialitĂ©s de Pierrot ne peuvent donner qu'une pĂąle idĂ©e de ce qu'il fera tout Ă  l'heure. La rivalitĂ© de Harlequin et de LĂ©andre vient de se dĂ©clarer. Une fĂ©e s'intĂ©resse Ă  Harlequin c'est l'Ă©ternelle protectrice des mortels amoureux et pauvres. Elle lui promet sa protection, et, pour lui en donner une preuve immĂ©diate, elle promĂšne avec un geste mystĂ©rieux et plein d'autoritĂ© sa baguette dans les le vertige est entrĂ©, le vertige circule dans l'air ; on respire le vertige ; c'est le vertige qui remplit les poumons et renouvelle le sang dans le que ce vertige ? C'est le comique absolu ; il s'est emparĂ© de chaque ĂȘtre. LĂ©andre, Pierrot, Cassandre, font des gestes extraordinaires, qui dĂ©montrent clairement qu'ils se sentent introduits de force dans une existence nouvelle. Ils n'en ont pas l'air fĂąchĂ©. Ils s'exercent aux grands dĂ©sastres et Ă  la destinĂ©e tumultueuse qui les attend, comme quelqu'un qui crache dans ses mains et les frotte l'une contre l'autre avant de faire une action d'Ă©clat. Ils font le moulinet avec leurs bras, ils ressemblent Ă  des moulins Ă  vent tourmentĂ©s par la tempĂȘte. C'est sans doute pour assouplir leurs jointures, ils en auront besoin. Tout cela s'opĂšre avec de gros Ă©clats de rire, pleins d'un vaste contentement ; puis ils sautent les uns par-dessus les autres, et leur agilitĂ© et leur aptitude Ă©tant bien dĂ»ment constatĂ©es, suit un Ă©blouissant bouquet de coups de pied, de coups de poing et de soufflets qui font le tapage et la lumiĂšre d'une artillerie ; mais tout cela est sans rancune. Tous leurs gestes, tous leurs cris, toutes leurs mines disent La fĂ©e l'a voulu, la destinĂ©e nous prĂ©cipite, je ne m'en afflige pas ; allons ! courons ! Ă©lançons-nous ! Et ils s'Ă©lancent Ă  travers l'Ɠuvre fantastique, qui, Ă  proprement parler, ne commence que lĂ , c'est-Ă -dire sur la frontiĂšre du et Colombine, Ă  la faveur de ce dĂ©lire, se sont enfuis en dansant, et d'un pied lĂ©ger ils vont courir les un exemple celui-lĂ  est tirĂ© d'un auteur singulier, esprit trĂšs-gĂ©nĂ©ral, quoi qu'on en dise, et qui unit Ă  la raillerie significative française la gaietĂ© folle, mousseuse et lĂ©gĂšre des pays du soleil, en mĂȘme temps que le profond comique germanique. Je veux encore parler d' le conte intitulĂ© Daucus Carota, le Roi des Carottes, et par quelques traducteurs la FiancĂ©e du roi, quand la grande troupe des Carottes arrive dans la cour de la ferme oĂč demeure la fiancĂ©e, rien n'est plus beau Ă  voir. Tous ces petits personnages d'un rouge Ă©carlate comme un rĂ©giment anglais, avec un vaste plumet vert sur la tĂȘte comme les chasseurs de carrosse, exĂ©cutent des cabrioles et des voltiges merveilleuses sur de petits chevaux. Tout cela se meut avec une agilitĂ© surprenante. Ils sont d'autant plus adroits et il leur est d'autant plus facile de retomber sur la tĂȘte, qu'elle est plus grosse et plus lourde que le reste du corps, comme les soldats en moelle de sureau qui ont un peu de plomb dans leur malheureuse jeune fille, entichĂ©e de rĂȘves de grandeur, est fascinĂ©e par ce dĂ©ploiement de forces militaires. Mais qu'une armĂ©e Ă  la parade estdiffĂ©rente d'une armĂ©e dans ses casernes, fourbissant ses armes, astiquant son fourniment, ou, pis encore, ronflant ignoblement sur ses lits de camps puants et sales ! VoilĂ  le revers de la mĂ©daille ; car tout ceci n'Ă©tait que sortilĂ©ge, appareil de sĂ©duction. Son pĂšre, homme prudent et bien instruit dans la sorcellerie, veut lui montrer l'envers de toutes ces splendeurs. Ainsi, Ă  l'heure oĂč les