MonbilansportsantĂ©accompagne les mĂ©decins dans la rĂ©alisation d'un BILAN connu de leurs patients et des acteurs qui peuvent en soutenir la prise en charge. DotĂ© d'un modĂšle Ă©conomique indĂ©pendant de son utilisation et des honoraires fixĂ©s par les mĂ©decins, son usage s'adapte Ă  tous les environnements. Dans un cadre libĂ©ral, hospitalier, d'entreprise ou militaire N’est-ce pas la question des politiques qui s’occupent des choses sĂ©rieuses les clameurs de la foule pour ne pas entendre la parole de NSJC Je suis venu rendre tĂ©moignage Ă  la VĂ©ritĂ© ». Si la vĂ©ritĂ© n’existe pas alors tout est permis
rien ne peut s’opposer Ă  l’arbitraire du plus fort ! Jean Ousset dans son livre Pour qu’Il rĂšgne » rĂ©pond de façon lumineuse. Voici un extrait tirĂ© de cet ouvrage aux pages 24 et suivantes L’ENNEMI IRREDUCTIBLE LE LIBERALISME traduire RELATIVISME» Jean, 18, 38 Pilate lui dit Qu’est-ce que la vĂ©ritĂ© ? » Ayant dit cela, il sortit de nouveau Ă  la rencontre des Juifs, et il leur dĂ©clara Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. » » Dans les perspectives de ce rĂšgne de vĂ©ritĂ©, de ce rĂšgne de l’enseignement de l’Eglise, le grand, l’irrĂ©ductible ennemi est le relativisme, puisque c’est lĂ  une erreur qui s’en prend Ă  la notion mĂȘme de vĂ©ritĂ© et qui, en quelque sorte, la dissout
 Qu’est-ce que la vĂ©ritĂ©, pour un libĂ©ral relativiste ? Quid est Veritas ? » On le voit, c’est spontanĂ©ment que la formule de Pilate monte aux lĂšvres dĂšs que l’on Ă©voque le relativiste. Et, avec l’orgueil bien connu de cette ignorance qui se prend pour une certitude, Pilate n’attendra mĂȘme pas la rĂ©ponse de JĂ©sus. Et Pilate de s’écrier Qu’est-ce que la vĂ©ritĂ© ? Et, disant cela, il sortit de nouveau vers les Juifs
 » JĂ©sus, dĂšs lors, gardera le silence. La vĂ©ritĂ©, en effet, ne se manifeste pas Ă  ceux qui, par principe, refusent de croire mĂȘme Ă  sa possibilitĂ©. Elle exige ce minimum d’humilitĂ© que devrait impliquer la conscience de l’ignorance. Aussi, quand, plus tard, Pilate reviendra vers JĂ©sus, saint Jean nous dit qu’il ne lui sera fait aucune rĂ©ponse. Quid est veritas ?
 » Depuis vingt siĂšcles, la formule n’a pas changĂ©. Quid est veritas ?
 » Ce qui signifie Encore un qui y croit ! Encore un illuminĂ©, un pauvre fou ! Un pauvre fou. Tout Ă  l’heure, en effet, c’est la robe blanche des fous qu’HĂ©rode fera jeter sur JĂ©sus. HĂ©rode et Pilate se rĂ©concilieront lĂ -dessus
 Tous deux sont relativistes. HĂ©rode, c’est le relativisme crapulard de la dĂ©bauche ; Pilate, c’est le relativisme des gens corrects et qui aiment se laver les mains » respecter les formes. Pilate, c’est le relativisme des gens rĂ©putĂ©s honnĂȘtes. Pilate, c’est le chrĂ©tien-relativiste qui, au fond, cherche Ă  sauver JĂ©sus, mais qui commence par le faire flageller avant de l’envoyer Ă  la mort, devant le tumulte croissant que sa dĂ©magogie autant que son manque de caractĂšre n’auront pas su arrĂȘter. En fait et jusqu’à la fin des temps, JĂ©sus continue Ă  ĂȘtre torturĂ©, ridiculisĂ©, mis Ă  mort, de Pilate en HĂ©rode et d’HĂ©rode en Pilate
 On le conçoit, Pilate est un homme » engagĂ© » ! En plein dans l’action ! Et qui a tout autre chose Ă  faire que d’écouter un doctrinaire ! Iterum exivit »  Iterum » de nouveau. Car, il y Ă©tait dĂ©jĂ , bien sĂ»r ! Il s’est lancĂ© depuis longtemps ! Avant d’agir, il n’a pas perdu son temps Ă  rĂ©flĂ©chir aux responsabilitĂ©s, pourtant redoutables, de sa fonction. Voyons ! On ne refuse pas semblable situation ! Pilate se retourne de nouveau, vers le problĂšme concret du moment. Vers ces Juifs qui sont lĂ , sous le balcon, et qui crient
 VoilĂ  ce qui est autrement important que les propos de ce JĂ©sus. VoilĂ  ce qui prime tout. Mais, et c’est lĂ  son pĂ©chĂ©, sans avoir pris la peine d’attendre et d’entendre la rĂ©ponse et les directives du Seigneur. Un peu plus tard, lorsque, dans son dĂ©lire, la foule rĂ©clamera la mort de JĂ©sus, le dernier argument, qui est aussi l’explication suprĂȘme, sera lancĂ© Ă  Pilate quia Filium Dei se fecit
 parce qu’il s’est fait Fils de Dieu
 » Fils de Dieu ! VoilĂ  la clef de toutes ces Ă©nigmes sur lesquelles Pilate bute depuis un long moment
 Cette fois, il veut savoir D’oĂč es-tu ?
 » Autrement dit Qui es-tu ? Mais d’oĂč viens-tu, homme extraordinaire ? Dis-moi quel est ton mystĂšre afin que je comprenne, enfin. JĂ©sus garde le silence. AprĂšs tout ce qu’Il a dit, aprĂšs cette flagellation que Pilate vient d’ordonner, la VĂ©ritĂ© n’a pas Ă  rĂ©pondre Ă  de telles injonctions. Devant le silence de ce prisonnier inouĂŻ, la crainte de Pilate dĂ©cuple. Il a peur, comme tous les faibles. Et, comme tous les faibles qui ont peur, il va non, certes, faire sentir sa puissance Ă  cette foule hurlante en donnant l’ordre aux soldats de la disperser. Non ! Il va crĂąner » devant cet homme enchaĂźnĂ© et apparemment impuissant. Il va menacer le Juste au nom de ce qu’il croit ĂȘtre son autoritĂ© » Cette fois, JĂ©sus va rĂ©pondre et, prĂ©cisĂ©ment, par respect pour cette autoritĂ© » de Pilate, qui est l’autoritĂ© mĂȘme du pouvoir civil. JĂ©sus va rĂ©pondre comme il a rĂ©pondu au Grand PrĂȘtre invoquant le nom de Dieu vivant ». Pouvoir spirituel et pouvoir temporel notre Seigneur a voulu nous laisser cet exemple de parfaite soumission aux deux pouvoirs instituĂ©s par Dieu. Tu ne me parles pas ? Ne sais-tu pas que j’ai pouvoir de te crucifier et pouvoir de te relĂącher ? » Et JĂ©sus de rĂ©pondre Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir s’il ne t’avait Ă©tĂ© donnĂ© d’en haut ». Tu n’aurais
 » toi
, Pilate
 C’est-Ă -dire toi, homme politique quelconque investi d’une parcelle d’autorité , qui que tu sois simple fonctionnaire, juge, dĂ©putĂ©, ministre, gouverneur, prince ou roi
, tu n’aurais aucun pouvoir si tu ne l’avais reçu d’en haut, c’est-Ă -dire de Dieu, c’est-Ă -dire de Moi. Et, puisque ton pouvoir est un pouvoir politique, juridique, social, le seul fait que je vienne d’affirmer que ce pouvoir vient de Moi prouve, sans contestation possible, que la royautĂ© que je revendique, bien que n’étant pas de ce monde, s’exerce quand mĂȘme sur lui, sur les individus comme sur les nations. Et cela parce que je me dis Fils de Dieu ». DĂ©sormais, la leçon est complĂšte qu’à travers Pilate, JĂ©sus a voulu adresser aux politiques de tous les temps. Explication suprĂȘme qui couronne et confirme tout ce qui a Ă©tĂ© dit. A suivre Le service de la royautĂ© sociale du Christ » est-il facultatif ? Pour se former et agir Ă  l’école de Jean Ousset, lire Pour qu’il RĂšgne », ouvrage historique de ceux qui veulent agir Ă  contre courant » comme nous y invite le Pape François.
Ilnous faut accepter l’idĂ©e que le monde est complexe et que, par consĂ©quent, il n’y a pas de vĂ©ritĂ©. Quelles soient algorithmiques, scientifiques ou journalistiques, toutes nos mĂ©thodes pour Ă©tablir des vĂ©ritĂ©s sont biaisĂ©es et risquĂ©es. La grande confusion autour de l’hydroxychroroquine et du professeur Raoult en est un bon
Devoir de philosophie . Douter, est-ce renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© ? Dans l’usage courant le mot douter se rapporte Ă  une interrogation, un manque de certitude ou une mĂ©fiance quant ? la sincĂ©ritĂ© de quelque chose ou quelqu’un. Le doute revient ? admettre qu’on ne sait pas. Le verbe renoncer se rattache Ă  un abandon et un dĂ©sistement. La vĂ©ritĂ© a ici un sens plus complexe. On peut la dĂ©finir en disant que constat descriptif de la rĂ©alitĂ©. On viendra donc Ă  se demander Le doute dĂ©truit-il la vĂ©ritĂ© ? On verra tout d’abor est destructeur puis chemin de la vĂ©ritĂ©. Dans certains cas la p g itĂ© dogmatique -tre vue comme le . Par lĂ  on entend qu’elle est une affirmation considĂ©rĂ©e comme fondamentale, incontestable et intangible par une autoritĂ© politique, philosophique ou religieuse. Les premiĂšres personnes Ă  qui on pense lorsque l’on Ă©voque cela sont les fanatiques religieux. Quand on dit fanatisme, on Ă©voque obstination, entĂȘtement, croyance aveugle et acharnement sans limite. Le fanatisme nous rend sourd et compacte ce qui ne nous met dans une situation de renfermement par rapport Ă  l’extĂ©rieur et surtout vis-Ă -vis aux vis, idĂ©es ou remarques. La vĂ©ritĂ© devient abstraite car seule la notre reste vrai. CĂ©crivain français du 19Ăšme siĂšcle Victor Hugo d dit » Rien n’égale la puissance de surditĂ© volontaire des fanatismes. . par lĂ  l’écrivain appui le fait que les fanatiques ont une vision rĂ©duite de la vĂ©ritĂ©. En doutant de leurs idĂ©es religieuses tout est remit en question, voir dĂ©truit. La question a t-il un paradis oĂč l’on va aprĂšs la mort ? » peut engendrer une confusion considĂ©rable. Les croyants pourraient se poser des questions comme Pourquoi agir de telle ou telle façon si rien e nous attend aprĂšs ?. La croyance religieuse repose sur une certitude qui est la sienne et qui pour fonctionner, ne doit pas ĂȘtre douter. Cautre forme de vĂ©ritĂ© dogmatique est la superstition. La superstition se dĂ©finit comme un ensemble de croyances et de pratiques irrationnelles en contradiction avec l’ordre de la nature et la raison. C’est une relation inexplicable entre deux Ă©lĂ©ments qui ne sont pas logiques. Les gens rĂ©ellement superstitieux sont rares. Par exemple le numĂ©ro treize est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme un chiffre porte-malheur. Bien que cette superstition est idiculisĂ©e par beaucoup de personnes, certaines personnes annulent tout rendez-vous un vendredi treize. MĂȘme ceux qui ne croient pas en de telles superstitions, ne sont pas surpris lorsque pleins de malheurs se produisent un vendredi treize. Cette superstition devient donc une vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©ral incontestable qui n’a Ă©tĂ© en aucun cas dĂ©montrĂ©. La superstition religieuse existe aussi. Elle est en gĂ©nĂ©ra 2 OF s incontestable qui n’a Ă©tĂ© en aucun cas dĂ©montrĂ©. La superstition religieuse existe aussi. Elle est en gĂ©nĂ©ral plus dangereuse » que celle de fait commun comme le chiffre treize. Si cette superstition est brisĂ© » elle peut menĂ© au malheur et au dĂ©sespoir. Elle n’est elle aussi pas contestable. Le philosophe Kant dans son texte Les Maximes fondamentales de la raison accuse la superstition d’ĂȘtre un simple prĂ©jugĂ©. Pour lui la superstition a renoncĂ© ? faire un usage proprement rationnel de sa raison. Le philosophe conseil de ne pas s’enfermer dans sa logique qui n’est peut ĂȘtre pas la bonne. Dans les deux cas Ă©voquĂ©s le doute de la vĂ©ritĂ© est dĂ©vastateur. Il dĂ©truit une vĂ©ritĂ© qui est dite incontestable h. De ce fait elle disparaĂźt. Le doute n’est pas un renoncement Ă  la vĂ©ritĂ©, c’est au contraire une façon de le chercher. Platon affirmait que l’origine de la philosophie est l’étonnement, c’est-Ă -dire cette attitude qui consiste Ă  s’interroger, Ă  ne pas se satisfaire des rĂ©ponses toutes faites et des opinions. Le philosophe ne possĂšde pas la vĂ©ritĂ©, il la recherche. Certains philosophes comme Socrate par exemple pense que la reconnaissance de sa propre ignorance est la condition pour trouver la vĂ©ritĂ©. Le doute permet de trouver la vĂ©ritĂ© lorsqu’on parle d’illusion par exemple. ne illusion est une pparence trompeuse, une perception fausse, un jugement erronĂ©,
 Le philosophe Platon parle de cell 3 OF s une perception fausse, un jugement erroné . Le philosophe Platon parle de celle-ci dans le texte La RĂ©publique. Dans l’extrait du mythe de la caverne, Platon met en scĂšne des prisonniers ligotĂ©s de tel sorte qu’il tourne le dos Ă  la lumiĂšre et qu’ils ne voient que des ombres, sans savoir ce qu’elles sont. Ils sont par la suite libĂ©rĂ©. Les prisonniers souffrent d’éblouissement, d’excĂšs de lumiĂšre et de traumatisme. Finalement les sujets sont forcĂ©s e sortir physiquement et mentalement de la caverne. Une fois dehors ils s’habltuent Ă  la lumiĂšre. Grace une la rĂ©flexion et au doute, ils se rendent compte de l’illusion dont ils ont Ă©tĂ©s victimes. Ces hommes Ă©taient prisonniers des apparences car ils ne remettaient pas en doute ce qu’ils voyaient. Le doute relativement Ă  la connaissance est alors dĂ©fini comme le contraire de l’adhĂ©sion donnĂ© sans preuve Ă  une idĂ©e, le doute est le recul nĂ©cessaire de la rĂ©flexion pour s’habituer Ă  la lumiĂšre de la raison. Le doute progressif s’applique aux vĂ©ritĂ©s scientifiques. Celles-ci e sont pas seulement provisoires, elles font l’objet d’un questionnement permanent dans le but de les remettre en question et de les tester. Les savants partent toujours du principe que leurs thĂ©ories sont peut-ĂȘtre fausses et qu’ils doivent les renforcer en les soumettant Ă  des nouvelles expĂ©riences ou en les exposant Ă  d’autres thĂ©ories concurrentes. De ce point de vue, la vĂ©ritĂ© ne peut 4 OF S expĂ©riences ou en les exposant Ă  d’autres thĂ©ories concurrentes. De ce point de vue, la vĂ©ritĂ© ne peut jamais ĂȘtre dĂ©finitive au sens ou, si certaines thĂ©ories sont considĂ©rĂ©es comme vraies car on a pas montrĂ© qu’elles Ă©taient fausses, il n’en reste pas moins que le savoir absolu n’est pas atteint et que le progrĂšs de la connaissance en gĂ©nĂ©ral est susceptible d’aboutir a une remise en cause de que l’on considĂ©rait jusque lĂ  comme vrai. Selon Descartes l’idĂ©e devient vrais » lorsqu’elle est soumise ? l’examen du doute. A travers ce doute on dĂ©crypte un secret, on dĂ©couvre une rĂ©alitĂ© cachĂ©. Quand une vĂ©ritĂ© est dĂ©couverte elle prend son sens, sa puissance. Grace Ă  ces deux cas on voit que le doute peut ĂȘtre la dĂ©marche de la vĂ©ritĂ©. AprĂšs avoir vue le caractĂšre destructeur du doute sur la vĂ©ritĂ© et le contraire, son caractĂšre progressif on peut en conclure que la vĂ©ritĂ© Ă©voque une notion de dĂ©passement. Son cote dogmatique ne s’applique qu’à une toute petite partie de la population, alors que le doute qui nous mĂšne Ă  la vĂ©ritĂ© nous concerne tous. Mais la vĂ©ritĂ© est surtout en mouvement. Les philosophes Bachelard et Hegel pense tous les deux que la vĂ©ritĂ© n’est ni dĂ©finitive ni absolue. Elle a un caractĂšre inĂ©puisable , on peut toujours rajouter Ă  celle-ci. Elle est rectifiable de façon permanente. S OF s Certesce quelque chose n'est pas nommĂ©, peut-ĂȘtre parce que c'est « quelque chose que nous ne connaissons pas «, peut ĂȘtre mĂȘme c'est quelque chose d'innommable. Car peut-on donner un nom au vouloir ? D'oĂč l'apologie brĂšve que NIETZSCHE fait de la critique. Lorsqu'elle n'est pas liĂ©e Ă  l'activitĂ© de la raison, elle est bonne, parce qu'elle nous permet de pressentir qu'il y Voici les sujets de philosophie et les corrigĂ©s de la premiĂšre Ă©preuve passĂ©e ce lundi par les candidats au Bac 2014. En partenariat avec Philosophie Magazine consultez les sujets et pistes de rĂ©flexion pour l'introduction et la problĂ©matisation et ainsi pour comprendre si vous avez dissertĂ© ou expliquĂ© le texte dans le bon sens...Les sujets du Bac philo 2014SĂ©rie L LittĂ©rairecoef 7Sujet 1 Les Ɠuvres d'art Ă©duquent-elles notre perception ?Sujet 2 Doit-on tout faire pour ĂȘtre heureux ?Sujet 3, explication de texte Karl Popper, La Connaissance objective», 1972SĂ©rie ES Economiquecoef 4Sujet 1 Suffit-il d'avoir le choix pour ĂȘtre libre ?Sujet 2 Pourquoi chercher Ă  se connaĂźtre soi-mĂȘme ?Sujet 3, explication de texte Hannah ARENDT, Condition de l’homme moderne, 1958SĂ©rie S Scientifiquecoef 3Sujet 1 Vivons-nous pour ĂȘtre heureux ?Sujet 2 L'artiste est-il maĂźtre de son Ɠuvre ?Sujet 3, explication de texte RenĂ© Descartes - RĂšgles pour la direction de l’esprit, 1628Bac Techno SĂ©rie TMDTechniques de la Musique et de la Danse coef 3Sujet 1 La diversitĂ© des cultures fait-elle obstacle Ă  l’unitĂ© du genre humain ?Sujet 2 Peut-on ĂȘtre indiffĂ©rent Ă  la vĂ©ritĂ© ?Sujet 3, explication de texte KANT, Doctrine de la vertu, Techno / toutes sĂ©riesSujet 1 Les Ă©changes sont-ils toujours intĂ©ressĂ©s ?Sujet 2 Une vĂ©ritĂ© peut-elle ĂȘtre dĂ©finitive ?Sujet 3 Texte extrait du Gorgias de Platon + questions sur le texte dont "Celui qui vit dans l'injustice et qui cherche Ă  Ă©chapper Ă  la punition est-il le plus malheureux des hommes ?"Bac pourquoi la philo ouvre le bal des Ă©preuves ?Les corrigĂ©s du Bac Philo 2014Avertissement il ne s’agit ici que de pistes de rĂ©flexion et non d’une copie type nĂ©cessairement attendue par vos correcteurs. D’autres approches, d’autres thĂšses et arguments sont Bac Philo SĂ©rie L Doit-on tout faire pour ĂȘtre heureux ?Introduction/ la diffĂ©rence de l’animal, l’homme ne se contente pas du bien-ĂȘtre physique et psychique et d’un Ă©tat de contentement de ses besoins. AnimĂ© par le dĂ©sir, il est en quĂȘte d’une satisfaction absolue, d’un Ă©tat de plĂ©nitude durable oĂč la perception du manque a disparu et qu’on appelle rĂ©guliĂšrement le bonheur. De ce fait, la vie de l’homme s’organise, consciemment ou non, autour de cette visĂ©e du bonheur. Est-ce Ă  dire que l’homme a l’obligation d’ĂȘtre heureux ? Si l’on prend le terme en un sens moral, il semble que le devoir de tout faire pour ĂȘtre heureux n’existe pas en effet, nos devoirs s’adressent principalement Ă  autrui et, dans le cas prĂ©sent, on ne voit pas bien de quelle violation d’un principe moral autrui pourrait ĂȘtre victime si je ne fais pas tout pour ĂȘtre heureux. Dans le mĂȘme temps, ne peut-on pas considĂ©rer qu’il existe une forme de devoir envers soi-mĂȘme qui nous ordonne de fuir le malheur, d’entretenir l’espoir et de mener son existence selon l’idĂ©e que l’on se fait d’une vie bonne, digne d’ĂȘtre vĂ©cue ?Mais si l’on entend ici qu’il s’agit de se donner tous les moyens possibles pour ĂȘtre heureux, le verbe devoir prend le sens d’un impĂ©ratif pratique et le problĂšme devient tout autre. En effet, il faut travailler Ă  son bonheur, s’en donner les moyens pour parvenir aux buts auxquels on identifie l’obtention du bonheur. Cependant, rien ne la garantie jamais car, premiĂšrement, il n’existe pas de recette tout faite, toute prĂȘte pour le bonheur et, deuxiĂšmement, parce que la visĂ©e effrĂ©nĂ©e du bonheur risque d’entretenir une Ă©tat d’insatisfaction permanent incompatible avec sa dĂ©finition mĂȘme
Retrouvez le plan dĂ©taillĂ© sur le site Mathias RouxCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie L Les Ɠuvres d’art Ă©duquent-elles notre perception ?Introduction/ProblĂ©matisation. La perception dĂ©signe d'abord notre maniĂšre de prendre conscience de la rĂ©alitĂ© qui nous entoure Ă  travers nos sens. Percevoir, c'est, en un sens, sentir. Or l'art s'adresse prĂ©cisĂ©ment Ă  notre sensibilitĂ©. C'est un objet matĂ©riel, sensible prĂ©cisĂ©ment et qui en tant que tel va prĂ©cisĂ©ment ĂȘtre perçu. DĂšs lors, on peut se demander dans quelle mesure l'Ɠuvre d'art Ă©duque notre perception. Cette question a deux significations d'une part il s'agit de savoir si la perception peut s'Ă©duquer ? Est-elle donnĂ©e, et donc immuable, ou au contraire acquise et pouvant alors subir une Ă©ducation et une Ă©volution? D'autre part, la question est aussi de savoir si l'Ɠuvre d'art reprĂ©sente le bon outil pour une Ă©ducation de la perception. Dans la mesure oĂč l'Ɠuvre d'art est fictive, produit de l'imagination, ne risque-t-elle pas au contraire de dĂ©former notre perception ?Retrouvez le plan dĂ©taillĂ© sur le site AĂŻda N'DiayeCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie L Explication de texte Karl Popper, La connaissance objective, 1972Introduction/ProblĂ©matisation. Ce texte fait deux choses d'une part, Popper dĂ©finit ce qu'il faut entendre par dĂ©terminisme physique, d'autre part, il en fait la critique. D'une part, donc, il s'agit bien de montrer que le dĂ©terminisme peut prendre plusieurs significations. Ce Ă  quoi s'intĂ©resse ici Popper est l'un de ces sens, le dĂ©terminisme physique dont il faudra donc prĂ©ciser la signification. D'autre part, il s'agit pour Popper d'en faire la critique. A travers la dĂ©finition qu'il en donne et les implications qu'il en tire, Popper cherche Ă  nous montrer que ce dĂ©terminisme constitue un vĂ©ritable "cauchemar" dans la mesure oĂč il implique que nous ne sommes absolument pas libres mais ne sommes que de "petits rouages". Il s'agit donc pour Popper de montrer en quoi les implications de ce dĂ©terminisme rendent celui-ci intenable. Pour cela, le texte est assez clairement structurĂ© en trois paragraphes
Retrouvez le plan dĂ©taillĂ© sur le site AĂŻda N'DiayeCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie ES Suffit-il d'avoir le choix pour ĂȘtre libre ?Introduction/ - 399, Socrate est condamnĂ© Ă  mort au motif qu'il a corrompu la jeunesse et qu'il n'a pas respectĂ© les dieux de la citĂ©. Mais ses amis le pressent de quitter AthĂšnes pour Ă©chapper Ă  cette sentence injuste. Socrate pourtant refuse il dĂ©cide de se donner la mort en buvant la ciguĂ«. Cet Ă©pisode cĂ©lĂšbre de l'histoire de la philosophie donne Ă  rĂ©flĂ©chir Socrate, en se suicidant a-t-il agi librement ? Son choix est-il bien celui d'un homme libre ?Choisir, c'est opter, donner sa prĂ©fĂ©rence Ă  une chose plutĂŽt qu'Ă  une autre. Se demander si avoir le choix suffit Ă  ĂȘtre libre revient Ă  faire du choix l'essence de la libertĂ©. Mais ainsi formulĂ© le sujet jette le doute sur cette identification. De fait si, lors d'une exĂ©cution capitale, on laisse au condamnĂ© le choix du mode d'exĂ©cution de la sentence, le choix n'est-il pas un faux choix ? Saint Paul en dĂ©cidant d'ĂȘtre dĂ©capitĂ© plutĂŽt que crucifiĂ©, parce qu'en tant que citoyen romain, ce choix lui est offert, aurait sans doute prĂ©fĂ©rĂ© rester en vie pour continuer sa mission Ă©vangĂ©lisatrice. Il semble donc qu' avoir le choix ne suffit pas Ă  ĂȘtre libre. Peut-on soutenir pour autant que renoncer Ă  choisir est un gage de libertĂ© ? On se doute que non car si ce renoncement est volontaire, il est encore le produit d'un choix et s'il ne l'est pas, il y a contrainte donc absence de libertĂ©. Tout le problĂšme consiste donc Ă  savoir si on peut dĂ©terminer a priori le choix pour que celui-ci garantisse notre libertĂ© Comment savoir si un choix est rationnel ou pas ? N'est-ce pas toujours a posteriori qu'on peut juger que tel ou tel choix Ă©tait bien celui d'un homme libre ? Bref, si le choix n'est pas suffisant pour ĂȘtre libre, n'est-ce pas toujours Ă  lui qu'il faut revenir pour signifier notre libertĂ© ? Plus classiquement, on demandera si la libertĂ© est rĂ©ductible au seul libre-arbitre
Retrouvez le plan dĂ©taillĂ© sur le site Nicolas TenaillonCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie ES Pourquoi chercher Ă  se connaĂźtre soi-mĂȘme ?Introduction/ProblĂ©matisation. Dans son Apologie de Socrate, Platon rapporte que la Pythie, prĂȘtresse du temple d'Apollon Ă  Delphes avait affirmĂ© que Socrate Ă©tait le plus sage des Grecs. Or au fronton de ce mĂȘme temple Ă©tait gravĂ©e la formule "Connais-toi toi-mĂȘme". Peut-on en dĂ©duire que Socrate avait tirĂ© sa sagesse de la connaissance qu'il avait de lui-mĂȘme ? Au fond pourquoi se connaĂźtre soi-mĂȘme ?L'intĂ©rĂȘt que nous portons Ă  nous-mĂȘmes ne fait guĂšre de doute ? Le goĂ»t du miroir, des arbres gĂ©nĂ©alogiques, des rĂ©seaux sociaux oĂč nous nous affichons, montre assez que nous sommes pour nous-mĂȘmes un intĂ©rĂȘt majeur. Mais ce rapport insatiable Ă  soi relĂšve-t-il bien de la connaissance ? Ne s'agit-il pas plutĂŽt d'une tendance au narcissisme ? Comment donc dĂ©mĂȘler dans les causes qui nous incitent Ă  nous observer nous-mĂȘmes celles qui sont subies et celles qui sont choisies ? Au fond il s'agit de savoir si la connaissance de soi peut servir un but louable ou si elle ne fait que nous enfermer dans notre ĂȘtre au point, paradoxalement, de nous y aliĂ©ner. Ou pour le dire autrement Quelle valeur attribuer Ă  l'introspection ?On se demandera par consĂ©quent si la quĂȘte de la connaissance de soi est naturelle, pourquoi elle peut ĂȘtre aliĂ©nante et comment elle peut ĂȘtre le plan dĂ©taillĂ© sur le site Nicolas TenaillonCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie ES Explication de texte Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, 1958Introduction/ProblĂ©matisation. Ce texte a pour thĂšme l’évolution technique et aborde la question de la diffĂ©rence entre l’outil et la machine. Selon Arendt, cette diffĂ©rence apparaĂźt dans le fait mĂȘme de poser une question Ă  propos de la machine qu’on n’avait pas eu l’idĂ©e de poser Ă  propos de l’outil est-ce Ă  la machine de s’adapter Ă  l’homme ou Ă  celui-ci de s’adapter Ă  la machine ? Pour l’auteur, cette question, en tant que telle, n’est pas intĂ©ressante et l’on ne doit pas y apporter de rĂ©ponse. En revanche, le fait qu’on la pose rĂ©vĂšle une diffĂ©rence fondamentale qui constitue la thĂšse de l’extrait prĂ©sentĂ© durant le processus de fabrication, l’opĂ©rateur est entiĂšrement au service de la machine alors que l’outil, lui, demeure au service de l’ouvrier. En arriĂšre plan de cette observation, nous voyons apparaĂźtre une diffĂ©rence de relation fondamentale de l’homme Ă  la technique selon qu’il s’agit de machine ou d’outils. Partant, ce texte nous invite donc Ă  caractĂ©riser l’outil par rapport Ă  la machine et Ă  repĂ©rer une rupture dans l’évolution technique puisque l’une n’apparaĂźt plus seulement comme l’amplification de l’autre la machine n’est pas seulement un outil plus performant mais un objet d’une autre nature, ayant des implications anthropologiques trĂšs le plan dĂ©taillĂ© sur le site Mathias RouxCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie S Vivons-nous pour ĂȘtre heureux ?Introduction/ sujet soulĂšve une problĂ©matique assez classique sur le bonheur celle de savoir quelle place nous devons/pouvons lui accorder dans nos existences. Le bonheur constitue d'une part une fin lĂ©gitime et mĂȘme universelle. On ne peut reprocher Ă  personne de vivre pour ĂȘtre heureux, c'est-Ă -dire de chercher Ă  atteindre le bonheur, et l'on peut mĂȘme donner Ă  cette affirmation une portĂ©e universelle oui, nous vivons tous, universellement, pour ĂȘtre heureux, tant il est vrai que la dĂ©finition du bonheur est suffisamment relative Ă  chacun pour que l'on puisse dire que tous les hommes veulent ĂȘtre heureux, quelqu'en soit la dans le mĂȘme temps, le bonheur est une fin incertaine. Vivre pour ĂȘtre heureux, cela signifie aussi chercher le bonheur Ă  tout prix, ne vivre que pour ça. Or, pouvons-nous ainsi tout sacrifier pour le bonheur? Le bonheur constitue-t-il la seule et unique fin de notre existence? Il y a en effet d'autres buts que l'homme, en tant qu'ĂȘtre raisonnable, peut poursuivre et qui peuvent aller Ă  l'encontre de leur bonheur individuel la vertu, la connaissance, la citoyennetĂ©, la libertĂ©.... Ainsi le bonheur est-il bien la seule fin de notre existence, au dĂ©triment de toutes les autres, oĂč notre humanitĂ© se joue aussi?... Retrouvez le plan dĂ©taillĂ© sur le site AĂŻda N'DiayeCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie S L’artiste est-il maĂźtre de son oeuvre ?Introduction/ProblĂ©matisation. On dit souvent d’une Ɠuvre d’art qu’elle a un auteur et qu’elle appartient Ă  un ensemble constituant l’Ɠuvre d’un artiste. Celui-ci est aussi considĂ©rĂ© comme possĂ©dant des dons techniques et un talent lui permettant de donner forme Ă  ses inspirations. Sa supĂ©rioritĂ© par rapport au commun des mortels tient prĂ©cisĂ©ment Ă  cette facultĂ© d’imposer Ă  un support la forme qu’il souhaite pour crĂ©er un Ɠuvre inĂ©dite, reprĂ©sentant ses aspirations. Par ces diffĂ©rents aspects, l’artiste s’apparente Ă  un maĂźtre. Mais la maĂźtrise technique ne constitue pas le seul aspect de la relation Ă  l’Ɠuvre, sinon l’artiste ne se distinguerait pas rĂ©ellement de l’artisan. Se demander si l’artiste est le maĂźtre de son Ɠuvre revient donc Ă  interroger la spĂ©cificitĂ© de la notion d’auteur et Ă  voir si elle s’apparente une relation de maĂźtrise, entendue aussi comme contrĂŽle et possession de quelque chose. Or, si l’artiste est bien un maĂźtre dans son domaine, il ne va pas de soi qu’il soit le maĂźtre de son Ɠuvre dans la mesure oĂč elle lui Ă©chappe de plusieurs maniĂšres et c’est, justement, en cela que rĂ©side la particularitĂ© de la dĂ©finition de l’artiste. En premier lieu
Retrouvez le plan dĂ©taillĂ© sur le site Mathias RouxCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie S Explication de texte RenĂ© Descartes, RĂšgles pour la direction de l’esprit, 1628Introduction/ est la meilleure mĂ©thode Ă  adopter pour faire progresser les connaissances ? Y a-t-il des rĂšgles simples, facilement assimilables qui permettraient d'orienter toute recherche nouvelle ? Et si oui, pourquoi n'ont-elles pas Ă©tĂ© fixĂ©es par les Anciens ? Dans ce texte de jeunesse de Descartes, philosophe et mathĂ©maticien, texte extrait des RĂšgles pour la direction de l'esprit, apparaĂźt dĂ©jĂ  tout l'enthousiasme du futur auteur du Discours de la mĂ©thode. Le pĂšre du rationalisme y propose en effet un nouveau paradigme pour fonder notre savoir le paradigme mathĂ©matique. Pourtant Platon avait dĂ©jĂ  affirmer l'importance de la connaissance des mathĂ©matiques comme condition de la connaissance puisqu'il avait fait graver au fronton de l'AcadĂ©mie "Que nul n'entre ici s'il est gĂ©omĂštre". En quoi donc le texte de Descartes est-il rĂ©ellement innovant ?Retrouvez le plan dĂ©taillĂ© sur le site Nicolas TenaillonCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie techno Les Ă©changes sont-ils toujours intĂ©ressĂ©s ?Introduction/ dĂ©finition, l’échange reprĂ©sente un acte de transaction entre au moins deux parties l’une donne quelque chose un objet, un bien, un service, une parole et reçoit en retour quelque chose de la part de l’autre, et rĂ©ciproquement. Or, lorsque l’on donne en vue de recevoir, cela prĂ©suppose que nous avons effectuĂ© une sorte de calcul Ă  l’avance et que nous avons prĂ©vu d’obtenir quelque chose, de tirer avantage de la situation. Autrement dit, nous sommes intĂ©ressĂ©s Ă  l’échange, nous satisfaisons un intĂ©rĂȘt propre en Ă©changeant avec autrui, l’intĂ©rĂȘt dĂ©signant l’avantage que nous espĂ©rons pour nous-mĂȘmes. L’exemple type est, bien entendu, celui de l’échange au sens Ă©conomique du terme qui n’est jamais gratuit, donc jamais peut-on toujours rapporter l’échange Ă  la poursuite d’un intĂ©rĂȘt ? Il semble que cela ne soit pas exemple, l’échange verbal – la communication – n’est pas toujours orientĂ©e par la recherche de l’intĂ©rĂȘt personnel. Il nous arrive de parler pour le plaisir de parler sans que nous ayons par avance dĂ©terminer ce que cela allait nous rapporter. Mais, prĂ©cisĂ©ment, dans ce cas, ne s’agit-il pas d’une forme d’illusion que de croire qu’un Ă©change puisse ainsi ĂȘtre dĂ©sintĂ©ressĂ© ? Ne faut-il pas affirmer que nous avons toujours un intĂ©rĂȘt quelconque, mĂȘme inconscient, Ă  pratiquer l’échange ? À moins que nous puissions proposer une autre dĂ©finition de l’échange, qui n’impliquerait pas nĂ©cessairement une rĂ©ciprocitĂ© automatique entre les parties et, dans ce cas-lĂ , l’échange pourrait peut-ĂȘtre se rapprocher de la dĂ©finition du le plan dĂ©taillĂ© sur le site Mathias RouxCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie techno Une vĂ©ritĂ© peut-elle ĂȘtre dĂ©finitive ?Introduction/ProblĂ©matisation. La question peut, Ă  premiĂšre vue, semblĂ©e curieuse. En effet, une vĂ©ritĂ© est une affirmation conforme Ă  la rĂ©alitĂ© qui, pour ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme telle, doit ĂȘtre valable universellement tout le temps, partout et pour tout le monde. Le fait qu’elle soit dĂ©finitive est impliquĂ© par sa dĂ©finition mĂȘme. Une vĂ©ritĂ© qui changerait avec le temps ne serait qu’une opinion provisoirement considĂ©rĂ©e comme vraie, c’est-Ă -dire seulement vraisemblable ou probable, et donc pas rĂ©ellement une disposons-nous de telles vĂ©ritĂ©s ? L’histoire du progrĂšs des connaissances et de la science fourmille d’exemples de prĂ©tendues vĂ©ritĂ©s considĂ©rĂ©es comme telles pendant des siĂšcles soudainement contestĂ©es, abandonnĂ©es et remplacĂ©es par d’autres. Quelle garantie avons-nous donc du caractĂšre dĂ©finitif de nos vĂ©ritĂ©s ? Une vĂ©ritĂ© n’est-elle pas toujours provisoire, autrement dit n’est-elle valable que tant qu’elle nous rend service ou qu’il n’a pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© qu’elle Ă©tait fausse ?Retrouvez le plan dĂ©taillĂ© sur le site Mathias RouxCorrigĂ© Bac Philo SĂ©rie techno Explication de texte Gorgias, PlatonRĂ©ponse Ă  la premiĂšre question La thĂšse de ce texte est originale Socrate amĂšne son interlocuteur Ă  reconnaĂźtre que celui qui commet l’injustice et qui en tire des bĂ©nĂ©fices est, en rĂ©alitĂ©, plus malheureux encore que sa victime. Ou pour le dire autrement, l’injuste est aussi victime de son injustice. Cette thĂšse s’accorde bien Ă  une autre remarque de Socrate selon laquelle il vaut mieux subir l’injustice que de la Socrate, Ă©chapper Ă  la punition n’est pas une chance mais une tragĂ©die. Pour le montrer, il fait un parallĂšle avec le cas de la maladie quand on est malade, rien de mieux ne peut nous arriver que d’ĂȘtre guĂ©ri, mĂȘme si le traitement est douloureux. Il en est de mĂȘme avec l’injustice le chĂątiment nous guĂ©rit de l’injustice en nous faisant connaĂźtre en quoi consiste la le plan dĂ©taillĂ© sur le site Mathias RouxAvertissement il ne s’agit ici que de pistes de rĂ©flexion et non d’une copie type nĂ©cessairement attendue par vos correcteurs. D’autres approches, d’autres thĂšses et arguments sont du Bac Ă©preuves / Les sujets probables du Bac / Les rĂ©sultats du Bac
laplupart des pays dans le monde : c’est prohibĂ©. Chacun, a donc le droit d’avoir sa culture, de disposer de sa vĂ©ritĂ© culturelle et de l’exprimer ainsi que de la pratiquer librement. Soutenir « Ă  chacun sa vĂ©ritĂ© » est donc un acte permis par la loi, quelques sot sa culture, sa religion, son partie politique ou sa valeur morale,