lĂ©gumes dorment d'un sommeil brutal, ne soupçonnant pas qu'ils peuvent ĂȘtre surpris par l'Ɠil d'un espion, le pĂšre entr'ouvre une des tentes de cette magnifique armĂ©e ; et alors la pauvre rĂȘveuse voit cette masse de soldats rouges et verts dans leur Ă©pouvantable dĂ©shabillĂ©, nageant et dormant dans la fange terreuse d'oĂč elle est sortie. Toute cette splendeur militaire en bonnet de nuit n'est plus qu'un marĂ©cage pourrais tirer de l'admirable Hoffmann bien d'autres exemples de comique absolu. Si l'on veut bien comprendre mon idĂ©e, il faut lire avec soinDaucus Carota, Peregrinus Tyss, le Pot d'or, et surtout, avant tout, la Princesse Brambilla, qui est comme un catĂ©chisme de haute qui distingue trĂšs-particuliĂšrement Hoffmann est le mĂ©lange involontaire, et quelquefois trĂšs-volontaire, d'une certaine dose de comique significatif avec le comique le plus absolu. Ses conceptions comiques les plus supra-naturelles, les plus fugitives, et qui ressemblent souvent Ă  des visions de l'ivresse, ont un sens moral trĂšs-visible c'est Ă  croire qu'on a affaire Ă  unphysiologiste ou Ă  un mĂ©decin de fous des plus profonds, et qui s'amuserait Ă  revĂȘtir cette profonde science de formes poĂ©tiques, comme un savant qui parlerait par apologues et si vous voulez, pour exemple, le personnage de Giglio Fava, le comĂ©dien atteint de dualisme chronique dans la Princesse Brambilla. Ce personnage un change de temps en temps de personnalitĂ©, et, sous le nom de Giglio Fava, il se dĂ©clare l'ennemi du prince assyrien Cornelio Chiapperi ; et quand il est prince assyrien, il dĂ©verse le plus profond et le plus royal mĂ©pris sur son rival auprĂšs de la princesse, sur un misĂ©rable histrion qui s'appelle, Ă  ce qu'on dit, Giglio faut ajouter qu'un des signes trĂšs-particuliers du comique absolu est de s'ignorer lui-mĂȘme. Cela est visible, non-seulement dans certains animaux du comique desquels la gravitĂ© fait partie essentielle, comme les singes, et dans certaines caricatures sculpturales antiques dont j'ai dĂ©jĂ  parlĂ©, mais encore dans les monstruositĂ©s chinoises qui nous rĂ©jouissent si fort, et qui ont beaucoup moins d'intentions comiques qu'on le croit gĂ©nĂ©ralement. Une idole chinoise, quoiqu'elle soit un objet de vĂ©nĂ©ration, ne diffĂšre guĂšre d'un poussah ou d'un magot de pour en finir avec toutes ces subtilitĂ©s et toutes ces dĂ©finitions, et pour conclure, je ferai remarquer une derniĂšre fois qu'on retrouve l'idĂ©e dominante de supĂ©rioritĂ© dans le comique absolu comme dans le comique significatif, ainsi que je l'ai, trop longuement peut-ĂȘtre, expliquĂ© ; — que, pour qu'il y ait comique, c'est-Ă -dire Ă©manation, explosion, dĂ©gagement de comique, il faut qu'il y ait deux ĂȘtre en prĂ©sence ; — que c'est spĂ©cialement dans le rieur, dans le spectateur, que gĂźt le comique ; — que cependant, relativement Ă  cette loi d'ignorance, il faut faire une exception pour les hommes qui ont fait mĂ©tier de dĂ©velopper en eux le sentiment du comique et de le tirer d'eux-mĂȘmes pour le divertissement de leurs semblables, lequel phĂ©nomĂšne rentre dans la classe de tous les phĂ©nomĂšnes artistiques qui dĂ©notent dans l'ĂȘtre humain l'existence d'une dualitĂ© permanente, la puissance d'ĂȘtre Ă  la fois soi et un pour en revenir Ă  mes primitives dĂ©finitions et m'exprimer plus clairement, je dis que quand Hoffmann engendre le comique absolu, il est bien vrai qu'il le sait ; mais il sait aussi que l'essence de ce comique est de paraĂźtre s'ignorer lui-mĂȘme et de dĂ©velopper chez le spectateur, ou