Peut-on dire Ă  chacun sa vĂ©ritĂ© » ? CĂ©dric Eyssette Le terme de “vĂ©ritĂ©â€ est parfois employĂ© de maniĂšre large pour dĂ©signer l'authenticitĂ© d'une chose “un vrai Picasso” ou la sincĂ©ritĂ© d'une personne “une personne vraie”. Au sens strict, ce qui est vrai ou faux, ce sont des affirmations l'affirmation qu'il pleut est vraie s'il pleut, fausse s'il ne pleut plas. DĂ©finition La vĂ©ritĂ© semble pouvoir se dĂ©finir comme la correspondance entre une affirmation et la rĂ©alitĂ© elle-mĂȘme une affirmation est vraie, si elle est conforme Ă  la rĂ©alitĂ©, fausse si elle n'est pas conforme Ă  la rĂ©alitĂ©. Un exemple de dĂ©bat pour comprendre les enjeux de la notion de vĂ©ritĂ© y a-t-il des vĂ©ritĂ©s Ă©conomiques ? cliquez sur les images pour voir les extraits vidĂ©o Approfondissement Si la question L'Ă©conomie est-elle une science ? » vous intĂ©resse, vous pouvez lire cet article de Quentin Ruyant sur son blog de philosophie des sciences. I - Le relativisme de la vĂ©ritĂ© PremiĂšre partie DĂ©finition Le relativisme de la vĂ©ritĂ© est la thĂšse selon laquelle la vĂ©ritĂ© n'existe pas il n'y aurait pas de vĂ©ritĂ© absolue, mais seulement une vĂ©ritĂ© relative Ă  chaque individu Ă  chacun sa vĂ©ritĂ© ». Nous avons dĂ©jĂ  rencontrĂ© des formes spĂ©cifiques de relativisme Le relativisme moral Les jugements sur le bien et le mal sont relatifs il n'y a pas de vĂ©ritĂ© morale absolue Le relativisme esthĂ©tique Les jugements de valeur sur les Ɠuvres d'art sont relatifs il n'y a pas de vĂ©ritĂ© absolue enmatiĂšre de goĂ»ts esthĂ©tiques Nous ne reviendrons pas ici sur les problĂšmes spĂ©cifiques que posent ces formes particuliĂšres de relativisme cf. le cours sur la philosophie morale, et le cours sur l'art. Ce qui nous intĂ©resse ici, c'est l'examen du relativisme de la vĂ©ritĂ©, qui est un relativisme gĂ©nĂ©ral. Peut-on soutenir, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, l'idĂ©e qu'il n'y a pas de vĂ©ritĂ© absolue, mais seulement une vĂ©ritĂ© relative Ă  chaque individu ? A. L'argument moral Le relativisme de la vĂ©ritĂ© prĂ©tend souvent ĂȘtre le meilleur moyen de dĂ©fendre plusieurs vertus L'humilitĂ© intellectuelle Être relativiste, c'est Ă©viter de prĂ©tendre qu'on a raison et que les autres ont tort La tolĂ©rance Être relativiste, c'est accepter que des personnes aient des croyances diffĂ©rentes La non-domination Être relativiste, c'est ne pas chercher Ă  dominer les autres en prĂ©tendant justifier un pouvoir sur les autres par la vĂ©ritĂ© de notre discours L'ouverture aux autres Être relativiste, c'est accepter de discuter avec les autres pour partager des points de vue diffĂ©rents B. L'argument de la subjectivitĂ© du jugement IdĂ©es principales Il n'y a pas de description neutre et objective du description est l'expression d'un engagement subjectif en faveur d'une certaine maniĂšre de penser Il n'y a pas de maniĂšre de penser objectivement meilleure que les autres II - Les limites du relativisme DeuxiĂšme partie A. Critique de l'argument moral L'argument moral ne constitue pas une bonne dĂ©fense du relativisme de la vĂ©ritĂ© Croire qu'il y a des vĂ©ritĂ©s n'implique pas nĂ©cessairement une forme d'arrogance on peut reconnaĂźtre la possibilitĂ© d'une erreur ou d'une comprĂ©hension partielle de la vĂ©ritĂ©. Croire qu'il y a des vĂ©ritĂ©s n'implique pas nĂ©cessairement une forme d'intolĂ©rance s'il existe une preuve objective de la vĂ©ritĂ© d'une affirmation, ce ne serait pas de l'intolĂ©rance que de critiquer l'affirmation contraire âș, et s'il n'existe pas de preuve objective, on peut reconnaĂźtre la possibilitĂ© de penser le contraire, et respecter son adversaire, mĂȘme si on a la conviction qu'il se trompe. i Croire qu'il y a des vĂ©ritĂ©s n'implique pas nĂ©cessairement une volontĂ© de dominer les autres, et ii on peut au contraire souligner que le relativisme empĂȘche de faire appel Ă  des savoirs critiques qui permettraient de montrer la faussetĂ© de certains discours idĂ©ologiques que les dominants utilisent pour justifier leur pouvoir cf. le texte de Jean-Jacques Rosat diapositive suivante. Le relativisme [
] garantirait, dit-on, le droit des dominĂ©s et des minoritĂ©s Ă  dĂ©fendre leur propre vision du monde. Et, certes, il peut arriver qu’il leur offre temporairement une protection efficace. Mais, fondamentalement, il est contradictoire avec tout projet d’émancipation, car il dĂ©possĂšde les dominĂ©s des armes de la critique [
]. Les dominĂ©s, en effet, ne peuvent espĂ©rer s’émanciper et retourner le rapport de force en leur faveur s’ils n’ont pas la possibilitĂ© de l’emporter sur les dominants dans l’espace des raisons celui de la connaissance du monde et de la sociĂ©tĂ© oĂč la seule force est celle des analyses et des arguments. C’est ce qu’avaient compris les LumiĂšres en nouant l’alliance de la connaissance et de la libertĂ©. En dĂ©truisant l’espace des raisons, le relativisme dĂ©noue cette alliance et enferme les plus faibles dans le seul espace des rapports de force oĂč ils seront, par dĂ©finition, toujours les vaincus. » Jean-Jacques Rosat, PrĂ©face Ă  La peur du savoir de Paul Boghossian, Ă©d. Agone, p. XXV i Croire qu'il y a des vĂ©ritĂ©s n'implique pas de refuser le dialogue on peut chercher Ă  convaincre autrui qu'on a raison, ou bien chercher Ă  progresser ensemble vers la vĂ©ritĂ© en dĂ©passant la comprĂ©hension partielle qu'on en a. ii C'est plutĂŽt le relativisme qui conduit chacun Ă  rester dans sa propre opinion, sans vĂ©ritable dialogue on refuse d'envisager la possibilitĂ© qu'on se trompe et on n'Ă©coute pas les arguments d'autrui qui pourraient nous inciter Ă  modifier nos croyances. B. Critique de l'argument de la subjectivitĂ© du jugement Il y a des jugements clairement subjectifs les jugements qui expriment nos prĂ©fĂ©rences, nos dĂ©sirs, mais tous les jugements ne se rĂ©duisent pas Ă  ce type de jugement. MĂȘme si un jugement exprime en partie un engagement subjectif en faveur d'une maniĂšre particuliĂšre de penser, on peut chercher Ă  dĂ©gager dans ce jugement ce qu'il permet de comprendre objectivement du rĂ©el C. Deux objections majeures contre le relativisme 1/ Le relativisme conduit Ă  des confusions importantes Ă  propos de la notion d'opinion Si on dit que “chacun a sa vĂ©ritĂ©â€, cela revient au fond Ă  dire que “chacun a son opinion” on fait comme si la vĂ©ritĂ© et l'opinion Ă©taient des notions Ă©quivalentes. On refuse alors de distinguer les opinions vraies et les opinions fausses, ce qui semble illĂ©gitime au moins pour certains cas dire que “2+2=5”, ou affirmer qu'il pleut alors qu'il ne pleut pas, tout cela constitue manifestement des opinions fausses. De plus, quand on exprime son opinion, on exprime un engagement envers la vĂ©ritĂ© de ce qu'on affirme. Cela n'aurait pas de sens de dire “Je pense qu'il pleut, mais ce n'est pas vrai qu'il pleut”. 2/ Le relativisme conduit Ă  une contradiction Si on affirme que la vĂ©ritĂ© n'existe pas, cela signifie qu'on affirme que c'est vrai que la vĂ©ritĂ© n'existe pas. On prĂ©suppose donc qu'il y a au moins une vĂ©ritĂ© que la vĂ©ritĂ© n'existe pas. Par consĂ©quent on se contredit. On affirme Ă  la fois qu'il n'y a pas de vĂ©ritĂ© et qu'il y en a une. Autre maniĂšre de formuler cet argument dĂ©fendre le relativisme, c'est affirmer la vĂ©ritĂ© du relativisme, mais le relativisme affirme qu'il n'y a pas de vĂ©ritĂ©, donc que le relativisme n'est pas une thĂšse vraie 
 Le relativisme de la vĂ©ritĂ© est auto-rĂ©futant il se rĂ©fute lui-mĂȘme.
\n\n peut on soutenir que la verité n existe pas
Platon dans La RĂ©publique nous apporte, avec l’allĂ©gorie de la caverne, une rĂ©ponse Ă  la question Ă  savoir si refuser la vĂ©ritĂ© n’était pas se simplifier la vie. Ainsi, Ă  travers l’exemple des Hommes enchaĂźnĂ©s au fond de la caverne qui tournent le dos Ă  la vĂ©ritĂ©, symbolisĂ©e par la lumiĂšre, ces derniers pour une majoritĂ© une fois sorti de l’ombre prĂ©fĂ©reront Livres Les nations et les hommes ont besoin de mythes et de mensonges pour se construire. Ce qui ne veut pas dire que les livres soient des mensonges mĂȘme si, par dĂ©finition, une fiction est toujours un mensonge. C’est un mensonge qui touche Ă  la vĂ©ritĂ©. Paul Auster in La solitude du labyrinthe 1997. En dĂ©pit du bon sens, certains lecteurs attendent encore du roman une rĂ©vĂ©lation, pour ne pas dire une vĂ©ritĂ© qui doit s’entendre ici comme un principe certain qui met le doute en Ă©chec, tandis que d’autres, comme Paul Auster, portant pourtant un regard trĂšs professionnel sur la littĂ©rature d’imagination, continuent Ă  l’associer Ă  des contre-vĂ©ritĂ©s. La fiction ne serait-elle pas plutĂŽt un espace hermĂ©tique Ă  la vĂ©ritĂ© et au mensonge ? S’il existe bel et bien en anglais comme en français un lien de parentĂ© lexicale entre mensonge et littĂ©rature, deux mots qui se recoupent dans le vocable de fiction »[i], les Ă©crits ne peuvent ĂȘtre associĂ©s Ă  des menteries dans le genre romanesque, du moins sur un plan philosophique. Le bon sens voudrait que l’on se range Ă  l’opinion de Peter McCormick lorsqu’il dĂ©clare que l’art du conte, Ă  l’inverse du mensonge, se rĂ©sume Ă  faire semblant sans chercher Ă  tromper, Ă©tant plus proche de la comĂ©die que du faux serment ».[ii] Et ce professeur de philosophie d’ajouter L’écrivain de fiction [
] simule la rĂ©fĂ©rence parce que la nature des phrases fictionnelles est telle qu’il ne peut faire rĂ©fĂ©rence Ă  quoi que ce soit. L’écrivain qui s’exprime dans un rĂ©cit documentaire entend bien faire rĂ©fĂ©rence Ă  quelque chose ; par contraste, l’écrivain de fiction ne fait que simuler cette fonction rĂ©fĂ©rentielle ».[iii] Dans son explication, en faisant la distinction entre les catĂ©gories documentaire et fiction, McCormick sous-entend que la notion de vĂ©ritĂ© qui doit s’entendre ici comme le caractĂšre de ce qui s’accorde avec le sentiment de la rĂ©alitĂ© », in Le nouveau petit Robert est plus pertinente lorsqu’on traite d’un ouvrage documentaire que d’un rĂ©cit de fiction. Sans entrer dans des considĂ©rations linguistiques, Maurice Blanchot fait un constat similaire Ă  celui de McCormick, mais sur une tonalitĂ© plus poĂ©tique, et soutient que l’artiste n’appartient pas Ă  la vĂ©ritĂ©, parce que l’Ɠuvre est elle-mĂȘme ce qui Ă©chappe au mouvement du vrai, que toujours, par quelque cotĂ©, elle le rĂ©voque, se dĂ©robe Ă  la signification, dĂ©signant cette rĂ©gion oĂč rien ne demeure, oĂč ce qui a eu lieu n’a cependant pas eu lieu, oĂč ce qui recommence n’a encore jamais commencĂ©, lieu de l’indĂ©cision la plus dangereuse, de la confusion d’oĂč rien ne surgit [
]».[iv] Cette insistance sur la notion de vĂ©ritĂ© qui Ă©chappe Ă  l’espace littĂ©raire a Ă©tĂ© reprise par bien des thĂ©oriciens de la littĂ©rature dont Tzvetan Todorov pour qui les phrases qui composent le texte littĂ©raire ne sont pas plus fausses » qu’elles ne sont vraies ». [
] le texte littĂ©raire ne se soumet pas Ă  l’épreuve de vĂ©ritĂ©, [
] il n’est ni vrai ni faux, mais, prĂ©cisĂ©ment fictionnel ».[v] Le texte littĂ©raire est donc Ă  inscrire au chapitre de la fiction qui est le mode d’ĂȘtre du non-vrai ou du non-rĂ©el – par opposition au faux, au factice, Ă  la contrefaçon et Ă  la contrevĂ©ritĂ© qui sont antinomiques Ă  l’authenticitĂ©, Ă  la vĂ©ritĂ©. Par consĂ©quent, le lecteur n’a pas plus pour mission de chercher des vĂ©ritĂ©s dans le texte littĂ©raire que le romancier n’a de les enseigner. Parce qu’elle n’est pas rĂ©alitĂ©, l’Ɠuvre littĂ©raire peut Ă  loisir explorer le champ des possibilitĂ©s que le monde des vivants ne permet pas. L’Ɠuvre littĂ©raire nous propose un monde de possibles – et on rejoint ici la potentialitĂ© explorĂ©e par les oulipiens ! – mais elle ne saurait en aucun cas ĂȘtre un monde possible. Elle Ă©chappe au mouvement du vrai prĂ©cisĂ©ment parce que le romancier fait Ɠuvre d’imagination lorsqu’il affabule ses intrigues, une activitĂ© qui le conduit Ă  fabuler. Principe de VĂ©ritĂ© et principe de Confiance Pour Blanchot, Le roman est une Ɠuvre de mauvaise foi », Ă  double titre dira-t-on et de la part de celui qui Ă©crit, et de la part de celui qui lit, qui se tiennent tous les deux dans l’espace ambigu de l’imaginaire ».[vi] C’est peu ou prou ce que rĂ©sume Umberto Eco en Ă©voquant les recherches de John Searle[vii] qui elles font Ă©chos aux propos de Blanchot un discours qui perdure depuis plus d’un siĂšcle si l’on remonte jusqu’à Coleridge et sa suspension volontaire d’incrĂ©dulitĂ© ! Au bout du compte, ce que rĂ©vĂšle cette relation contractuelle bilatĂ©rale que les thĂ©oriciens appellent pacte fictionnel » dans laquelle l’écrivain donne le change et le lecteur accepte la duperie de plein grĂ©, c’est la distinction fondamentale entre le monde rĂ©el » et les mondes narratifs », le premier Ă©tant gouvernĂ© par le principe de VĂ©ritĂ© Truth » tandis que les seconds sont rĂ©gis par le principe de Confiance Trust ».[viii] Dans un autre livre, SĂ©miotique et philosophie du langage 1988, Umberto Eco remarque que la mĂ©taphore ne dit jamais la vĂ©ritĂ© puisqu’elle transgresse l’ordre de la rĂ©alitĂ© et procĂšde Ă  une remise en ordre poĂ©tique du monde. Sur un mode analogique, on pourrait s’autoriser un parallĂšle avec le roman, qui comme la mĂ©taphore, produit une image rĂ©sultant d’une construction verbale. Ce que dit Eco dans SĂ©miotique et philosophie du langage est donc, mutatis mutandis, applicable au statut de la fiction le roman ne dit jamais la vĂ©ritĂ© puisqu’il transgresse l’ordre de la rĂ©alitĂ© et procĂšde Ă  une remise en ordre poĂ©tique du monde. De l’aveu gĂ©nĂ©ral, faire des entorses Ă  la vĂ©ritĂ© est contraire Ă  la dĂ©ontologie d’un historien et qui Ă©tudiera le roman historique se rendra compte des rivalitĂ©s et des Ăąpres disputes qui font de la littĂ©rature et du rĂ©cit historique deux exercices de style qui ont chacun leurs spĂ©cificitĂ©s. Il serait donc judicieux de mener une Ă©tude d’envergure sur le roman historique et la quĂȘte de vĂ©ritĂ©, en examinant les polĂ©miques qui ont agitĂ© historiens et romanciers. Dans un mĂȘme esprit, on gagnerait Ă  analyser un certain nombre de litiges identitaires et de supercheries littĂ©raires afin de savoir si l’on doit tenir les auteurs responsables de leurs entorses qui entravent une prĂ©tendue quĂȘte de vĂ©ritĂ© » ou si les lecteurs se rendent coupables d’un procĂšs d’intention en soutenant implicitement l’existence d’une dimension alĂ©thique »[ix] dans l’espace de la fiction. D’autres questions en dĂ©couleront ces indĂ©licatesses portent-elles Ă  consĂ©quence dans l’espace de la fiction ou n’entament-elles que l’éthique de l’écrivain ? Et la plus importante des interrogations dans quelle mesure ces supercheries parviennent-elles Ă  nous renseigner sur le statut de la fiction ? A la lumiĂšre de ces rĂ©flexions, on s’aperçoit qu’il y a quelque incongruitĂ© pour le lecteur ou le romancier Ă  vouloir se lancer dans une quĂȘte de vĂ©ritĂ© au sein d’un espace qui ne le permet pas. D’oĂč ce fait bien commode qu’en littĂ©rature nul romancier ne puisse ĂȘtre coupable d’ignorance. Pour reprendre l’heureuse formulation de Christine Angot dans Une partie du cƓur 2004 Le mot chaise n’avait plus quatre pieds, il n’en avait plus qu’un en littĂ©rature. Ceux qui lui donnaient quatre pieds c’était leur affaire, l’écrivain n’en Ă©tait pas responsable. C’était bien pourquoi la responsabilitĂ© de l’écrivain n’existait pas. Et la culpabilitĂ© encore moins ». Notice biographique Essayiste bilingue, auteur de fiction et chercheur en littĂ©rature, Jean-François Vernay a signĂ© plusieurs rĂ©flexions littĂ©raires, toutes disponibles en langue anglaise. La sĂ©duction de la fiction qui vient de paraĂźtre aux Ă©ditions Hermann est son quatriĂšme essai par lequel il apporte sa contribution au champ des Ă©tudes littĂ©raires cognitives. [i] Terme qui dans son acception dĂ©suĂšte dĂ©note un mensonge » et qui dans le langage contemporain dĂ©signe une crĂ©ation de l’imagination, en littĂ©rature », similitude que l’on retrouve en anglais avec le dĂ©nombrable fictions » et l’indĂ©nombrable fiction». [ii] McCormick, Fictions and Feelings », Fictions, Philosophies and the Problems of Poetics Ithaca/London Cornell UP, 1988, 138. [iii] McCormick, Id. [iv] M. Blanchot, L’espace littĂ©raire Paris Gallimard, 1955, 318. [v] T. Todorov, La Notion de littĂ©rature Paris Le Seuil, 1987, 13. [vi] M. Blanchot, La Part du feu Paris Gallimard, 1949, 189 citĂ© in D. Hurezanu, Ibid., 53. [vii] Le lecteur doit savoir qu’un rĂ©cit est une histoire imaginaire, sans penser pour autant que l’auteur dit des mensonges. Simplement, comme l’a dit Searle, l’auteur feint de faire une affirmation vraie. Nous acceptons le pacte fictionnel et nous feignons de penser que ce qu’il nous raconte est rĂ©ellement arrivé». J. Searle, The Logical Status of Fictional Discourse » New Literary History 14 1975, citĂ© in U. Eco, 1996, 81. [viii] U. Eco, Six promenades dans les bois du roman et d’ailleurs Paris Grasset & Fasquelle, 1996, 95-6. [ix] Dans l’acception que lui donne Roland Barthes dans Qu’est-ce que la critique ? » 1963, Ă  savoir qui relĂšve de la vĂ©ritĂ© ». Jean-François Vernay Imprimer cet article Commentaires
\n\n \n \n\n\npeut on soutenir que la verité n existe pas
HenriNdongo. 3 ans. “il n'y a pas de vĂ©ritĂ© absolue “ est une opinion. Elle ne peux donc ĂȘtre qualifiĂ© absolument de vrai , car une opinion n'Ă©tant par dĂ©finition Ă©tayĂ© sur des faits ne peut ĂȘtre garanti vrai. Jean-Marc Deleglise. Les diplĂŽmes c'est pour rire, l'expĂ©rience c'est du sĂ©rieux.
Un livre de dĂ©finition la plus simple de la vĂ©ritĂ© pourrait ĂȘtre la suivante ce que nous disons ou pensons est vrai quand ce que nous avons en vue existe vraiment tel que nous le disons ou le pensons. De ce fait, la vĂ©ritĂ© serait l'image correcte, ou la connaissance, que nous avons de la rĂ©alitĂ©. Organisation de l'article cet article est divisĂ© en deux grandes parties. Dans la premiĂšre partie, nous avons organisĂ© une rĂ©flexion sur la vĂ©ritĂ© en suivant un fil directeur Ă©noncĂ© ci-dessus. Il nous a semblĂ© prĂ©fĂ©rable de procĂ©der ainsi afin d'Ă©viter de faire un catalogue d'opinions philosophiques et d'offrir un texte structurĂ© qui pourra, s'il atteint son but, donner une idĂ©e du travail philosophique que l'on doit fournir dans une dissertation. Le dĂ©faut de cette prĂ©sentation est que cet exposĂ©, mĂȘme si nous avons pris soin de formuler des points de vue variĂ©s et diverses objections, est inĂ©vitablement sĂ©lectif et orientĂ©. La seconde grande partie vient remĂ©dier en partie Ă  ce dĂ©faut, en proposant des extraits aussi variĂ©s que possibles de textes classiques et en fournissant une liste de sujets de dissertation. Manuel de philosophie Sujet Conscience - PerceptionInconscient - Autrui - DĂ©sirExistence et temps Culture Langage - ArtTravail et techniqueReligion - Histoire Raison et rĂ©el ThĂ©orie et expĂ©rienceDĂ©monstrationInterprĂ©tation - VivantMatiĂšre et esprit - VĂ©ritĂ© Politique SociĂ©tĂ©Justice et droit - État Morale LibertĂ© - Devoir - Bonheur RepĂšres Quelques remarques pour commencer[modifier modifier le wikicode] Cette dĂ©finition de la vĂ©ritĂ©, que nous plaçons en tĂȘte de ce chapitre et que nous allons avoir l'occasion de discuter, soulĂšve de deux types de problĂšmes. Premier problĂšme la vĂ©ritĂ© apparaĂźt comme une qualitĂ© que nous attribuons Ă  ce que nous disons ou pensons cette phrase est vraie, cette idĂ©e est vraie, et la vĂ©ritĂ© n'existe pas Ă  part de ce que nous qualifions de vrai. La question se pose donc de savoir Ă  quoi exactement nous attribuons cette qualitĂ© une phrase ou une idĂ©e et si nous avons raison de penser que la vĂ©ritĂ© est quelque chose que nous attribuons. Second problĂšme la vĂ©ritĂ© n'est attribuĂ©e que sous certaines conditions il faut une idĂ©e ou une pensĂ©e de quelque chose, et Ă©galement quelque chose qui existe dont nous avons l'idĂ©e et dont nous parlons. Dans ce cas, il y a une relation entre deux termes la pensĂ©e et la rĂ©alitĂ©, et, en dehors de cette relation, parler de vĂ©ritĂ© n'a pas de sens. Quelle est alors la nature de cette relation ? comment savons-nous que l'image que nous avons de la rĂ©alitĂ© est fidĂšle ? et comment la rĂ©alitĂ© peut-elle se reflĂ©ter dans notre esprit en sorte que nous puissions possĂ©der la vĂ©ritĂ© ? Afin de ne pas alourdir cet article, nous ne donnerons pas de rĂ©fĂ©rences en notes. Toutes les rĂ©fĂ©rences utilisĂ©es peuvent ĂȘtre retrouvĂ©es dans la bibliographie commentĂ©e et dans les extraits que nous donnons dans la section Textes. Qu'est-ce que nous disons ĂȘtre vrai ou faux ?[modifier modifier le wikicode] À quoi donnons-nous la qualitĂ© d'ĂȘtre vrai ? Nous avons dĂšs le dĂ©but supposĂ© que la vĂ©ritĂ© rĂ©sidait dans des phrases ce que nous disons Ă  propos de la rĂ©alitĂ© ou des pensĂ©es les idĂ©es que nous avons des choses. Nous commencerons par ce problĂšme, sans pourtant avoir rĂ©pondu Ă  ce stade Ă  la question de savoir ce qu'est la vĂ©ritĂ© en examinant dans quels cas nous parlons de vĂ©ritĂ©, nous parviendrons peut-ĂȘtre Ă  dĂ©terminer les usages corrects s'il y en a de cette notion, ce qui aura ensuite l'avantage de nous en faciliter la comprĂ©hension. Phrase et proposition[modifier modifier le wikicode] Il nous semble Ă©vident que les phrases disent des choses vraies ou fausses, comme nous l'avons supposĂ© dĂšs le dĂ©but. Cette idĂ©e, dans sa gĂ©nĂ©ralitĂ©, est pourtant fausse. Va me chercher du pain ! » est une phrase, mais elle n'est ni vraie ni fausse ; c'est un ordre. Il existe ainsi de nombreuses phrases que nous utilisons quotidiennement qui sont dans ce cas les phrases qui expriment une demande pourriez-vous etc. », un souhait je souhaiterais etc. ». Faut-il en conclure que les phrases ne disent rien de vrai ou de faux ? Évidemment non, car certaines phrases sont effectivement vraies ou fausses il pleut », mon bureau est blanc », etc. Pour distinguer ces phrases des autres, nous appellerons proposition » les phrases qui ont cette qualitĂ© de pouvoir ĂȘtre vraie ou fausse. PremiĂšre caractĂ©risation Une proposition est une phrase qui peut ĂȘtre vraie ou fausse. Ces propositions, telles que nous les dĂ©finissons, ne sont pas vraies en elles-mĂȘmes nous disons qu'elles peuvent Ă©noncer une vĂ©ritĂ© ou une erreur. Cela semble tenir au fait que la proposition Ă©nonce quelque chose Ă  propos d'une rĂ©alitĂ© indĂ©pendante de nous il pleut » peut ĂȘtre vraie quand je vois qu'il pleut, mais fausse plus tard quand il ne pleut plus. Une proposition prĂ©tend donc nous informer sur un Ă©tat de choses, et elle dĂ©crit correctement ou non cet Ă©tat de choses. Nous pouvons alors Ă©noncer les deux caractĂ©ristiques suivantes DeuxiĂšme caractĂ©risation Une proposition prĂ©tend nous apprendre quelque chose Ă  propos d'un Ă©tat de choses. TroisiĂšme caractĂ©risation Une proposition est vraie ou fausse selon qu'elle s'accorde ou non avec un Ă©tat de choses. Nous examinerons plus loin ces conditions de la vĂ©ritĂ© d'une proposition, mais remarquons que le fait d'ĂȘtre vrai semble impliquer la possibilitĂ© d'ĂȘtre faux. Une proposition ne peut-elle pourtant pas toujours ĂȘtre vraie ? Sans doute, si elle exprime une rĂ©alitĂ© qui est toujours comme nous en parlons. Mais le monde extĂ©rieur est changeant, et cela laisse peu d'espoir de trouver des propositions toujours vraies. Pourtant, il est une sorte de proposition qui semble possĂ©der cette qualitĂ© ce sont les propositions mathĂ©matiques. En effet, de quelque maniĂšre qu'on l'envisage, 2 + 2 = 4 est toujours vraie. Seulement, les propositions mathĂ©matiques ne parlent pas des objets du monde extĂ©rieur ; quel genre de rĂ©alitĂ©s peuvent ĂȘtre les objets mathĂ©matiques est une question difficile que nous n'aborderons pas ici. Contentons-nous de dire qu'il y a des propositions qui portent sur le monde extĂ©rieur et qu'elles sont vraies ou fausses, et qu'il y en a d'autres qui portent peut-ĂȘtre sur autre chose et qu'elles semblent pouvoir ĂȘtre toujours vraies. Cependant, si nous regardons d'un peu plus prĂšs ces rapports diffĂ©rents Ă  la vĂ©ritĂ© et Ă  la faussetĂ©, nous sommes amenĂ©s Ă  nous demander s'il ne faut pas distinguer des propositions de nature diffĂ©rente. En effet, dans le premier cas, la vĂ©ritĂ© ou la faussetĂ© dĂ©pend d'un lien avec la rĂ©alitĂ© il pleut » reflĂšte ou non le fait qu'il pleut. Mais que reflĂšte 2 + 2 = 4 » ? Loin d'avoir besoin d'une rĂ©alitĂ© empirique pour ĂȘtre vraie, cette phrase paraĂźt ĂȘtre vraie en vertu de la dĂ©finition des signes qu'elle contient, ou de ce que veulent dire ses termes et ses symboles et de la maniĂšre dont nous les utilisons 2 », + », = ». Nous n'allons pas tout de suite examiner ce problĂšme, afin de poursuivre notre enquĂȘte sur ce que nous disons ĂȘtre vrai ou faux. Retenons pour le moment qu'il y a Ă  l'Ă©vidence diffĂ©rents genres de phrases les propositions que nous disons ĂȘtres vrais ou faux, et que ces propositions ne sont sans doute pas vraies ou fausses pour les mĂȘmes raisons et dans les mĂȘmes conditions. Enfin, nous devons considĂ©rer le type de rĂ©alitĂ© qu'est la proposition, afin de savoir exactement ce que nous qualifions de vrai ou de faux. Nous avons dit que la proposition est phrase. Elle se prĂ©sente en effet comme telle. ConsidĂ©rons cependant les deux phrases suivantes il pleut », et es regnet ». Nous avons lĂ  deux phrases distinctes, la premiĂšre en Français, la seconde traduisant la premiĂšre en Allemand. Ce sont toutes deux des propositions, puisqu'elles portent sur un Ă©tat de choses et qu'elles peuvent ĂȘtre vraies ou fausses. Admettons qu'elles portent sur le mĂȘme Ă©tat de choses c'est le mĂȘme phĂ©nomĂšne mĂ©tĂ©orologique qui est dĂ©crit, au mĂȘme endroit, au mĂȘme moment. Il faut alors en conclure que ces deux phrases diffĂ©rentes sont en fait une seule et mĂȘme proposition, et qu'une proposition n'est pas simplement un certain type de phrases composĂ©es de signes dĂ©terminĂ©s lettres, mots associĂ©s par des rĂšgles de grammaire, puisqu'elle peut ĂȘtre traduite en diffĂ©rentes langues en restant la mĂȘme proposition. Il y a donc des phrases qui sont des propositions, mais la proposition n'est pas Ă  proprement parler une phrase dĂ©terminĂ©e. Qu'est-ce alors qu'une proposition ? Si nous regardons nos deux exemples, nous pourrions dire qu'elles expriment toutes deux la mĂȘme idĂ©e Ă  propos d'une certaine rĂ©alitĂ©. La proposition ne serait-elle pas alors une certaine sorte d'idĂ©e ou de rĂ©alitĂ© mentale que nous pouvons exprimer de maniĂšre sensible, par des signes Ă©crits ou des sons ? Il nous faut, pour tenter d'y rĂ©pondre, examiner ce que nous entendons par ce terme d' idĂ©e ». Nos idĂ©es[modifier modifier le wikicode] J'ai par exemple l'idĂ©e qu'il pleut et il se trouve qu'il pleut. Il nous semblent ainsi Ă©vident que nos idĂ©es sont vraies ou fausses, et, dans ce cas, nous pensons Ă  des idĂ©es que nous pouvons Ă©noncer, comme nous l'avons dit ci-dessus, sous la forme de phrases. La proposition, vraie ou fausse, serait donc une sorte d'idĂ©e situĂ©e dans notre tĂȘte, donc une rĂ©alitĂ© mentale, et la phrase serait l'expression sensible d'une idĂ©e ou d'un certain genre d'idĂ©es nommĂ© proposition ». Mais, comme dans le cas de la phrase, ce n'est peut-ĂȘtre pas une gĂ©nĂ©ralitĂ© que l'idĂ©e peut ĂȘtre vraie ou fausse. Nous devons chercher s'il y a des idĂ©es qui auraient, contrairement Ă  d'autres, la particularitĂ© d'ĂȘtre des propositions parce qu'elles peuvent ĂȘtre vraies ou fausses. Mais nous parlons d'idĂ©e Ă  propos de toutes sortes de rĂ©alitĂ©s mentales, ce qui ne facilite pas notre recherche. Appelons idĂ©e » toutes les reprĂ©sentations, images, pensĂ©es, qui peuvent nous venir Ă  l'esprit. Parmi ces idĂ©es, nous en trouvons dont nous pourrions peut-ĂȘtre dire qu'elles ne sont ni vraies ni fausses nos rĂȘveries, par exemple, mĂȘme si nous pourrions dire qu'elles sont fausses car elles ne correspondent Ă  aucune rĂ©alitĂ©, ne sont toutefois imaginĂ©es par nous que pour le plaisir et pour elles-mĂȘmes, et non dans le but d'ĂȘtre vraies. Toutes les images que nous formons semblent ainsi faites que nous puissions les tenir pour vraies ou fausses, sans qu'un tel jugement soit cependant nĂ©cessaire je peux simplement me reprĂ©senter une chose rĂ©elle ou pas sans rien affirmer de sa rĂ©alitĂ©. Cette derniĂšre caractĂ©ristique nous suggĂšre qu'il pourrait en ĂȘtre ainsi Ă  propos des propositions si une proposition est l'expression sensible d'une idĂ©e qui peut ĂȘtre vraie et fausse, mais que cette idĂ©e peut ĂȘtre pensĂ©e sans rien affirmer de la vĂ©ritĂ© ou de la faussetĂ© de son contenu, une proposition ne pourrait-elle pas ĂȘtre aussi une simple assertion n'impliquant aucun jugement de vĂ©ritĂ© ? Dans ce cas, bien que la proposition puisse ĂȘtre vraie ou fausse, un acte de l'esprit, le jugement, doit s'ajouter Ă  elle pour que nous puissions dĂ©terminer sa vĂ©ritĂ© ou sa faussetĂ©. Nous reviendrons plus loin sur cette question. Pour le moment, considĂ©rons nos idĂ©es en gĂ©nĂ©ral ; par dĂ©finition, toute idĂ©e reprĂ©sente quelque chose nous avons toujours l'idĂ©e de quelque chose, la notion d'idĂ©e en elle-mĂȘme est dĂ©pourvue de sens. De ce fait, toute idĂ©e peut ĂȘtre vraie ou fausse. Quand, par une phrase, j'exprime un souhait qui n'est ni vrai ni faux, l'idĂ©e que j'ai de ce souhait semble bien devoir ĂȘtre vrai ou faux. NĂ©anmoins il ne s'agit pas de l'Ă©noncĂ© du souhait en lui-mĂȘme, mais de la rĂ©alitĂ© de ce souhait et de ce que je souhaite, car je peux me tromper sur ce que je souhaite vraiment. Et il en va de mĂȘme des objets du dĂ©sir, de la volontĂ©, etc. Toutefois, dire que ce type de rĂ©alitĂ©s peut ĂȘtre vrai ou faux est sujet Ă  discussion, car il faut par exemple faire appel Ă  un terme cachĂ© ce que je souhaite vraiment quand je me trompe sur mes aspirations vĂ©ritables pour qualifier un souhait de faux, ce qui ne contribue pas Ă  clarifier le problĂšme. Cependant, parmi nos idĂ©es, nous en trouvons qui sont manifestement liĂ©es en elle-mĂȘme Ă  un jugement de vĂ©ritĂ© ce sont l'opinion, la croyance, le savoir, la certitude, la foi, etc. ; toutes ces idĂ©es contiennent en effet des affirmations sur l'existence et la maniĂšre dont existent certains objets, et il semble bien que la vĂ©ritĂ© et la faussetĂ© de ces affirmations constituent une partie importante de la maniĂšre dont nous pouvons les dĂ©crire et les comprendre. Il serait ainsi absurde de dire Ă  la fois je sais ou je crois qu'il pleut » et j'ai l'idĂ©e qu'il pleut, mais je n'affirme rien quant Ă  la rĂ©alitĂ© que reprĂ©sente cette idĂ©e ». Nous avons donc lĂ  clairement des rĂ©alitĂ©s mentales auxquelles nous pouvons attribuer la vĂ©ritĂ© et la faussetĂ©. Mais il est aussi Ă©vident que ce n'est pas de la mĂȘme maniĂšre que nous attribuons ces qualitĂ©s Ă  chacune d'entre elles. Examinons briĂšvement ce point. l'opinion nous exprimons ordinairement des opinions Ă  tout propos, et toutes ces opinions ne sont pas fondĂ©es de la mĂȘme maniĂšre, mais peuvent ĂȘtre justifiĂ©s par des motifs extrĂȘmement variĂ©s des on-dits, des prĂ©fĂ©rences irrĂ©flĂ©chies, l'habitude, les traditions, etc. L'opinion est ainsi une sorte de jugements subjectifs qui s'accommodent de l'ignorance et des prĂ©jugĂ©s, mais que nous revendiquons cependant parfois comme nos opinions. Elle a donc un caractĂšre subjectif trĂšs marquĂ©, et cela se traduit par des degrĂ©s subjectifs de certitude que nous exprimons par des termes psychologiques je suis persuadĂ©, convaincu que ». la croyance dans le langage de tous les jours, la croyance se distingue assez peu de l'opinion je pense que », je crois que », mon avis est que », expriment Ă©galement des opinions et des croyances que nous tenons pour vraies, quoique leur justification soit trĂšs vague. Pourtant, dans certains cas, le mot croyance » semble bien insister sur le fait que nous tenions une proposition pour vraie en mettant plus en avant l'objet ou le contenu d'un jugement que ne le fait l'opinion, plutĂŽt centrĂ©e quant Ă  elle sur l'individu qui s'exprime. La croyance semble alors correspondre Ă  un Ă©tat de certitude plus objectif. À l'Ă©vidence, pourtant, ce n'est pas toujours vrai, car nous disons je crois en Dieu », en dĂ©signant un objet dont l'existence objective est difficile Ă  attester. NĂ©anmoins, dans ce cas, on parle plutĂŽt de foi, et la certitude que cette foi exprime est appelĂ©e un acte de foi. la connaissance, le savoir toutes nos connaissances sont des croyances. Nous pouvons par exemple croire que la vitesse est la distance divisĂ©e par le temps. Cette croyance est un savoir si elle dĂ©crit correctement la rĂ©alitĂ© sur laquelle elle porte. Puisque l'idĂ©e de connaissance fausse est une contradiction, nous pouvons dire que la connaissance est toujours vraie. Nous voyons par lĂ  un lien entre vĂ©ritĂ© et connaissance chercher ce qu'est la vĂ©ritĂ©, cela peut bien ĂȘtre Ă©galement se demander ce qui fait qu'une pensĂ©e est une connaissance et pas simplement une croyance ou une opinion. Ces quelques remarques nous permettent de faire une importante distinction l'opinion, la croyance, le savoir, etc. ont un contenu objectif, c'est-Ă -dire qu'ils dĂ©signent un certain fait, Ă  tort ou Ă  raison ; mais ils font Ă©galement l'objet d'un Ă©tat du sujet la conviction par exemple. Or, quand une personne Ă©nonce un jugement et que nous souhaitons Ă©prouver la vĂ©ritĂ© ou la faussetĂ© de ce jugement, la question de savoir dans quel Ă©tat se trouve la personne est sans pertinence. Ainsi, si Pierre affirme qu'il est convaincu que Marie l'aime, nous avons un Ă©tat de conviction de Pierre et un contenu de sa conviction Pierre est convaincu que Marie l'aime ; Marie aime Pierre. L'examen de la vĂ©ritĂ© de la conviction de Pierre ne portera pas sur la proposition 1, mais sur la 2. Autrement dit, la vĂ©ritĂ© et la faussetĂ© de ce qu'Ă©nonce un individu sont indĂ©pendantes de l'Ă©tat dans lequel il se trouve, et la proposition que nous avons Ă  examiner est l'Ă©noncĂ© du contenu de la conviction, de la croyance, etc. Nous pouvons maintenant rĂ©viser notre idĂ©e de ce qu'est une proposition. Nous avons vu que la proposition n'est pas une phrase. Mais elle n'est pas non plus simplement une idĂ©e. Selon la distinction que nous venons de faire, nous devons dire que la proposition est le contenu d'une