plutĂŽt chez le lecteur, la joie de sa propre supĂ©rioritĂ© et la joie de la supĂ©rioritĂ© de l'homme sur la nature. Les artistes crĂ©ent le comique ; ayant Ă©tudiĂ© et rassemblĂ© les Ă©lĂ©ments du comique, ils savent que tel ĂȘtre est comique, et qu'il ne l'est qu'Ă  la condition d'ignorer sa nature ; de mĂȘme que, par une loi inverse, l'artiste n'est artiste qu'Ă  la condition d'ĂȘtre double et de n'ignorer aucun phĂ©nomĂšne de sa double nature. Quinage dans le sens du courant fait rire les crocodiles. Le secret des poissons Conte des Comores Autrefois, raconte-t-on, la mer Ă©tait inhabitĂ©e, car les poissons vivaient parmi les animaux de la forĂȘt. Ils se tenaient debout et marchaient fiĂšrement sur leur queue ! Un jour, Lion, le vieux roi rĂ©unit l’ensemble des animaux et leur dit - Mes amis, la princesse est en Ăąge de se PondichĂ©ry, 2012, voie L Faire le commentaire du texte suivant. Joachim Du Bellay, Les regrets, "Sonnet CL" orthographe modernisĂ©e En 1553, Du Bellay quitte la France pour Rome. Il accompagne le cardinal Jean du Bellay, un cousin de son pĂšre, Ă  la cour du Pape. Il y Ă©crit le recueil des Regrets. Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon ƓilCes vieux singes de cour, qui ne savent rien faireSinon en leur marcher1 les princes contrefaire2Et se vĂȘtir, comme eux, d'un pompeux appareil3. Si leur maĂźtre se moque, ils feront le pareil,S'il ment, ce ne sont eux qui diront du4 contraire,PlutĂŽt auront-ils vu, afin de lui complaire,La lune en plein midi, Ă  minuit le soleil. Si quelqu'un devant eux reçoit un bon visage5,Ils le vont caresser, bien qu'ils crĂšvent de rage ;S'il le reçoit mauvais, ils le montrent au doigt. Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dĂ©pite,C'est quand devant le roi, d'un visage hypocrite,Ils se prennent Ă  rire, et ne savent pourquoi. 1 marcher dĂ©marche2 contrefaire imiter, singer3 appareil vĂȘtements, habits4 du contraire le contraire5 reçoit un bon visage reçoit un bon recueilDans les deux premiĂšres strophes, comment sont les rimes ?Du Bellay, Les Regrets, "Sonnet CL" En 1553, Du Bellay quitte la France pour Rome. Il accompagne le cardinal Jean du Bellay, un cousin de son pĂšre, Ă  la cour du Pape. Il y Ă©crit le recueil des Regrets. Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon ƓilCes vieux singes de cour, qui ne savent rien faireSinon en leur marcher1 les princes contrefaire2Et se vĂȘtir, comme eux, d'un pompeux appareil3. Si leur maĂźtre se moque, ils feront le pareil,S'il ment, ce ne sont eux qui diront du4 contraire,PlutĂŽt auront-ils vu, afin de lui complaire,La lune en plein midi, Ă  minuit le soleil. Si quelqu'un devant eux reçoit un bon visage5,Ils le vont caresser, bien qu'ils crĂšvent de rage ;S'il le reçoit mauvais, ils le montrent au doigt. Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dĂ©pite,C'est quand devant le roi, d'un visage hypocrite,Ils se prennent Ă  rire, et ne savent pourquoi. 1 marcher dĂ©marche2 contrefaire imiter, singer3 appareil vĂȘtements, habits4 du contraire le contraire5 reçoit un bon visage reçoit un bon recueilSuiviesEmbrassĂ©esCroisĂ©esIl n'y a pas de rimesQue dĂ©nonce Du Bellay dans ce poĂšme ?Du Bellay, Les Regrets, "Sonnet CL" En 1553, Du Bellay quitte la France pour Rome. Il accompagne le cardinal Jean du Bellay, un cousin de son pĂšre, Ă  la cour du Pape. Il y Ă©crit le recueil des Regrets. Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon ƓilCes vieux singes de cour, qui ne savent rien faireSinon en leur marcher1 les princes contrefaire2Et se vĂȘtir, comme eux, d'un pompeux appareil3. Si leur maĂźtre se moque, ils feront le pareil,S'il ment, ce ne sont eux qui diront du4 contraire,PlutĂŽt auront-ils vu, afin de lui complaire,La lune en plein midi, Ă  minuit le soleil. Si quelqu'un devant eux reçoit un bon visage5,Ils le vont caresser, bien qu'ils crĂšvent de rage ;S'il le reçoit mauvais, ils le montrent au doigt. Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dĂ©pite,C'est quand devant le roi, d'un visage hypocrite,Ils se prennent Ă  rire, et ne savent pourquoi. 1 marcher dĂ©marche2 contrefaire imiter, singer3 appareil vĂȘtements, habits4 du contraire le contraire5 reçoit un bon visage reçoit un bon recueilL'injustice Ă  la cour du roiL'hypocrisie des courtisans et la manipulation du roiLa mĂ©chancetĂ© du roi et la faiblesse des courtisansLa terreur mise en place par le roiComment est construit un sonnet ?Du Bellay, Les Regrets, "Sonnet CL" En 1553, Du Bellay quitte la France pour Rome. Il accompagne le cardinal Jean du Bellay, un cousin de son pĂšre, Ă  la cour du Pape. Il y Ă©crit le recueil des Regrets. Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon ƓilCes vieux singes de cour, qui ne savent rien faireSinon en leur marcher1 les princes contrefaire2Et se vĂȘtir, comme eux, d'un pompeux appareil3. Si leur maĂźtre se moque, ils feront le pareil,S'il ment, ce ne sont eux qui diront du4 contraire,PlutĂŽt auront-ils vu, afin de lui complaire,La lune en plein midi, Ă  minuit le soleil. Si quelqu'un devant eux reçoit un bon visage5,Ils le vont caresser, bien qu'ils crĂšvent de rage ;S'il le reçoit mauvais, ils le montrent au doigt. Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dĂ©pite,C'est quand devant le roi, d'un visage hypocrite,Ils se prennent Ă  rire, et ne savent pourquoi. 1 marcher dĂ©marche2 contrefaire imiter, singer3 appareil vĂȘtements, habits4 du contraire le contraire5 reçoit un bon visage reçoit un bon recueilEn quatorze versEn seize versEn douze versEn dix versQuelle figure de style utilise le poĂšte quand il Ă©crit "Ces vieux singes de cour"?Du Bellay, Les Regrets, "Sonnet CL" En 1553, Du Bellay quitte la France pour Rome. Il accompagne le cardinal Jean du Bellay, un cousin de son pĂšre, Ă  la cour du Pape. Il y Ă©crit le recueil des Regrets. Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon ƓilCes vieux singes de cour, qui ne savent rien faireSinon en leur marcher1 les princes contrefaire2Et se vĂȘtir, comme eux, d'un pompeux appareil3. Si leur maĂźtre se moque, ils feront le pareil,S'il ment, ce ne sont eux qui diront du4 contraire,PlutĂŽt auront-ils vu, afin de lui complaire,La lune en plein midi, Ă  minuit le soleil. Si quelqu'un devant eux reçoit un bon visage5,Ils le vont caresser, bien qu'ils crĂšvent de rage ;S'il le reçoit mauvais, ils le montrent au doigt. Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dĂ©pite,C'est quand devant le roi, d'un visage hypocrite,Ils se prennent Ă  rire, et ne savent pourquoi. 1 marcher dĂ©marche2 contrefaire imiter, singer3 appareil vĂȘtements, habits4 du contraire le contraire5 reçoit un bon visage reçoit un bon recueilUne personnificationUne oxymoreUne antithĂšseUne mĂ©taphoreDe quoi est composĂ© ce poĂšme ?Du Bellay, Les Regrets, "Sonnet CL" En 1553, Du Bellay quitte la France pour Rome. Il accompagne le cardinal Jean du Bellay, un cousin de son pĂšre, Ă  la cour du Pape. Il y Ă©crit le recueil des Regrets. Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon ƓilCes vieux singes de cour, qui ne savent rien faireSinon en leur marcher1 les princes contrefaire2Et se vĂȘtir, comme eux, d'un pompeux appareil3. Si leur maĂźtre se moque, ils feront le pareil,S'il ment, ce ne sont eux qui diront du4 contraire,PlutĂŽt auront-ils vu, afin de lui complaire,La lune en plein midi, Ă  minuit le soleil. Si quelqu'un devant eux reçoit un bon visage5,Ils le vont caresser, bien qu'ils crĂšvent de rage ;S'il le reçoit mauvais, ils le montrent au doigt. Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dĂ©pite,C'est quand devant le roi, d'un visage hypocrite,Ils se prennent Ă  rire, et ne savent pourquoi. 1 marcher dĂ©marche2 contrefaire imiter, singer3 appareil vĂȘtements, habits4 du contraire le contraire5 reçoit un bon visage reçoit un bon recueilQuatre quatrainsDes vers libresDeux tercets et deux quatrainsDeux quatrains et deux tercetsQuel registre domine le poĂšme ?Du Bellay, Les Regrets, "Sonnet CL" En 1553, Du Bellay quitte la France pour Rome. Il accompagne le cardinal Jean du Bellay, un cousin de son pĂšre, Ă  la cour du Pape. Il y Ă©crit le recueil des Regrets. Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon ƓilCes vieux singes de cour, qui ne savent rien faireSinon en leur marcher1 les princes contrefaire2Et se vĂȘtir, comme eux, d'un pompeux appareil3. Si leur maĂźtre se moque, ils feront le pareil,S'il ment, ce ne sont eux qui diront du4 contraire,PlutĂŽt auront-ils vu, afin de lui complaire,La lune en plein midi, Ă  minuit le soleil. Si quelqu'un devant eux reçoit un bon visage5,Ils le vont caresser, bien qu'ils crĂšvent de rage ;S'il le reçoit mauvais, ils le montrent au doigt. Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dĂ©pite,C'est quand devant le roi, d'un visage hypocrite,Ils se prennent Ă  rire, et ne savent pourquoi. 1 marcher dĂ©marche2 contrefaire imiter, singer3 appareil vĂȘtements, habits4 du contraire le contraire5 reçoit un bon visage reçoit un bon recueilLe registre Ă©piqueLe registre lyriqueLe registre satiriqueLe registre tragiqueQuelle figure de style utilise le poĂšte quand il Ă©crit "La lune en plein midi, Ă  minuit le soleil"?Du Bellay, Les Regrets, "Sonnet CL" En 1553, Du Bellay quitte la France pour Rome. Il accompagne le cardinal Jean du Bellay, un cousin de son pĂšre, Ă  la cour du Pape. Il y Ă©crit le recueil des Regrets. Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon ƓilCes vieux singes de cour, qui ne savent rien faireSinon en leur marcher1 les princes contrefaire2Et se vĂȘtir, comme eux, d'un pompeux appareil3. Si leur maĂźtre se moque, ils feront le pareil,S'il ment, ce ne sont eux qui diront du4 contraire,PlutĂŽt auront-ils vu, afin de lui complaire,La lune en plein midi, Ă  minuit le soleil. Si quelqu'un devant eux reçoit un bon visage5,Ils le vont caresser, bien qu'ils crĂšvent de rage ;S'il le reçoit mauvais, ils le montrent au doigt. Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dĂ©pite,C'est quand devant le roi, d'un visage hypocrite,Ils se prennent Ă  rire, et ne savent pourquoi. 1 marcher dĂ©marche2 contrefaire imiter, singer3 appareil vĂȘtements, habits4 du contraire le contraire5 reçoit un bon visage reçoit un bon recueilUne antithĂšse et un parallĂ©lismeUn chiasme et une oxymoreUne personnificationUne comparaison CetopĂ©ra-comique en 4 actes raconte comment le Roi V’lan dĂ©cide d ’exaucer le d Ă©sir de son fils, le Prince Caprice, d’aller sur la Lune. Avec le savant Microscope, ils se rendent sur l