croyance, en donnant Ă  ce terme de croyance un sens large comme une opinion ou un savoir. Et c'est ce contenu que nous tenons pour vrai ou faux. Sensation et perception[modifier modifier le wikicode] Pour plus de dĂ©tails voir Philosophie/Perception. Lorsque nous avons abordĂ© les idĂ©es, nous avons du mal Ă  distinguer celles qui peuvent ĂȘtre exprimĂ©es par des propositions vraies ou fausses de ces mĂȘmes idĂ©es considĂ©rĂ©es comme contenu. Aussi, une autre catĂ©gorie de rĂ©alitĂ©s que nous pourrions qualifier de vraies ou de fausses sont les rĂ©alitĂ©s mĂȘmes dont nous parlons et auxquelles nous pensons, c'est-Ă -dire le contenu de nos propositions et de nos idĂ©es, dĂ©signant tous les objets des sens, ainsi que ces rĂ©alitĂ©s plus difficiles Ă  saisir que sont nos passions, nos sentiments, nos volontĂ©s, nos pensĂ©es, etc. À premiĂšre vue, toutes ces rĂ©alitĂ©s, mĂȘme si nous disons vrai Ă  leur propos, ne sont pas vraies en elles-mĂȘmes. Un arbre, ce rouge, la colĂšre, vouloir marcher ne sont pas des rĂ©alitĂ©s vraies, mais simplement des rĂ©alitĂ©s elles existent, et c'est le fait qu'elles existent qui nous permet de dire des vĂ©ritĂ©s Ă  leur propos si nous en parlons en les dĂ©crivant comme elles sont. Pourtant, ne sommes-nous pas victimes d'illusions des sens ? Dans ce cas, ce sont bien les sens qui se trompent. Or, s'ils se trompent, c'est qu'ils sont dans l'erreur, et s'ils sont dans l'erreur, c'est que, habituellement, ils sont dans le vrai. Les donnĂ©es que nous fournissent nos sens seraient donc vraies en ce sens que les sens nous offrent une image correcte de la rĂ©alitĂ© et ils seraient dans l'erreur dans le cas contraire. Cette conception est discutable. En effet, nous avons vu que, pour qu'il y ait vĂ©ritĂ©, il faut une relation entre une rĂ©alitĂ© et quelque chose qui dĂ©crit cette rĂ©alitĂ©. Il faudrait donc que les sens nous donnent Ă  la fois une intuition d'une rĂ©alitĂ© et l'image de cette rĂ©alitĂ©. Mais ce que nous appelons sensation, c'est justement cette intuition de la rĂ©alitĂ© par les sens, tandis que l'image de la rĂ©alitĂ© est une reprĂ©sentation, c'est-Ă -dire que c'est l'idĂ©e que nous avons d'une rĂ©alitĂ© et cette idĂ©e est le fait de l'esprit. Il n'en reste pas moins, pourriez-vous objecter, que nous parlons d'illusions des sens, et c'est pourquoi ce sont les sens qui se trompent et une sensation peut ĂȘtre vraies ou fausses. La preuve en est que, de loin, je vois ronde une tour carrĂ©e, et il y a ainsi mille exemples qui dĂ©montrent que ce sont les sens qui se trompent en nous donnant Ă  voir ce qui n'existe pas. Donc, quand ils ne se trompent pas, les sens sont vĂ©ridiques. Mais cette objection repose sur une confusion entre l'impression sensible que nous avons de certaines formes, et les jugements que nous formulons Ă  leur propos. En effet, tant que, voyant au loin une forme qui ressemble Ă  une tour ronde, je ne juge pas que ce que je vois est une tour rĂ©ellement ronde, je ne suis pas dans l'erreur, et mes sens, qui ne m'offre que la vision d'une forme, ne me disent rien sur la rĂ©alitĂ© de ce que je vois. Ainsi les sens ne sont-ils ni vrais ni faux [...] en gĂ©nĂ©ral [Les sens] ne mentent pas. C’est ce que nous faisons de leur tĂ©moignage qui y met le mensonge, par exemple le mensonge de l’unitĂ©, le mensonge de la rĂ©alitĂ©, de la substance, de la durĂ©e... » Friedrich Nietzsche, Le CrĂ©puscule des idoles, La "raison" dans la philosophie ». Cette thĂšse, dĂ©fendue par des philosophes aussi diffĂ©rents qu'Épicure et Nietzsche, ne semble toutefois pas si facile Ă  soutenir. Si vous avez regardĂ© l'illustration situĂ©e au dĂ©but de cette section, vous avez vu deux ronds oranges de taille diffĂ©rente. En rĂ©alitĂ©, ces ronds sont identiques. Bien que vous le sachiez maintenant, vous continuez cependant Ă  voir un cercle plus grand que l'autre, et cela, votre vue vous le montre et donc se trompe. Si nous disons avec Nietzsche que c'est ce que nous faisons des tĂ©moignages des sens qui y introduit l'erreur, comment pourrions-nous comprendre que l'erreur peut s'y trouver avant mĂȘme que nous jugions par la raison de certaines propriĂ©tĂ©s des choses comme sa forme ou ses dimensions, et mĂȘme aprĂšs ? bien plus, comment expliquer que des opĂ©rations aussi complexes que la comparaison puisse se trouver dans ces tĂ©moignages ? Nous pourrions alors distinguer deux choses pour tenter de voir plus clair dans ce problĂšme la sensation considĂ©rĂ©e en elle-mĂȘme cette couleur, cette forme, etc., que nous pourrions dĂ©finir comme l'ensemble des impressions brutes — voire originelles, qui se prĂ©sentent Ă  nous avant toute mise en ordre de quelque nature qu'elle soit ; et un autre type de sensations, Ă©laborĂ©es Ă  partir des premiĂšres, sensations par lesquelles nous voyons, touchons, supposons, etc., des objets possĂ©dant certaines qualitĂ©s, avant mĂȘme de formuler une proposition Ă  l'aide de nos facultĂ©s intellectuelles. Ces derniĂšres sensations contiennent alors manifestement des jugements, qui Ă©chappent Ă  notre raison, sur les qualitĂ©s des choses et sur l'existence mĂȘme des choses, comme nous pouvons en faire l'expĂ©rience dans les illusions d'optique ; afin de les distinguer des premiĂšres, nous les appellerons des perceptions. Ces perceptions peuvent-elles ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des propositions, au sens que nous avons donnĂ© plus haut Ă  ce mot, et peut-on les placer au mĂȘme rang que nos croyances et leurs contenus ? Ce que nous voulons savoir, c'est si les perceptions peuvent lĂ©gitimement ĂȘtre dites vraies ou fausses. Bilan[modifier modifier le wikicode] Tentons Ă  prĂ©sent de reprendre de maniĂšre synthĂ©tique l'ensemble de nos rĂ©flexions. Nous avons Ă©tabli que nous disons vrais ou faux des jugements, et que nous pouvons exprimer ces jugements qu'il s'agisse d'idĂ©es ou de perceptions par une forme particuliĂšre de phrases que nous nommons propositions. Ces jugements sont des mises en relations de rĂ©alitĂ©s, comme la relation entre un objet et une qualitĂ© ou entre deux objets. Elles doivent en outre ĂȘtre tenues pour rĂ©elles ou niĂ©es et ĂȘtre comparĂ©es Ă  ce sur quoi elles portent, c'est-Ă -dire qu'elles doivent ĂȘtre l'objet de nos croyances, opinions, savoirs, etc. Cependant, si nous faisons un bilan de nos rĂ©flexions d'aprĂšs les diffĂ©rentes maniĂšres que nous avons vues pour une proposition d'ĂȘtre vraie ou fausse, nous trouvons qu'il y a deux sortes de propositions les propositions qui portent sur le monde extĂ©rieur et les propositions vraies en vertu des symboles qui les composent. Nous pouvons alors conclure cette partie en citant ces paroles du philosophe Alfred Ayer [...] je divise toutes les propositions authentiques en deux classes celles qui [...] concernent les "relations d'idĂ©es" et celles qui concernent les "matiĂšres de fait" matter of fact. La premiĂšre classe comprend les propositions a priori de la logique et des mathĂ©matiques pures, que je ne considĂšre comme nĂ©cessaires et certaines, que parce qu'elles sont analytiques. Je maintiens, en effet, que la raison pour laquelle ces propositions ne peuvent ĂȘtre dĂ©menties par l'expĂ©rience, est qu'elles ne font aucune assertion au sujet du monde empirique, mais indiquent simplement notre dĂ©termination d'user de symboles d'une certaine maniĂšre. Par contre, les propositions empiriques concernant les matiĂšres de fait, je soutiens qu'elles sont des hypothĂšses qui peuvent ĂȘtre probables, mais jamais certaines. Et en exposant la mĂ©thode de leur validation, je prĂ©tends aussi Ă©lucider la nature de la vĂ©ritĂ©. » Langage, vĂ©ritĂ© et logique, PrĂ©face » La question de la nature de la vĂ©ritĂ© se ramĂšne donc Ă  la question de la mĂ©thode de validation de nos propositions par quels moyens, procĂ©dĂ©s ou mĂ©thodes Ă©tablissons-nous que nos propositions sont vraies ? À partir de nos remarques sur la nature de la proposition, voyons donc comment nous pouvons maintenant tenter d'Ă©lucider ce qu'est la vĂ©ritĂ©. Quelle est la nature de la vĂ©ritĂ© ?[modifier modifier le wikicode] "Qu'est-ce que la vĂ©ritĂ© ?" Le Christ et Pilate. NikolaĂŻ Gay 1831–1894 À prĂ©sent que nous avons passĂ© en revue les rĂ©alitĂ©s propositions, idĂ©es telles que la croyance et l'opinion, perceptions susceptibles de se voir attribuer la qualitĂ© de vĂ©ritĂ©, voyons dans quelles conditions nous sommes justifiĂ©s Ă  faire une telle attribution. Ce que nous cherchons, ce sont en particulier des critĂšres pour nous guider afin de pouvoir reconnaĂźtre une proposition et une pensĂ©e vraie et donc Ă©galement celles qui sont fausses. C'est en cela que nous faisons consister la nature de la vĂ©ritĂ©, c'est-Ă -dire que nous ne cherchons pas une rĂ©alitĂ© qui existerait Ă  part et que nous nommerions VĂ©ritĂ©, mais des rĂšgles pour bien juger, et, le cas Ă©chĂ©ant, pour atteindre la plus grande certitude possible. L'adĂ©quation[modifier modifier le wikicode] DĂ©finition[modifier modifier le wikicode] Commençons par l'idĂ©e que nous avons dĂ©jĂ  largement esquissĂ©e, Ă  savoir que la vĂ©ritĂ© est la qualitĂ© d'une proposition ou d'une pensĂ©e qui Ă©nonce une rĂ©alitĂ© telle qu'elle est. Dans cette conception de la vĂ©ritĂ©, nous avons une relation entre deux termes une pensĂ©e que nous formulons par une proposition et une rĂ©alitĂ© sur laquelle porte cette proposition. Par exemple, si je dis Le chat est sur le tapis », ma proposition porte sur une rĂ©alitĂ© composĂ©e d'un chat et d'un tapis qui sont entre eux dans un certain rapport. Cette rĂ©alitĂ© n'est donc pas un objet isolĂ© comme chat » ou tapis », mais un fait composĂ© de deux objets dans une certaine relation ĂȘtre sur ». Cette composition se traduit dans ma proposition par un jugement qui Ă©nonce cette relation. En consĂ©quence, nous pouvons supposer que la vĂ©ritĂ© d'une proposition est la correspondance entre un jugement que l'on Ă©nonce et une relation entre plusieurs objets, correspondance que l'on constate dans l'expĂ©rience je vois le chat qui est sur le tapis. Une proposition un jugement, une croyance, une pensĂ©e, etc. est vraie si, et seulement si, elle correspond Ă  un fait. Objections Il semble nĂ©anmoins y avoir des cas qui ne correspondent pas Ă  cette dĂ©finition. Par exemple, si, voyant un arbre, je constate qu'il y a un arbre, il ne semble pas que ma proposition soit un jugement, mais qu'elle soit le simple constat de l'existence d'un objet, et ce constat est vrai ou faux. Toutefois, au tĂ©moignage de mes sens je vois une certaine forme colorĂ©e d'une certaine maniĂšre, s'ajoute mon affirmation que ce que je vois est un arbre et que cet arbre existe. Aussi peut-on penser que le prĂ©tendu constat intuitif est en rĂ©alitĂ© un jugement, et qu'il est conforme Ă  la dĂ©finition que nous avons donnĂ©e de la vĂ©ritĂ© comme adĂ©quation. Cette dĂ©finition semble exclure ces propositions dont nous avons vu qu'elles paraissent ĂȘtre toujours vraies, comme les propositions des mathĂ©matiques. Nous aborderons ce problĂšme dans la section suivante sur la vĂ©ritĂ© formelle. Remarque La conception de la vĂ©ritĂ© comme adĂ©quation suppose que nous puissions vĂ©rifier les jugements que nous Ă©nonçons en constatant que ceux-ci reflĂštent bien la rĂ©alitĂ© dont nous parlons. Nous avons donc un rĂŽle actif dans l'Ă©tablissement de la vĂ©ritĂ©. Elle n'apparaĂźt pas d'elle-mĂȘme, mais est le rĂ©sultat d'un jugement qui est dans mon esprit et d'une confrontation de ce rĂ©sultat avec une vĂ©rification empirique. Par cette vĂ©rification, je dois pouvoir constater que ma proposition reflĂšte bien la rĂ©alitĂ© le fait dont je parle existe-t-il ou non ? existe-t-il tel que j'en parle, ou autrement ? ProblĂ©matique La question se pose de savoir ce qu'il faut entendre par reflĂštent ». En philosophie, on emploie, plutĂŽt que le mot reflĂ©ter », les termes de correspondance » ou d' adĂ©quation » que nous avons eu dĂ©jĂ  l'occasion d'employer. Qu'entendons-nous alors par ces deux termes ? À premiĂšre vue, la rĂ©ponse est simple toute proposition serait une idĂ©e que nous avons Ă  l'esprit et il suffirait de la comparer avec le tĂ©moignage de nos sens pour nous assurer de sa fidĂ©litĂ©. Ainsi l'adĂ©quation ou la correspondance est-elle une relation de ressemblance entre ce que nous jugeons et ce sur quoi nous jugeons. Ressemblance/correspondance[modifier modifier le wikicode] Cette conception pose plusieurs problĂšmes. Tout d'abord, lorsque nous parlons de ressemblance, il ne semble pas que nous ne fassions autre chose que de rĂ©pĂ©ter l'idĂ©e mĂȘme d'adĂ©quation ĂȘtre adĂ©quat, c'est ressembler, mais ressembler, c'est ĂȘtre adĂ©quat. Aussi l'idĂ©e de ressemblance demeure-t-elle mystĂ©rieuse. Et elle devient encore plus obscure si l'on cherche Ă  comprendre de quelle maniĂšre un jugement pourrait ressembler Ă  la rĂ©alitĂ© sur laquelle il porte. Nos propositions sont formĂ©es de mots signes ou sons, alors que les rĂ©alitĂ©s que ces mots dĂ©signent sont des objets physiques ou psychiques d'une autre sorte. Il n'y a de toute Ă©vidence aucune ressemblance entre les mots et les choses que les mots dĂ©signent. On pourrait dire alors comme nous avons eu dĂ©jĂ  l'occasion de le dire que les propositions traduisent des images qui sont dans notre esprit, et que ce sont ces images qui sont formĂ©es fidĂšlement ou non sur le modĂšle des rĂ©alitĂ©s extĂ©rieures. Ainsi Wittgenstein dit en ce sens La totalitĂ© des pensĂ©es vraies est l'image du monde. » Tractatus logico-philosophicus, Nos idĂ©es vraies sont une peinture fidĂšle du monde, et, ajoute-t-il une pensĂ©e peut ĂȘtre exprimĂ©e dans une proposition en sorte que les Ă©lĂ©ments du signe propositionnel correspondent aux objets de la pensĂ©e. » Puisque ces objets de la pensĂ©e exprimĂ©s par la proposition sont eux-mĂȘmes des images vraies ou fausses du monde, il en rĂ©sulte qu'une proposition peut ĂȘtre ou non adĂ©quate aux rĂ©alitĂ©s que nous percevons. C'est une idĂ©e assez vraisemblable, car chacun peut faire l'expĂ©rience de cette imagerie mentale ; par exemple, le rĂȘve pourrait venir renforcer cet argument, car dans cet Ă©tat, nous prenons des images produites par notre esprit pour la rĂ©alitĂ©. C'est donc bien que nos images mentales ont quelque chose en commun avec la rĂ©alitĂ© et que nous pouvons les comparer. Bien que nous puissions nous demander comment des images ressemblant Ă  la rĂ©alitĂ© sont produites en gĂ©nĂ©ral dans notre esprit, nous pouvons constater que c'est le cas. Cependant, cet argument ne fait que reculer le problĂšme. En effet, c'est toujours Ă  l'aide de mots que nous exprimons nos images mentales ... que les Ă©lĂ©ments du signe propositionnel correspondent aux objets de la pensĂ©e » dit Wittgenstein ; or, il faut bien que ces mots expriment convenablement ces images, et donc leur soient adĂ©quats, autrement dit, leur ressemblent. On pourrait alors faire remarquer que cette volontĂ© de faire ressembler une proposition croyance, idĂ©e, etc. avec un fait repose sur une confusion. La proposition n'a en effet pas pour but de peindre un fait, mais d'en dĂ©crire la structure en reliant des objets et des propriĂ©tĂ©s entre eux. Il n'y a dĂšs lors pas Ă  chercher une ressemblance comme reflet, mais une correspondance terme Ă  terme entre une proposition et le fait sur lequel elle porte Proposition Un oiseau chante Fait Un oiseau chante » On peut donc proposer cette seconde dĂ©finition Une proposition un jugement, une croyance, une pensĂ©e, etc. est vraie si, et seulement si, sa structure correspond Ă  la structure d'un fait. Le problĂšme du jugement[modifier modifier le wikicode] Une autre difficultĂ© apparaĂźt quand nous considĂ©rons cette fois les Ă©lĂ©ments contenus dans les propositions vraies ou fausses que nous formulons, en estimant que ces propositions doivent correspondre ou non aux choses sur lesquelles elles portent. Admettons qu'une image mentale puisse effectivement ĂȘtre exprimĂ©e adĂ©quatement par une proposition je vois dans ma tĂȘte que le chat est sur le tapis, le jugement de relation que nous formulons ne paraĂźt pourtant pas pouvoir ĂȘtre contenue dans celle-ci, car l'image que nous avons Ă  l'esprit n'est que la reproduction du tĂ©moignage de nos sens et c'est le jugement que nous portons qui introduit une relation qui ne nous est pas donnĂ©e par l'expĂ©rience. Prenons pour le montrer plus nettement un exemple un peu plus compliquĂ©. Si une boule de billard vient en frapper une autre et la mettre en mouvement, nous pouvons formuler cette proposition que la premiĂšre est cause du mouvement de la seconde. Nous avons donc, conformĂ©ment Ă  notre thĂ©orie de la vĂ©ritĂ© comme adĂ©quation, deux objets en relation, relation que nous exprimons par une proposition qui Ă©nonce ce lien, ici un lien de causalitĂ©. La question que nous posons est oĂč