0% found this document useful 0 votes142 views50 pagesDescriptionEste artĂ­culo fue publicado en 1868. Por lo tanto, pertenece al dominio pĂșblico. This article was published in TitleBaudelaire - De l'essence du rire et gĂ©nĂ©ralement du comique dans les arts plastiquesCopyright© © All Rights ReservedAvailable FormatsPDF, TXT or read online from ScribdShare this documentDid you find this document useful?0% found this document useful 0 votes142 views50 pagesBaudelaire - de L'essence Du Rire Et GĂ©nĂ©ralement Du Comique Dans Les Arts PlastiquesOriginal TitleBaudelaire - De l'essence du rire et gĂ©nĂ©ralement du comique dans les arts plastiquesDescriptionEste artĂ­culo fue publicado en 1868. Por lo tanto, pertenece al dominio pĂșblico. This article was published in description You're Reading a Free Preview Pages 9 to 20 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 24 to 41 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Page 46 is not shown in this preview.
Labouche largement ouverte laissait voir des dents dont chacune Ă©tait aussi grande qu’une montagne ; les yeux, profonds comme le gouffre de la mer, regardaient, animĂ©s d’une titanesque joie, le petit pĂȘcheur agenouillĂ© dans le sable, et la poitrine de porphyre du monstre Ă©tait agitĂ©e par les hoquets de cet indicible fou rire.
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Bouffons et bouffonnerieBouffons et bouffonnerieAu théùtre, la bouffonnerie est l’esprit de la farce, et accidentellement de la comĂ©die. Elle s’adresse surtout Ă  la populace et rĂ©ussit par des plaisanteries basses et grossiĂšres. On appelle bouffons certains acteurs ordinairement chargĂ©s de rĂŽles d’un comique outrĂ©, et qui travaillent Ă  provoquer la gaietĂ© par des moyens, gestes, inflexions de voix, ou grimaces qui ne sont pas toujours d’un goĂ»t bouffons Ă©taient classĂ©s en deux variĂ©tĂ©s le bouffon naturel », concernant un individu simple d’esprit ou atteint d’une maladie mentale, et le bouffon artificiel », qui n’est thĂ©oriquement qu’une copie imparfaite de la premiĂšre variĂ©tĂ©, mais pourtant qui est prĂ©sent en premier dans la littĂ©rature europĂ©enne certainement grĂące Ă  l’image archĂ©typale du théùtre antique avait ses bouffons populaires, le Maccus le niais, le Bucco le glouton, le Pappus le vieil avare, le Dossennus le bossu malicieux et le Manducus l’ogre terrifiant, qui donnent de la vie aux atellanes â„č. À la scĂšne italienne, les bouffons sont devenus cĂ©lĂšbres et se sont produits, avec une grande variĂ©tĂ© de types, dans les improvisations de la commedia dell’arte. La comĂ©die française a eu aussi ses bouffons Tabarin, Mondor, Turlupin, Jodelet, Jocrisse, etc. Ils sont souvent dĂ©signĂ©s sous le nom de farceurs, mais que les grandes scĂšnes, comme celles de l’HĂŽtel de Bourgogne et des Marais, n’ont pas dĂ©daignĂ© d’appeler Ă  elles. Le gracioso a Ă©tĂ© le bouffon de la scĂšne espagnole et le clown celui de la scĂšne anglaise. Sous les noms principaux de ces personnages ou des genres auxquels ils ont dĂ» leurs succĂšs, nous marquons la part que s’est faite la bouffonnerie dans les divers théùtres anciens et Les atellanes Les atellanes sont des sortes de farces ou comĂ©dies bouffonnes de l’ancien théùtre italique, auquel les Romains les empruntent, en leur conservant le nom de fabulƓ atellanƓ qui leur venait d’Atella, commune italienne, situĂ©e dans la province de Potenza, dans la rĂ©gion Basilicate en Italie mĂ©ridionale.