se trouve, dans la rĂ©alitĂ© et dans l'idĂ©e que nous en avons, cette relation de causalitĂ© ? Nous ne la trouvons pas, car tout ce que nous voyons ce sont deux objets et deux mouvements successifs, mais la causalitĂ© elle-mĂȘme, nous ne la voyons nulle part, si ce n'est dans notre jugement lui-mĂȘme. Or, s'il en est ainsi, notre jugement, qui Ă©nonce la rĂ©alitĂ© d'une relation la causalitĂ©, porte sur une relation dont nous ne pouvons montrer l'existence. Sauf si nous pouvons faire une dĂ©monstration d'une rĂ©alitĂ© qu'on ne voit pas. Cette mise en dĂ©faut de la thĂ©orie de la vĂ©ritĂ© comme adĂ©quation ne se limite pas Ă  ce cas. Prenons l'exemple des lois scientifiques. Selon une conception trĂšs simplifiĂ©e de la science, les lois forment des thĂ©ories dĂ©crivant et prĂ©disant des phĂ©nomĂšnes. Par consĂ©quent, il nous suffit de vĂ©rifier dans l'expĂ©rience que la description ou la prĂ©diction d'une thĂ©orie est fidĂšle pour garantir sa vĂ©ritĂ©. Ce n'est toutefois pas le cas, car une loi scientifique ne dit pas seulement, par exemple, que si ce volume d'eau est chauffĂ© Ă  100 degrĂ© alors se produira un phĂ©nomĂšne appelĂ© Ă©bullition ; une loi scientifique dit surtout que toutes les fois que de l'eau est chauffĂ©e Ă  cette tempĂ©rature, alors elle se met Ă  bouillir. Or, aucune expĂ©rience ne nous permet de faire le tour de l'ensemble des cas qui vĂ©rifieraient qu'il en va bien ainsi. Par consĂ©quent, une loi scientifique ne peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une simple image fidĂšle de la rĂ©alitĂ© sensible Ă  l'expĂ©rience s'ajoute le caractĂšre universel de la loi, caractĂšre qui n'est pas constatable directement par les sens nous ne voyons pas tous les cas qui pourraient vĂ©rifier la loi. Pourtant, la vĂ©ritĂ© de la loi rĂ©side manifestement dans la validitĂ© de cette universalitĂ©. Bilan[modifier modifier le wikicode] De ces quelques analyses, nous pouvons retenir les deux remarques suivantes la conception de la vĂ©ritĂ© comme adĂ©quation semble ĂȘtre une conception inspirĂ©e de la comparaison directe, que nous pratiquons quotidiennement, entre les sens et une certaine image que nous avons Ă  l'esprit, et elle semble en ce sens assez naĂŻve ; elle Ă©choue ainsi Ă  rendre compte de la vĂ©ritĂ© des jugements que nous formulons par des propositions dans la mesure oĂč ceux-ci se sont pas rĂ©ductibles aux seuls tĂ©moignages des sens ; la vĂ©ritĂ© d'une proposition ne peut dĂ©pendre de sa seule adĂ©quation aux faits, puisque nous ajoutons par la pensĂ©e des relations ou jugements que nous ne trouvons pas directement dans l'expĂ©rience. La vĂ©ritĂ© formelle[modifier modifier le wikicode] AprĂšs cette critique de la conception de la vĂ©ritĂ© comme adĂ©quation, nous pouvons ĂȘtre tentĂ© de trouver dans la maniĂšre dont nous formons des jugements le fondement de toute vĂ©ritĂ©. Cette maniĂšre de former des jugements est Ă©tudiĂ©e par la philosophie depuis l'AntiquitĂ©, et c'est ce que nous appelons la logique, dont Aristote est considĂ©rĂ©e comme l'un des grands initiateurs. ProcĂ©dant suivant des rĂšgles de dĂ©duction Ă  partir de postulats et d'axiomes admis, on aboutit Ă  des conclusions valides en vertu de ces seules rĂšgles de dĂ©duction. Cette vĂ©ritĂ© est donc indĂ©pendante du contenu des propositions, puisqu'elle dĂ©pend de son accord avec des lois que nous pouvons considĂ©rer comme des lois de notre pensĂ©e. Cette sorte de vĂ©ritĂ© est Ă©galement dite a priori car elle ne dĂ©pend pas de l'expĂ©rience. ConsidĂ©rons l'exemple suivant Si la Terre a des ailes, elle vole ; Or, la Terre a des ailes ; Donc la Terre vole. Le contenu de la proposition 2 est Ă©videmment faux et la conclusion n'a pas vraiment de sens. Pourtant, le raisonnement est parfaitement correct. Pour le mettre en Ă©vidence, remplaçons ces propositions par des lettres, telles que p = La Terre a des ailes » ; q = la Terre vole ». Nous obtenons une premiĂšre esquisse de formalisation si p alors q p q L'ensemble des rĂšgles de dĂ©duction, des postulats et des axiomes forment un systĂšme hypothĂ©tico-dĂ©ductif. Ce dernier point permet d'introduire une distinction les vĂ©ritĂ©s purement formelle et a priori sont appelĂ©es des vĂ©ritĂ©s analytiques. Ces vĂ©ritĂ©s sont nĂ©cessaires et ne nous apprennent rien sur le monde. Les vĂ©ritĂ©s tirĂ©es de l'expĂ©rience sont quant Ă  elle des vĂ©ritĂ©s synthĂ©tiques, car nous lions des termes qui supposent pour des ĂȘtres dont l'existence est contingente. La vĂ©ritĂ© cohĂ©rence[modifier modifier le wikicode] La vĂ©ritĂ© d'une croyance ou d'une opinion n'est pas seulement une qualitĂ© que nous croyons pouvoir attribuer en nous fondant sur la connaissance de faits, et il arrive en outre bien souvent que nous tenions une proposition pour vraie en dĂ©pit de la logique. Autrement dit, la justification de nos croyances peut dĂ©pendre uniquement d'un arriĂšre-plan constituĂ© par d'autres croyances la vĂ©ritĂ© d'une proposition tient alors du fait qu'elle s'accorde Ă  un ensemble de croyances qui lui prĂ©existent. Ce genre de vĂ©ritĂ© est souvent appelĂ©e vĂ©ritĂ© cohĂ©rence. DĂ©finition Une croyance est vraie si, et seulement si, elle est une partie d'un systĂšme cohĂ©rent de croyances. La vĂ©ritĂ© mĂ©taphysique[modifier modifier le wikicode] La vĂ©ritĂ© que nous appellerons mĂ©taphysique est une vĂ©ritĂ© d'une sorte encore diffĂ©rente des prĂ©cĂ©dentes, et elle a une longue et riche tradition philosophique. Nous dĂ©signerons par cette expression l'idĂ©e que la vĂ©ritĂ© est quelque chose que nous saisissons en soi par l'esprit. Elle tend Ă  identifier la pensĂ©e et l'ĂȘtre, l'idĂ©e et son objet, la connaissance et l'essence. Nous trouvons ce type de vĂ©ritĂ©s non seulement en mĂ©taphysique mais aussi en thĂ©ologie. Il serait possible de faire une typologie des conceptions d'une saisie d'un en-soi, mais nous nous contenterons ici de deux illustrations, Platon et Bergson. Intuition des rĂ©alitĂ©s vraies[modifier modifier le wikicode] Pour Platon, qui, remontant d'une hypothĂšse Ă  ses conditions, suppose l'existence d'un rĂ©fĂ©rant ontologique existant en soi. Dans ce cas, on distingue vĂ©ritĂ© absolue et vĂ©ritĂ© relative. Vision immĂ©diate[modifier modifier le wikicode] Critiques[modifier modifier le wikicode] Ainsi, la vĂ©ritĂ© mĂ©taphysique consiste a dĂ©duire d'un ensemble d'hypothĂšses ou de faits d'expĂ©rience, une condition elle-mĂȘme inconditionnĂ©e. Dieu, les IdĂ©es, l'Ăąme, le commencement absolu du monde, et mĂȘme la conscience en tant que fondement de la connaissance dans l'idĂ©alisme, sont des exemples de telles conditions ontologiques. ThĂ©orie pragmatiste[modifier modifier le wikicode] Les thĂ©ories pragmatistes de la vĂ©ritĂ© sont elles-mĂȘmes plurielles et complexes. Chez Habermas, par exemple la vĂ©ritĂ© se confond avec la notion de validitĂ© intersubjective. ThĂ©orie dĂ©flationniste[modifier modifier le wikicode] La thĂ©orie dĂ©flationniste de la vĂ©ritĂ© consiste Ă  dire qu'il n'y a aucune diffĂ©rence entre dire que p est vrai et dire que p. La vĂ©ritĂ©, de ce point de vue, n'apporte rien Ă  ce que nous affirmons. En effet, si je dis le ciel est bleu, cela semble impliquer c'est le cas que le ciel est bleu. Histoire du vrai et du faux[modifier modifier le wikicode] La premiĂšre signification de Vrai et de Faux semble avoir son origine dans les rĂ©cits ; et l’on a dit vrai un rĂ©cit, quand le fait racontĂ© Ă©tait rĂ©ellement arrivĂ© ; faux, quand le fait racontĂ© n’était arrivĂ© nulle part. Plus tard, les philosophes ont employĂ© le mot pour dĂ©signer l’accord d’une idĂ©e avec son objet ; ainsi, l’on appelle idĂ©e vraie celle qui montre une chose comme elle est en elle-mĂȘme ; fausse, celle qui montre une chose autrement qu’elle n’est en rĂ©alitĂ©. Les idĂ©es ne sont pas autre chose en effet que des rĂ©cits ou des histoires de la nature dans l’esprit. Et de lĂ  on en est venu Ă  dĂ©signer de la mĂȘme façon, par mĂ©taphore, des choses inertes ; ainsi, quand nous disons de l’or vrai ou de l’or faux, comme si l’or qui nous est prĂ©sentĂ© racontait quelque chose sur lui-mĂȘme, ce qui est ou n’est pas en lui. Baruch Spinoza, PensĂ©es mĂ©taphysiques 1663, 1er partie, chap. VI, Gallimard, La PlĂ©iade », trad. R. Caillois. VĂ©ritĂ© et connaissance[modifier modifier le wikicode] Venons-en maintenant Ă  la question de savoir quelle est la place de la vĂ©ritĂ© par rapport Ă  la connaissance. Nous avons fait jusqu'ici comme si la vĂ©ritĂ© pouvait ĂȘtre trouvĂ©e dans des propositions isolĂ©es portant sur des faits eux-mĂȘmes isolĂ©s atomisme, mais l'idĂ©e de la vĂ©ritĂ© cohĂ©rence nous a montrĂ© qu'un tel isolement n'existe peut-ĂȘtre pas, ou du moins ne reprĂ©sente qu'un cas particulier douteux de vĂ©ritĂ© se prĂ©sentant sous forme de vĂ©ritĂ© particuliĂšre. Nous voyons ainsi que les systĂšmes philosophiques et les thĂ©ories scientifiques sont constituĂ©s d'un ensemble organisĂ© de propositions tenues pour vraies qui ne sont pas indĂ©pendantes les unes des autres. Ces systĂšmes, comme ces thĂ©ories, ont l'ambition de nous donner une connaissance aussi exacte que possible des objets Ă©tudiĂ©es, voire de la rĂ©alitĂ© dans son ensemble. Cela pose non seulement la question de savoir comment il faut comprendre la notion de vĂ©ritĂ© dans de tels ensembles, autrement dit la question des relations entre vĂ©ritĂ© et connaissance ; mais aussi celle de la vĂ©ritĂ© en philosophie, car, s'il peut paraĂźtre Ă©vident qu'un philosophe cherche la vĂ©ritĂ©, les sciences semblent bien les disciplines les mieux placĂ©es pour nous fournir toutes les vĂ©ritĂ©s possibles, en sorte qu'il n'y aurait pas, Ă  cĂŽtĂ© de cela, de vĂ©ritĂ©s philosophiques. VĂ©ritĂ©, sciences et certitude[modifier modifier le wikicode] Revenons sur la brĂšve Ă©vocation que nous avons faite de la science dans notre critique de la vĂ©ritĂ© comme adĂ©quation. Nous avons soutenu que les lois scientifiques ne pouvaient ĂȘtre de simples reprĂ©sentations dont la vĂ©ritĂ© se manifesterait par une comparaison directe avec la rĂ©alitĂ© sensible. Nous allons dĂ©velopper et prĂ©ciser ce point en exposant les rĂ©flexions du chimiste et philosophe Pierre Duhem 1861 - 1916 au sujet de l'expĂ©rience en physique dans La ThĂ©orie physique, son objet, sa structure. Ces rĂ©flexions nous permettront de nous faire une idĂ©e moins abstraite de la vĂ©ritĂ©, de l'inscrire dans un processus de recherche et donc dans une temporalitĂ© et nous verrons que nous pourrons Ă  partir de lĂ  esquisser une analyse des rapports entre vĂ©ritĂ© et certitude. Au chapitre IV de la seconde partie de la ThĂ©orie physique, Duhem soutient que le rĂ©sultat de l'activitĂ© d'un physicien expĂ©rimentateur n'est pas le constat de certains phĂ©nomĂšnes, mais un Ă©noncĂ© d'un jugement reliant des notions qui ne correspondent Ă  des observations que par l'intermĂ©diaire d'une thĂ©orie. ... Au terme de l'examen de ces rĂ©flexions de Duhem, nous nous trouvons en prĂ©sence de deux maniĂšres d'Ă©tablir la vĂ©ritĂ© ; l'une est grossiĂšre et immĂ©diate, l'autre est dĂ©taillĂ©e et demande un long processus de traduction pour parvenir Ă  des Ă©noncĂ©s scientifiques. Duhem tire de cette distinction une consĂ©quence Ă©tonnante, en ce qu'elle va Ă  l'encontre d'un prĂ©jugĂ© au sujet des vĂ©ritĂ©s scientifiques celles-ci seraient dotĂ©es du plus haut degrĂ© de certitude que l'homme puisse atteindre. Duhem montre prĂ©cisĂ©ment en quoi consiste la faussetĂ© de ce prĂ©jugĂ©. La certitude immĂ©diate des sens est solide et laisse peu de place au doute, hormis les cas pathologiques ; les vĂ©ritĂ©s scientifiques sont au contraire le rĂ©sultat de processus complexes et difficiles d'interprĂ©tations des phĂ©nomĂšnes et de corrections des observations. On comprend que l'erreur puisse plus facilement se glisser dans ces processus que dans l'observation immĂ©diate que chacun peut faire dans la vie ordinaire. La certitude des vĂ©ritĂ©s scientifiques est donc moins assurĂ©e que la vĂ©ritĂ© de l'intuition directe des faits. VĂ©ritĂ© et philosophie[modifier modifier le wikicode] Que reste-t-il Ă  la philosophie en matiĂšre de connaissance, dĂšs lors que les sciences ont repris et reprennent Ă  leur compte ce qui a Ă©tĂ©, Ă  des Ă©poques diffĂ©rentes, l'objet de l'enquĂȘte philosophique ? Il est par exemple bien Ă©vident que le philosophe ne peut plus faire de physique, comme c'Ă©tait le cas des PrĂ©socratiques. Une discipline Ă  la fois ancienne et rĂ©cente comme la logique est devenue trĂšs spĂ©cialisĂ©e, sous l'impulsion d'ailleurs de philosophes de la fin du XIXe et du XXe siĂšcle. La philosophie, semble-t-il, est comme le prĂ©curseur de toutes les sciences particuliĂšres, et ouvre la voie Ă  de nouveaux domaines de connaissance, qui, une fois bien Ă©tablis, deviennent des disciplines scientifiques qui ne relĂšvent plus fondamentalement de la philosophie. On pourrait alors dire que, tant qu'un domaine de connaissances relĂšve de la philosophie, il ne s'agit pas encore de connaissances bien assurĂ©es. Ainsi, si certaines parties de la philosophie physique, psychologie, logique sont devenues des sciences, d'autres sont loin d'avoir acquis ce statut, ou sont mĂȘme soupçonnĂ©es de n'ĂȘtre finalement que des illusions de connaissances, comme dans le cas de la mĂ©taphysique. Dans ce cas, il est difficile de considĂ©rer la philosophie comme un genre de connaissance telles que les sciences elle ne possĂšde pas de vĂ©ritĂ©s Ă  elle, mais, par un travail de clarification de nos pensĂ©es et de nos mĂ©thodes, elle est une aide indispensable au commencement de toute science, voire elle aide Ă  Ă©lucider certaines notions scientifiques embrouillĂ©es. Nous proposons d'examiner et de discuter ici ces deux idĂ©es que nous venons de formuler La philosophie n'est pas une science ; Elle n'est pas une recherche de vĂ©ritĂ© philosophique, mais une activitĂ© de clarification de la pensĂ©e et de la connaissance. La philosophie n'est pas une science[modifier modifier le wikicode] L'idĂ©e que la philosophie n'est pas une science est sans doute assez rĂ©pandue de nos jours. Il y a plusieurs raisons Ă  cela. En premier lieu, le dĂ©veloppement des sciences Ă  l'Ă©poque moderne a conduit Ă  retirer Ă  la philosophie sa prĂ©tention Ă  ĂȘtre la reine des sciences, prĂ©tention incarnĂ©e tout particuliĂšrement par la mĂ©taphysique appelĂ©e Ă©galement philosophie premiĂšre. La mĂ©taphysique est en effet une discipline qui Ă©tudie les principes les plus gĂ©nĂ©raux de la rĂ©alitĂ© ou de l'ĂȘtre et elle se situerait pour cette raison au-dessus de toutes les formes particuliĂšres de connaissance. Or, face aux sciences nous verrons pourquoi un peu plus bas, une telle discipline peut apparaĂźtre ne formuler aucune vĂ©ritĂ© vĂ©rifiable par exemple, sur Dieu, sur l'Ăąme ou aucune vĂ©ritĂ© qui ne serait pas mieux formulĂ©e dans le cadre de telle ou telle science sur l'espace, le temps, la causalitĂ© ; c'est pourquoi, la mĂ©taphysique est apparue vide de tout contenu. Une autre raison est que la philosophie a conservĂ© pour nous la dimension pratique qu'elle possĂšde depuis ses origines, et, qu'Ă  dĂ©faut d'ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une science, elle reste une discipline censĂ©e offrir des rĂ©ponses aux questions morales et, plus gĂ©nĂ©ralement, aux problĂšmes que nous pose notre existence et Ă  laquelle la philosophie serait chargĂ© de donner du sens. Or, ces questions sont rarement considĂ©rĂ©es comme des questions scientifiques car elles portent sur des valeurs comme le bien et des comportements humains qu'il est difficile de quantifier, de thĂ©oriser et de prĂ©dire. C'est d'ailleurs aussi pourquoi ces questions ont parfois une tonalitĂ© polĂ©mique Ă  l'Ă©gard des sciences, car ces derniĂšres rĂ©duiraient indĂ»ment l'ĂȘtre humain Ă  un objet d'Ă©tude parmi d'autres. Ainsi rĂ©duite Ă  des questions d'ordre pratique, la philosophie ne pourrait donc plus prĂ©tendre au statut de science. Une telle idĂ©e de la philosophie dans ses rapports Ă  la science idĂ©e qui recouvre bien entendu une trĂšs large variĂ©tĂ© de points de vue Ă©tait Ă©trangĂšre aux premiers philosophes qui s'occupaient de cosmologie en philosophes on les dĂ©signe d'ailleurs en tant que philosophes de la nature, mais aussi aux philosophes hellĂ©nistiques stoĂŻciens, Ă©picuriens, qui, malgrĂ© leurs prĂ©occupations morales, considĂ©raient la physique comme une partie essentielle de la philosophie. Mais, par dessus tout, c'est la conception mĂȘme de la science qui Ă©tait bien diffĂ©rente de la nĂŽtre, et cette diffĂ©rence va nous permettre de comprendre comment la connaissance et la vĂ©ritĂ© Ă©taient conçues par eux. Prenons l'exemple de Platon et de sa thĂ©orie de la connaissance. Pour Platon, la science vĂ©ritable est un contact de la partie intellectuelle de l'Ăąme avec des rĂ©alitĂ©s fondamentales sous-jacentes au monde qui nous est donnĂ© par les sens. De ce fait, connaĂźtre, c'est ĂȘtre affectĂ© par ces rĂ©alitĂ©s, et celui qui sait, le savant, ou philosophe, possĂšde la vĂ©ritĂ© dans l'exacte mesure oĂč il a une vision des rĂ©alitĂ©s vĂ©ritables. Nous avons donc lĂ  une conception mĂ©taphysique de la vĂ©ritĂ©, bien que le terme mĂ©taphysique » soit ici anachronique il faut, pour atteindre la vĂ©ritĂ©, remonter des impressions sensibles Ă  des entitĂ©s absolues qui en sont les causes. Dans cette conception, la science est un Ă©tat de l'Ăąme de celui qui connait il est parvenu, par un processus dialectique, Ă  la contemplation de ces rĂ©alitĂ©s, que l'on dĂ©signera du terme de Formes. Cet Ă©tat est celui de la sagesse, et celui qui connaĂźt ainsi est un sage ou un savant sophos admettant les deux traductions. Tous les philosophes antiques, mĂȘme s'ils ne partagent pas la thĂ©orie platonicienne de la connaissance, conçoivent la science comme un Ă©tat. Les sciences modernes se prĂ©sentent de maniĂšre bien diffĂ©rente, par exemple comme des ensembles organisĂ©s de propositions. L'Ă©tat du sujet connaissant n'est pas primordial, ou relĂšve de la psychologie. Il est mĂȘme indiffĂ©rent de savoir si le scientifique est un sage contemplant des Formes la vĂ©ritĂ© des hypothĂšses ne dĂ©pend pas de la relation de son Ăąme Ă  une rĂ©alitĂ© absolue, mais, par exemple, de procĂ©dures de vĂ©rifications qui requiert une activitĂ© interindividuelle complexe. Cette transformation de la notion de science, qui a lieu Ă  partir du 16e siĂšcle, conduit naturellement Ă  contester au philosophe son statut platonicien de maĂźtre de vĂ©ritĂ©. La raison en est trĂšs simple. Si l'on considĂšre que la vĂ©ritĂ© de nos connaissances sur le monde ne peut ĂȘtre Ă©tablie que par une validation empirique, les propositions mĂ©taphysiques ne sont tout au plus que des illusions sur nos capacitĂ©s de connaĂźtre, et elles sont en tout cas dĂ©pourvues de sens parce qu'elles ne portent sur rien de vrai ni de faux. Il est important de saisir toute l'importance de cette derniĂšre remarque pour la philosophie. Ce sera l'objet de la section suivante. La philosophie n'a pas de vĂ©ritĂ©s qui lui soient propres[modifier modifier le wikicode] Si en effet toute vĂ©ritĂ© repose en dernier ressort sur les donnĂ©es de nos sens, il n'est pas possible de constituer un ensemble de connaissances hors de cette limite. La mĂ©taphysique est donc obsolĂšte, et la philosophie est purement et simplement remplacĂ©e par les sciences. Faut-il alors dĂ©clarer la fin de la philosophie ? Mais le rejet de la mĂ©taphysique n'a pas entrainĂ© avec elle le rejet de la philosophie toute entiĂšre. Plusieurs conceptions de la philosophie demeurent en effet possibles. Tout d'abord, la philosophie peut avoir pour tĂąche de dĂ©limiter le domaine lĂ©gitime de nos connaissances. Elle est alors une thĂ©orie critique de la connaissance qui s'occupe de montrer de quelle maniĂšre les propositions que nous formulons sont ou non lĂ©gitimes. DĂšs lors, elle peut ĂȘtre une activitĂ© rĂ©flexive sur des connaissances dĂ©jĂ  constituĂ©es, ou qui se prĂ©tendent telles, et, en clarifiant les conditions d'utilisation et de validation de ses connaissances, elle en Ă©value la lĂ©gitimitĂ©. La vĂ©ritĂ© comme norme morale[modifier modifier le wikicode] Les sections prĂ©cĂ©dentes ont tracĂ©, dans leurs grandes lignes, plusieurs conceptions de la notion de vĂ©ritĂ©. Bien que ces exposĂ©s soient abstraits et aient surtout rapport Ă  la connaissance, leurs liens Ă  la pratique et Ă  la vie quotidienne sont demeurĂ©s Ă©vidents tout du long, puisque, par exemple, nos propositions les plus triviales peuvent ĂȘtre des illustrations de la problĂ©matique de la vĂ©ritĂ© comme correspondance et la maniĂšre dont nous en venons Ă  tenir une croyance pour vraie peut illustrer la vĂ©ritĂ© comme vĂ©ritĂ© cohĂ©rence. Mais nous en sommes restĂ©s Ă  une approche purement intellectuelle, et nous n'avons pas encore considĂ©rĂ© ce qu'il en est de notre rapport Ă  la vĂ©ritĂ© Ă  la lumiĂšre de nos sentiments et de nos valeurs morales. Dans cette section, nous aborderons la question des rapports de la vĂ©ritĂ© et de la morale de deux points de vue. D'une part, nous nous demanderons si, et dans quelle mesure, les jugements moraux par exemple Voler est mal » sont susceptibles d'ĂȘtre vrais ou faux. Pour rĂ©pondre Ă  cette question, il nous faudra principalement nous demander si, dans le cas oĂč une telle chose existe, la vĂ©ritĂ© des jugements moraux est d'une nature particuliĂšre. D'autre part, nous allons nous prĂ©occuper de ces rapports moraux Ă  la vĂ©ritĂ© que l'on dĂ©signe par des noms de vertus ou de vices la vĂ©racitĂ© et la sincĂ©ritĂ©, le mensonge, la confiance, la tromperie, etc., c'est-Ă -dire que nous allons passer de l'idĂ©e de vĂ©ritĂ© comme norme de connaissance, Ă  l'idĂ©e de vĂ©ritĂ© comme norme morale, et que nous allons nous demander si la vĂ©ritĂ© peut avoir et si oui, dans quelles conditions force d'obligation morale. VĂ©ritĂ© et jugement moral[modifier modifier le wikicode] De quelle vĂ©ritĂ© sont susceptibles les jugements moraux comme voler est mal », l'altruisme est une vertu » ? Si nous pensons que de tels jugements peuvent ĂȘtre vrais ou faux, alors nous devons les tenir pour des propositions comparables Ă  celles que nous avons examinĂ©es plus haut. Cela nous donne un point de dĂ©part, car, pour rĂ©pondre Ă  cette question, il nous suffit de nous demander si ce sont des propositions portant sur des rĂ©alitĂ©s du monde extĂ©rieur comme celles des sciences de la nature ou des propositions vraies en vertu de leurs composants comme celles de la logique et des mathĂ©matiques. Or, Ă  l'Ă©vidence, les propositions morales ne sont ni des vĂ©ritĂ©s logiques ou mathĂ©matiques, ni des vĂ©ritĂ©s de faits. Certes, nous pouvons raisonner Ă  partir de jugements moraux, en dĂ©duisant par exemple que de telle vĂ©ritĂ© morale gĂ©nĂ©rale par exemple voler est mal » appliquĂ©e Ă  tel acte, il s'en suit que l'acte en question est bon ou mauvais. Mais la proposition morale dont nous partons n'est pas une proposition vraie en vertu de ses composants en effet, de la notion de vol, nous ne pouvons dĂ©duire la notion de mal. Cela se voit d'ailleurs bien dans le fait que les propositions morales sont rarement tenues pour vraies en toutes circonstances dans certains cas, nous pouvons admettre que le vol est, par exemple, une nĂ©cessitĂ©. Or, les propositions vraies en vertu de leurs composants sont toujours vraies ; par consĂ©quent, les propositions morales ne sont pas de ce genre. Les jugements moraux ne sont pas non plus des jugements portant sur des faits. Nous voyons bien qu'il y a un ensemble d'actions que nous pouvons qualifier de gĂ©nĂ©reux, d'altruistes, etc. ; mais la qualitĂ© attribuĂ©e la gĂ©nĂ©rositĂ©, l'altruisme, etc. n'est pas un fait extĂ©rieur observable. Il ne peut donc y avoir adĂ©quation ou correspondance entre un jugement moral et une rĂ©alitĂ© empirique. Nous pouvons alors dire que les propositions morales, si elles sont vraies, ne sont vraies ni par un raisonnement purement formel, ni par une Ă©ventuelle possibilitĂ© de les vĂ©rifier empiriquement. Ce rĂ©sultat est embarrassant, car nous ne semblons pas possĂ©der de conception de la vĂ©ritĂ© telle que nous puissions dire qu'une proposition morale est vraie, et, dĂšs lors, la morale apparaĂźt impossible Ă  fonder ; mais, puisqu'elle ne renvoie Ă  aucun fait, tout en portant sur certaines sortes de rĂ©alitĂ©s physiques les actions humaines, la morale ne serait pas non plus rĂ©futable, puisqu'il n'y a rien dans le monde qui puisse contredire un jugement moral. Cependant, nous n'avons pour le moment examinĂ© les jugements moraux qu'Ă  la lumiĂšre de ce qu'est une proposition. Lorsque nous nous sommes efforcĂ©s de comprendre la nature de la vĂ©ritĂ©, nous avons en revanche montrĂ© qu'il existe diffĂ©rentes conceptions de celle-ci, et il se peut que l'une de ces conceptions nous Ă©claire sur les rapports de la morale Ă  la vĂ©ritĂ©. Voyons donc Ă  prĂ©sent Ă  quel genre de vĂ©ritĂ© la vĂ©ritĂ© morale pourrait appartenir. Sujets de dissertation[modifier modifier le wikicode] Nous avons rĂ©unis dans cette section quelques sujets de dissertations, et nous les avons regroupĂ©s par thĂšmes les limites entre ces thĂšmes ne sont bien sĂ»r pas impermĂ©ables. Nous n'allons pas traiter ces questions une par une, mais, pour chaque thĂšme, nous proposerons quelques rĂ©flexions qui pourront peut-ĂȘtre vous servir de point de dĂ©part et que vous pourrez complĂ©ter Ă  l'aide de l'article lui-mĂȘme, les extraits que nous donnons ci-dessous et la bibliographie. Ces questions permettront en outre de traiter dans les grandes lignes les points que nous n'avons pas abordĂ©s, bien que ce ne soit pas sous la forme de rĂ©flexions dĂ©veloppĂ©es, mais d'esquisses de problĂ©matiques. DĂ©finition, nature de la vĂ©ritĂ©, vĂ©ritĂ© et histoire[modifier modifier le wikicode] La vĂ©ritĂ© Qu'est-ce que la vĂ©ritĂ© ? Toute vĂ©ritĂ© est-elle particuliĂšre ? Y a-t-il une vĂ©ritĂ© des apparences ? La vĂ©ritĂ© est-elle soumise au temps ? La vĂ©ritĂ© a-t-elle une histoire ? On peut commencer par distinguer au moins deux sens dans cette question. La vĂ©ritĂ© a une histoire au sens oĂč elle est elle-mĂȘme sujette Ă  des changements, comme l'individu qui a une vie ; mais la vĂ©ritĂ© peut avoir une histoire au sens oĂč sa dĂ©couverte n'est pas immĂ©diate elle fait l'objet de recherches qui permettent de se rapprocher d'elle peu-Ă -peu. Le premier sens apparaĂźt d'emblĂ©e contradictoire, car changer, pour une vĂ©ritĂ©, c'est devenir faux. Donc, la vĂ©ritĂ© ne semble pas avoir d'histoire en ce sens. Le second sens apparaĂźt quant Ă  lui trivial au premier abord. Il est Ă©vident que nous ne dĂ©couvrons que peu de vĂ©ritĂ©s du premier coup ; les sciences en sont un exemple de premier ordre. Pourtant, si histoire de la vĂ©ritĂ© il y a en ce sens, n'est-ce pas plutĂŽt une histoire de nos erreurs ? En effet, s'il y a rĂ©ellement un progrĂšs dans nos connaissances, ce progrĂšs s'accompagne trĂšs souvent de la rĂ©futation des vĂ©ritĂ©s qui Ă©taient admises et qui ne sont donc plus des vĂ©ritĂ©s. Aussi, l'histoire de la vĂ©ritĂ© serait-elle en rĂ©alitĂ© l'histoire des vĂ©ritĂ©s rĂ©futĂ©es. On voit que le sujet est difficile Ă  problĂ©matiser, car les deux sens possibles ne semblent pas permettre d'attribuer une histoire Ă  la vĂ©ritĂ© en elle-mĂȘme. On peut alors tenter l'approche suivante distinguer la notion de vĂ©ritĂ© de la conception que nous en avons ; si la notion elle-mĂȘme ne paraĂźt pouvoir ĂȘtre historique sans contradiction, notre conception de la vĂ©ritĂ© a Ă  l'Ă©vidence une histoire. CritĂšres/conditions de la vĂ©ritĂ©[modifier modifier le wikicode] Existe-t-il des critĂšres du vrai ? La vĂ©ritĂ© dĂ©pend-elle de nous ? Pour bien traiter ce sujet, il faut avoir Ă  l'esprit que le verbe dĂ©pendre doit faire l'objet d'une analyse tout autant que les mots vĂ©ritĂ© et nous. Sans cela, le travail de rĂ©flexion sera confus. En effet, dĂ©pendre a plusieurs sens si l'on ne retient que l'idĂ©e que la vĂ©ritĂ© est ce que nous dĂ©cidons, on rate complĂštement l'intĂ©rĂȘt philosophique de la question, car il serait assez trivial de se contenter d'un relativisme qui ferait dĂ©pendre la vĂ©ritĂ© de notre subjectivitĂ© par exemple. En revanche, la vĂ©ritĂ© peut dĂ©pendre de nous au sens oĂč la vĂ©ritĂ© n'est pas dans les choses mais dans notre esprit voyez ce que nous avons dit Ă  propos d'Aristote, entre autres, et de lĂ  se pose de maniĂšre bien plus pertinente la question de savoir si cette relation Ă  l'esprit dĂ©pend de notre subjectivitĂ© disons par exemple de nos sentiments, de nos opinions, etc. ou de notre intellect et de sa capacitĂ© Ă  juger des choses telles qu'elles sont. On pourra alors se demander si la vĂ©ritĂ© est une rĂ©alitĂ© psychologique ou une norme pour notre esprit, et voir dans chaque cas en quoi elle dĂ©pend de nous. Je ne crois que ce que je vois. » Est-ce la une bonne mĂ©thode pour dĂ©couvrir la vĂ©ritĂ© ? ex. La victime d'un adultĂšre ne le voit pas, pourtant, la rĂ©alitĂ© attestĂ©e par les coupables prouve cette nouvelle vĂ©ritĂ© elle est cocue. Toute vĂ©ritĂ© peut-elle se passer de preuve ? La vĂ©ritĂ© est-elle discutable ? Tant qu'une 'vĂ©ritĂ©' est en rĂ©alitĂ© une proposition, elle est discutable. Y a-t-il des vĂ©ritĂ©s dĂ©finitives/indiscutables ? N'y a-t-il de vĂ©ritĂ© que dans la science ? Ne faut-il tenir pour vrai que ce qui peut-ĂȘtre dĂ©montrĂ© ? Les vĂ©ritĂ©s mathĂ©matiques constituent elles le modĂšle de toute vĂ©ritĂ© ? L'unanimitĂ© est-elle un critĂšre de la vĂ©ritĂ© ? Si on rĂ©uni une majoritĂ© d'ignorants qui sont unanimes dans l'erreur obtient-on la vĂ©ritĂ©? Une pensĂ©e cohĂ©rente est-elle nĂ©cessairement vraie ? Si une pensĂ©e composĂ©e de 5 informations peut ĂȘtre cohĂ©rente, on peut aboutir Ă  une toute autre conclusion ou pensĂ©e si on y ajoute une nouvelle information. La terre est plate, c'Ă©tait cohĂ©rent Ă  l'Ă©poque mais faux selon la rĂ©alitĂ©. Depuis, on a dĂ©montrĂ© et prouvĂ© qu'elle est ronde; c'est aussi cohĂ©rent mais cela repose sur des rĂ©alitĂ©s et non de simples pensĂ©es. Plus les composantes de la pensĂ©e sont des faits incontestables et si tous les faits sont rĂ©unis, alors on obtient ou l'on s'approche de la vĂ©ritĂ©. Recherche de la vĂ©ritĂ©, valeur, norme[modifier modifier le wikicode] Pourquoi l'homme cherche-t-il la vĂ©ritĂ© ? Peut on ne pas dĂ©sirer la vĂ©ritĂ© ? Peut-on dire la vĂ©ritĂ© ça m'est Ă©gal ? Peut-on ne pas vouloir rechercher la vĂ©ritĂ© ? Douter, est-ce renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© ? Dans les questions qui touchent Ă  la valeur de la vĂ©ritĂ© vĂ©ritĂ© comme norme, il faut prendre soin de distinguer mĂȘme si c'est pour discuter cette distinction la valeur de la vĂ©ritĂ© comme norme morale par exemple, on veut la vĂ©ritĂ©, car on ne veut pas ĂȘtre trompĂ©, car il ne faut pas mentir, etc. de la valeur de la vĂ©ritĂ© dans le domaine de la connaissance. De plus, on peut dĂ©crire des motivations trĂšs diffĂ©rentes psychologiques, morales, intellectuelles pour rĂ©pondre Ă  la question de savoir pourquoi nous cherchons la vĂ©ritĂ©. Il est Ă©galement important de distinguer l'attitude de l'homme par rapport Ă  la vĂ©ritĂ© dĂ©sir, volontĂ©, etc., sont du domaine psychologique et morale de la vĂ©ritĂ© comme notion. Dans les questions ci-dessus, c'est le premier point qui est mis en avant, ce qui ne veut pas dire que l'on ne doit pas examiner la notion de vĂ©ritĂ©, mais que les diffĂ©rentes idĂ©es que l'on peut se faire de la vĂ©ritĂ© doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©es Ă  la lumiĂšres de notre attitude Ă  son Ă©gard. La premiĂšre distinction permet de voir qu'il y a de nombreux problĂšmes dans l'affirmation que l'on ne dĂ©sire pas la vĂ©ritĂ©, que la vĂ©ritĂ© nous est Ă©gale si l'on ne veut pas chercher la vĂ©ritĂ©, est-ce Ă  dire que nous prĂ©fĂ©rons le mensonge domaine morale, l'erreur domaine de la connaissance, l'illusion conception de la rĂ©alitĂ© ? Il faut pouvoir rĂ©pondre Ă  ces diffĂ©rents points pour parvenir Ă  justifier que la vĂ©ritĂ© nous indiffĂšre, et on voit, en posant ces questions, que ce n'est pas si facile. Si la question porte sur une question de possibilitĂ© Peut-on ne pas vouloir rechercher la vĂ©ritĂ© ?, on pourra utilement s'interroger sur le caractĂšre intentionnel d'un rejet de la vĂ©ritĂ© et sur son authenticitĂ© le menteur compulsif, le mythomane, par exemple, sont des cas pathologiques qui montrent que l'on peut rejeter la vĂ©ritĂ©, mais qu'il ne s'agit pas d'une volontĂ©. Mais mĂȘme le menteur ne renonce pas Ă  la vĂ©ritĂ©, car, pour mentir, il faut admettre qu'il y a de la vĂ©ritĂ©, et, bien plus, il faut la chercher dans la mesure oĂč cette recherche permet le mensonge. L'artiste serait-il un exemple de volontĂ©, de dĂ©sir vĂ©ritable de prĂ©fĂ©rer l'apparence Ă  la vĂ©ritĂ©, comme le soutient Nietzsche ? On peut penser au contraire, et cela en suivant Nietzsche, que l'art est en rĂ©alitĂ© un moyen de rĂ©vĂ©ler une vĂ©ritĂ© plus fondamentale, une vĂ©ritĂ© mĂ©taphysique Ă  propos de notre existence. MĂȘme si cette conception est fausse, on voit que le dĂ©sir de vĂ©ritĂ© est difficile Ă  Ă©liminer. On pourrait se demander si l'homme n'est pas condamnĂ© Ă  vouloir la vĂ©ritĂ©. Mais pourquoi ? Pourquoi est-il si difficile d'Ă©liminer l'idĂ©e de vĂ©ritĂ© comme norme de nos jugements et de nos pensĂ©es et mĂȘme de nos actions ? Si nous montrons que c'est une tĂąche impossible, nous montrons du mĂȘme coup qu'il est impossible de renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©, et que l'indiffĂ©rence Ă  son Ă©gard est illusoire ou inauthentique. Prenons le cas du doute qui, dans sa forme gĂ©nĂ©ralisĂ©e, peut apparaĂźtre comme un