→ À lire La farce. – La commedia dell’arte. – La comĂ©die. – La comĂ©die classique en Merritt Chase, Keying Up » – The Court Jester [Le Bouffon de la cour] dĂ©tail, genre bouffonDe mĂȘme que le bouffon au théùtre est l’acteur chargĂ© de faire rire, de mĂȘme le genre bouffon, en littĂ©rature, a le rire pour objet essentiel. Il ne travestit pas les caractĂšres et ne cache pas une critique sous la plaisanterie, comme le genre burlesque. Il ne recherche pas, comme le grotesque, les effets hardis d’un art chaudement colorĂ©. Il rit pour rire, il choisit Ă  cet effet des physionomies, des scĂšnes, des pensĂ©es triviales, et met en harmonie avec elles la trivialitĂ© du y a toutefois entre le burlesque, le grotesque et le bouffon, des analogies qui rendent la confusion assez facile entre les trois termes et entre les productions diverses qu’ils dĂ©signent. Le Typhon ou la Gigantomachie de Paul Scarron, que Nicolas Boileau a rangĂ© dans le genre burlesque, est plutĂŽt du genre simplement bouffon. L’auteur n’y a pas dĂ©figurĂ©, comme dans son Virgile travesti, des types dĂ©finitivement fixĂ©s par un Ă©crivain. Les gĂ©ants pris directement Ă  la mythologie n’étaient pour lui que des personnages lĂ©gendaires et de convention, qu’il pouvait peindre comme il lui plaisait, sans mettre une opposition rĂ©elle entre leur nature primitive et la vulgaritĂ© plaisante des actes ou des propos qu’il leur prĂȘtait. La BaronĂ©ide du mĂȘme auteur est une satire bouffonne. Don Japhet d’ArmĂ©nie, HĂ©ritier ridicule et Jodelets sont des comĂ©dies de mĂȘme genre bouffon est Ă  la mode dans la premiĂšre moitiĂ© du XVIIe siĂšcle. C’est Ă  ce genre qu’appartiennent les Lettres et les Histoires comiques de Cyrano de Bergerac. Jamais peut-ĂȘtre on ne pousse plus loin la bouffonnerie. Elle est Ă  la fois dans les mots et les idĂ©es. À propos de la neige, il dit que l’univers est une tarte que l’Hiver, ce grand monstre, sucre pour l’avaler ». La lune est a une lucarne du ciel », ou bien la platine oĂč Diane dresse les rabats d’Apollon ». Le comble est dans la plaisanterie suivante Vous avez la bouche si large, que je crains quelquefois que votre tĂȘte ne tombe dedans ».Les romans comiques, satiriques et bourgeois de la mĂȘme Ă©poque rentrent aussi en grande partie dans le bouffon. Une foule de piĂšces de vers, comme quelques-unes de Claude-Emmanuel Luillier, dit Chapelle, l’ami de Boileau, attestent jusqu’à la fin du siĂšcle la faveur d’un genre contre lequel Voltaire donnera le signal de la rĂ©action.→ À lire Le burlesque. – La littĂ©rature française du XVIIe siĂšcle l’ñge baroque et l’ñge Ă  retenirUn bouffon est un personnage Ă  l’apparence le plus souvent grotesque attachĂ© Ă  la personne d’un roi ou d’un haut personnage, chargĂ© de l’amuser par ses facĂ©ties ou ses moqueries Ă  l’égard de la cour. EmployĂ© en tant qu’adjectif, dĂ©signe ce qui provoque le rire par son cĂŽtĂ© comique, gĂ©nĂ©ralement peu dĂ©licat ou bouffonnerie est le caractĂšre de ce qui fait rire par son extravagance. Elle implique Ă©galement l’acte ou la parole dont l’extravagance est destinĂ©e Ă  faire rire. En littĂ©rature, la bouffonnerie est une Ɠuvre ou une situation littĂ©raire caractĂ©risĂ©e par l’extravagance connexes Rubriques du site LumiĂšre sur
 – LittĂ©rature. – L’univers des livres. La comĂ©die. – La comĂ©die classique en France. – L’opĂ©ra-comique. – Le vaudeville. Le théùtre et l’outrance baroque. La commedia dell’arte. Personnages » Figaro. – Pierrot. – Arlequin. – Polichinelle. Les personnages littĂ©raires dans la langue française. Genres littĂ©raires » Le théùtre. Le genre dramatique. Le texte théùtral » Les procĂ©dĂ©s du comique. Exercice Ă  trous Au temps de Pierrot et de livresRecherche sur le site diCb3v.
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  • le roi du rire est dans la lune