renoncement Ă  la vĂ©ritĂ©, comme une forme d'indiffĂ©rence. Lorsque nous doutons, nous sentons que la vĂ©ritĂ© nous Ă©chappe. Si nous restons dans cet Ă©tat de doute, nous ne renonçons pas Ă  la vĂ©ritĂ©, puisque cet Ă©tat n'a de sens que par rapport Ă  la vĂ©ritĂ©. Mais surtout, lorsque nous doutons, nous cherchons une issue Ă  nos doutes. Nous pouvons en proposer une explication anthropologique le doute est, dans l'action, synonyme d'hĂ©sitation ; l'hĂ©sitation produit la paralysie qui nous conduit finalement Ă  l'Ă©chec. L'Ă©chec diminue notre pouvoir et est une source de dĂ©plaisir. Dans la recherche de moyens de survie, le doute est Ă©galement synonyme de blessures et de mort. La connaissance de la rĂ©alitĂ© est au contraire une bonne condition de survie. La recherche de la vĂ©ritĂ© pourrait ĂȘtre alors Ă  l'origine un instinct qui s'est par la suite intellectualisĂ© et qui a ainsi contribuĂ© Ă  former de maniĂšre essentielle notre humanitĂ©. Nous obtenons ainsi une explication Ă  la fois simple et, par bien des aspects, triviale, de notre dĂ©sir de vĂ©ritĂ© le plaisir et la douleur que nous cause la rĂ©alitĂ© nous conduisent Ă  prĂ©fĂ©rer des reprĂ©sentations correctes de ce qui est. Dans l'action et dans la nĂ©cessitĂ© de survivre, la sanction du rĂ©el est impitoyable. DiversitĂ© des opinions, relativisme[modifier modifier le wikicode] La diversitĂ© des opinions rend elle vaine la recherche de la vĂ©ritĂ©? Peut-on dire Ă  chacun sa vĂ©ritĂ© ? De quelle vĂ©ritĂ© l'opinion est-elle capable ? Dans ce genre de questions, il faut vraiment faire attention Ă  Ă©viter ces facilitĂ©s que l'on rencontre aujourd'hui un peu partout, et qui se rĂ©sument toutes Ă  peu prĂšs ainsi la vĂ©ritĂ© est une question de point de vue, il n'y a pas de vĂ©ritĂ© absolue. Ce sont des facilitĂ©s, car elles n'ont pas un fondement thĂ©orique particuliĂšrement Ă©laborĂ©, ce qui permet de les rĂ©futer facilement si la vĂ©ritĂ© est une question de point de vue, la proposition la vĂ©ritĂ© est une question de point de vue » est une question de vue, et il donc parfaitement raisonnable de ne pas la tenir pour vraie. En outre, il est trĂšs difficile de soutenir un tel point de vue lorsqu'on le confronte Ă  certaines rĂ©alitĂ©s par exemple, la vĂ©ritĂ© de 2 + 2 = 4 » dĂ©pend-elle de nos opinions ? Chacun peut-il avoir son opinion sur, par exemple, la dimension de la Terre ou la composition molĂ©culaire de l'eau ? La consĂ©quence ultime du Ă  chacun sa vĂ©ritĂ© » est que la rĂ©alitĂ© dĂ©pend du point de vue de chacun. Il est sans doute prĂ©fĂ©rable de chercher Ă  dĂ©terminer les domaines dans lesquels il y a effectivement, et de maniĂšre inĂ©vitable, une diversitĂ© d'opinions, et les domaines oĂč cette diversitĂ© est surtout le rĂ©sultat de l'ignorance. Dans une telle approche, on peut par exemple estimer que la recherche de la vĂ©ritĂ© en politique est vaine, parce que l'objectif en politique est de trouver la meilleure maniĂšre de faire coexister des individus qui ont des opinons diffĂ©rentes, et non de leur dire ce qu'ils doivent penser ; et, en mĂȘme temps, on peut estimer que la diversitĂ© des opinions dans les sciences est inhĂ©rente Ă  notre ignorance naturelle et Ă  la nĂ©cessitĂ© de formuler des hypothĂšses pour y remĂ©dier, ce qui rend justement la diversitĂ© des opinions indispensable. Cette distinction Ă©videmment sommaire de deux domaines politique et sciences devrait ainsi vous convaincre de la nĂ©cessitĂ© de ne pas faire des rĂ©ponses en gros, des rĂ©ponses gĂ©nĂ©rales, qui n'ont plus guĂšre d'intĂ©rĂȘt dĂšs qu'on les applique Ă  des problĂšmes ou des situations particuliĂšres. Voyons cela plus prĂ©cisĂ©ment en proposant une esquisse de rĂ©ponse Ă  la troisiĂšme question de notre liste De quelle vĂ©ritĂ© l'opinion est-elle capable ?. Si nous partons de l'idĂ©e que chacun possĂšde sa vĂ©ritĂ©, quelle conception de la vĂ©ritĂ© peut nous faire comprendre, d'une part, que chacun puisse en effet avoir sa vĂ©ritĂ©, et, d'autre part, que toutes les opinions des hommes peuvent prĂ©tendre Ă  la qualitĂ© de vĂ©ritĂ© ? À l'Ă©vidence aucune, car chacun, justement, a sa vĂ©ritĂ©, et donc aussi sa conception de la vĂ©ritĂ© qu'il ne partage pas avec ses semblables. Le problĂšme devient dĂ©jĂ  plus intĂ©ressent si nous distinguons des domaines, comme nous l'avons fait ci-dessus. Dans le domaine politique, il serait possible de comprendre la vĂ©ritĂ©, pour chacun, comme l'opinion qu'il se fait de la vie la meilleure en sociĂ©tĂ© dans la mesure oĂč celle-ci est compatible avec une vie commune ; chacun Ă  ainsi une part Ă  une conception gĂ©nĂ©rale de la sociĂ©tĂ©, disons, par exemple, la conception dĂ©mocratique. Par rapport aux sciences et Ă  la connaissance, l'opinion peut ĂȘtre caractĂ©risĂ©e de maniĂšres trĂšs diverses qui reflĂštent sa diversitĂ© et l'impression de Ă  chacun sa vĂ©ritĂ© » que nous pouvons en retirer si c'est un jugement qui ne repose sur aucun fait ni aucune thĂ©orie, si elle est contredite par des faits, alors cette opinion est fausse et si nous tenons que toute opinion est fausse, alors nous pouvons aussi estimer que la diversitĂ© des opinions vient de l'erreur, du fait qu'elle n'est pas capable de vĂ©ritĂ© ; en revanche, l'opinion peut ĂȘtre une hypothĂšse et donc une proposition dont la vĂ©ritĂ© n'est pas encore assurĂ©e mais que l'on va pouvoir vĂ©rifier dans ce cas, l'opinion tend vers la vĂ©ritĂ©, elle est capable de vĂ©ritĂ© dans cette mesure - la diversitĂ© des opinions tient alors au fait que la vĂ©ritĂ© n'a pas encore Ă©tĂ© Ă©tablie; l'opinion peut ĂȘtre aussi un jugement vrai, mais dont on ne sait pas pourquoi il est vrai pensez aux connaissances scientifiques dont vous disposez parce que vous les avez apprises, entendues ou lues, mais dont vous ne connaissez pas la justification thĂ©orique. Dans ce cas, l'opinion est une vĂ©ritĂ© non justifiĂ©e, c'est un savoir que vous possĂ©dez, mais sans en avoir la certitude dans ce cas, l'opinion est pleinement capable de vĂ©ritĂ©, et la diversitĂ© des opinions tient au fait que l'absence de certitude et de justification permet que des erreurs ou des dĂ©formations s'y introduisent. Le rĂ©sultat de ces quelques rĂ©flexions, est qu'il est possible de distinguer plusieurs maniĂšres pour l'opinion de se rapporter Ă  la vĂ©ritĂ©, et ces maniĂšres vont du faux Ă  la vĂ©ritĂ© elle-mĂȘme, en passant par l'incertain et l'opinion commune Ă  propos d'une conception comme le meilleur rĂ©gime politique. Ce rĂ©sultat montre aussi que l'on ne peut pas dire dans tous les cas et pour les mĂȘmes raisons que chacun peut possĂ©der sa vĂ©ritĂ© dans certains cas, il s'agit d'ignorance, de prĂ©jugĂ©s, dans d'autres, d'opinions mal assurĂ©es, d'hypothĂšses, etc.. Enfin, ce rĂ©sultat montre aussi que la diversitĂ© des opinions est loin de rendre vaine la recherche de la vĂ©ritĂ©. VĂ©ritĂ©, morale, politique[modifier modifier le wikicode] La vĂ©ritĂ© est elle libĂ©ratrice ? La vĂ©ritĂ© est-elle tyrannique ? Y a-t-il des vĂ©ritĂ©s prĂ©judiciables ? La tolĂ©rance exclut-elle toute rĂ©fĂ©rence Ă  une vĂ©ritĂ© ? Doxographie et textes[modifier modifier le wikicode] Nous avons jusqu'ici proposĂ© une analyse de la notion de vĂ©ritĂ© et des problĂ©matiques qui lui sont liĂ©es. Nous allons Ă  prĂ©sent exposer quelques thĂ©ories sur la vĂ©ritĂ© soutenue par les philosophes. Si nous n'abordons ces thĂ©ories que maintenant, c'est parce qu'il fallait d'abord comprendre les problĂšmes, avant de voir comment ils ont Ă©tĂ© traitĂ©s. De cette maniĂšre, on assimilera mieux la pensĂ©e de ces philosophes, au lieu de l'apprendre par cƓur et de la rĂ©citer dans une dissertation. Aristote[modifier modifier le wikicode] Ce n'est pas parce que nous pensons d'une maniĂšre vraie que tu es blanc, que tu es blanc, mais c'est parce que tu es blanc, qu'en disant que tu l'es, nous disons la vĂ©ritĂ©. » MĂ©taphysique, Livre Gamma, 4, 1006a 10-12, trad. Tricot, Vrin Commentaire la vĂ©ritĂ© de nos pensĂ©es repose sur une rĂ©alitĂ© qui nous est extĂ©rieure, qui ne dĂ©pend pas de nous et qui prĂ©cĂšde ce que nous pensons. Nous n'inventons pas la rĂ©alitĂ© que nous pensons l'esprit ne créé pas un objet en sorte que cet objet lui corresponde ; au contraire, l'objet existe en dehors de la pensĂ©e vraie, et donc avant elle. Mais cela ne veut pas dire pour Aristote que nous trouvons la vĂ©ritĂ© dans les choses, bien que la vĂ©ritĂ© soit l'un des sens de l'ĂȘtre c'est-Ă -dire qu'elle est une sorte de la rĂ©alitĂ© Qu’il nous suffise d’avoir remarquĂ© que la convenance ou la disconvenance du sujet et de l’attribut existe dans la pensĂ©e et non dans les choses, et que l’ĂȘtre en question [celui de la vĂ©ritĂ©] n’a pas d’existence propre [...] » MĂ©taphysique, Livre E, 4, 1027b La vĂ©ritĂ© existe dans la pensĂ©e, et elle a une rĂ©alitĂ© diffĂ©rente de la rĂ©alitĂ© des choses mais qui en dĂ©rive car notre pensĂ©e est une rĂ©alitĂ© vraie dans la mesure oĂč elle dit ce qui est, aussi est-elle une affection ou une modification de la pensĂ©e et elle n'existe pas par elle-mĂȘme. La vĂ©ritĂ© au sens de correspondance a Ă©tĂ© dĂ©finie par Aristote dans De l'InterprĂ©tation, Ɠuvre oĂč il analyse la formation des propositions logiques, c'est-Ă -dire les parties du discours susceptibles d'ĂȘtre vraies ou fausses. Une proposition est vraie quand on dit que ce qui est est ou que ce qui n'est pas n'est pas ; elle est fausse quand on dit que ce qui est n'est pas ou que ce qui n'est pas est. Cette vĂ©ritĂ© est appelĂ©e aussi la vĂ©ritĂ© correspondance. Ce type de vĂ©ritĂ© concerne la recherche scientifique. Cette conception est fortement rĂ©aliste, car nous disons par exemple que le chat est sur le tapis est vrai parce qu'il est sur le tapis, et non l'inverse. Le problĂšme est alors de savoir ce qu'il faut entendre par correspondance. Une proposition vraie est-elle vraie parce qu'elle ressemble Ă  ce qu'elle signifie ? Non, car une proposition est faite de mots qui ne ressemblent pas Ă  des faits. C'est donc que le sens de la proposition exprimerait quelque chose de la rĂ©alitĂ© ; mais le problĂšme de cette thĂ©orie est de savoir comment cela est possible. MalgrĂ© sa thĂ©orie du syllogisme, il ne semble pas qu'Aristote soit parvenu Ă  distinguer les deux premiers sens de la vĂ©ritĂ©. On trouve en revanche cette distinction dans la logique stoĂŻcienne, exposĂ©e par Sextus Empiricus dans ses Esquisses Pyrrhonnienne. L'analyse stoicienne de l'implication permet en effet de valider des propositions telles que si la terre a des ailes, elle vole ; les deux parties de l'implication sont matĂ©riellement fausses, et pourtant le raisonnement est valide. Thomas d'Aquin[modifier modifier le wikicode] Le vrai est Ă  la fois dans l'intellect et dans les choses. Toutefois, le vrai qui est dans les choses est substantiellement identique Ă  l'ĂȘtre ; et le vrai qui est dans l'intellect est identique Ă  l'ĂȘtre, mais comme une reprĂ©sentation l'est Ă  ce qu'elle reprĂ©sente [...]. » Somme thĂ©ologique, I, q. 16, a. 3 Remarque On voit que, au contraire d'Aristote, cette conception de la vĂ©ritĂ© assimile la vĂ©ritĂ© Ă  l'ĂȘtre ou Ă  la rĂ©alitĂ©, la vĂ©ritĂ© dans l'esprit Ă©tant dĂ©rivĂ©e, en tant que reprĂ©sentation, de la vĂ©ritĂ© dans la rĂ©alitĂ©, tout en Ă©tant cependant identique Ă  l'ĂȘtre. On peut objecter Ă  cette conception qu'elle est contradictoire et distingue deux vĂ©ritĂ©s car la vĂ©ritĂ© dans l'esprit est la vĂ©ritĂ© de la reprĂ©sentation, donc d'une relation entre ce que nous pensons et la rĂ©alitĂ© de ce que nous pensons, alors que la vĂ©ritĂ© dans les choses est simplement identique Ă  la rĂ©alitĂ©. Pourtant, le vrai dans l'intellect, assimilĂ© Ă  une reprĂ©sentation de l'ĂȘtre, est en mĂȘme temps identique Ă  l'ĂȘtre. Il y a donc lĂ  une hĂ©sitation entre la sĂ©paration et l'identification de la pensĂ©e et de l'ĂȘtre. Cette conception qui identifie vĂ©ritĂ© et rĂ©alitĂ© Ă©tait rĂ©pandue au Moyen Âge ; elle ne l'est plus guĂšre de nos jours. Hobbes[modifier modifier le wikicode] Le vrai et le faux sont des attributs du langage, non des choses. Et lĂ  oĂč il n'y a pas de langage, il n'y a ni vĂ©ritĂ© ni faussetĂ©. » LĂ©viathan, chap. 4, trad. G. Mairet, Folio Essais, p. 102. Pascal[modifier modifier le wikicode] La vĂ©ritĂ© doit toujours avoir l'avantage, quoique nouvellement dĂ©couverte, puisqu'elle est toujours plus ancienne que toutes les opinions qu'on en a eues, et que ce serait ignorer sa nature que de s'imaginer qu'elle ait commencĂ© d'ĂȘtre au temps qu'elle a commencĂ© d'ĂȘtre connue. » Sur le traitĂ© du vide Spinoza[modifier modifier le wikicode] On appelle idĂ©e vraie, celle qui montre une chose comme elle est en elle-mĂȘme ; fausse, celle qui montre une chose autrement qu'elle n'est en rĂ©alitĂ©. » PensĂ©es mĂ©taphysiques, I, 6, trad. Appuhn, GF, 1964, p. 352 "et l'on dit vrai un rĂ©cit quand le fait Ă©tait rĂ©ellement arrivĂ©; faux quand le fait racontĂ© n'Ă©tait arrivĂ© nulle part" Hume[modifier modifier le wikicode] Le vrai et le faux consistent en un accord ou un dĂ©saccord, soit avec les relations rĂ©elles entre les idĂ©es, soit avec l'existence et le fait rĂ©el. » TraitĂ© de la nature humaine Hegel[modifier modifier le wikicode] Il semble que l'on fait consister proprement la possession de la philosophie dans le manque de connaissances et d'Ă©tudes, et que celles-ci finissent quand la philosophie commence. On tient souvent la philosophie pour un savoir formel et vide de contenu. Cependant, on ne se rend pas assez compte que ce qui est VĂ©ritĂ© selon le contenu, dans quelque connaissance ou science que ce soit, peut seulement mĂ©riter le nom de VĂ©ritĂ© si la philosophie l'a engendrĂ© ; que les autres sciences cherchent autant qu'elles veulent par la ratiocination Ă  faire des progrĂšs en se passant de la philosophie il ne peut y avoir en elles sans cette philosophie ni vie, ni esprit, ni vĂ©ritĂ©. » PhĂ©nomĂ©nologie de l'esprit, Introduction », ed. Aubier-Montaigne, Nietzsche[modifier modifier le wikicode] La vĂ©ritĂ© comme croyance premiĂšre de la science De quelle maniĂšre, nous aussi, nous sommes encore pieux. — On dit, Ă  bon droit, que, dans le domaine de la science, les convictions n'ont pas droit de citĂ© ce n'est que lorsqu'elles se dĂ©cident Ă  s'abaisser Ă  la modestie d'une hypothĂšse, d'un point de vue expĂ©rimental provisoire, d'un artifice de rĂ©gulation, que l'on peut leur accorder l'entrĂ©e et mĂȘme une certaine valeur dans le domaine de la connaissance, — Ă  une condition encore, c'est qu'on les mette sous la surveillance de la police, de la police de la mĂ©fiance bien entendue. — Mais cela n'Ă©quivaut-il pas Ă  dire ce n'est que lorsque la conviction cesse d'ĂȘtre une conviction que l'on peut lui concĂ©der l'entrĂ©e dans la science? La discipline de l'esprit scientifique ne commencerait-elle pas alors seulement que l'on ne se permet plus de convictions?... Il en est probablement ainsi. Or, il s'agit encore de savoir si, pour que cette discipline puisse commencer, une conviction n'est pas indispensable, une conviction si impĂ©rieuse et si absolue qu'elle force toutes les autres convictions Ă  se sacrifier pour elle. On voit que la science, elle aussi, repose sur une foi, et qu'il ne saurait exister de science inconditionnĂ©e ». La question de savoir si la vĂ©ritĂ© est nĂ©cessaire doit, non seulement avoir reçu d'avance une rĂ©ponse affirmative, mais l'affirmation doit en ĂȘtre faite de façon Ă  ce que le principe, la foi, la conviction y soient exprimĂ©s, rien n'est plus nĂ©cessaire que la vĂ©ritĂ©, et, par rapport Ă  elle, tout le reste n'a qu'une valeur de deuxiĂšme ordre. » Nietzsche, Le Gai Savoir, §344. Bibliographie[modifier modifier le wikicode] Textes classiques[modifier modifier le wikicode] PLATON, ThéétĂšte, 189a-192c PLATON, La RĂ©publique, livre VI et VII PLATON, MĂ©non ARISTOTE, De l'InterprĂ©tation ARISTOTE, Seconds Analytiques AUGUSTIN, Sur le mensonge ANSELME, De Veritate D’AQUIN, Thomas, De la vĂ©ritĂ© DESCARTES, MĂ©ditations mĂ©taphysiques DESCARTES, Recherche de la vĂ©ritĂ© par les lumiĂšres naturelles SPINOZA, L’Éthique MALEBRANCHE, De la recherche de la vĂ©ritĂ© KANT, Critique de la raison pure KANT, Sur un prĂ©tendu droit de mentir NIETZSCHE, Le Gai Savoir Textes rĂ©cents[modifier modifier le wikicode] RUSSELL, Bertand, Essais philosophiques AYER, Alfred, Langage, vĂ©ritĂ© et logique TARSKI, Logique, sĂ©mantique, mĂ©tamathĂ©matique AUSTIN, John, La VĂ©ritĂ© QUINE, La Poursuite de la vĂ©ritĂ© ENGEL, Pascal, La VĂ©ritĂ© RĂ©flexions sur quelques truismes, Paris, Hatier, 1998 Un petit livre clair et instructif, comportant des passages assez denses et hardus qui peuvent rebuter le dĂ©butant. RORTY, Richard et ENGEL, Pascal, À quoi bon la vĂ©ritĂ© ?, Paris, Grasset, 2005 Une confrontation riche entre deux conceptions de la vĂ©ritĂ© rĂ©alisme et pragmatisme. FRANKFURT, Harry G., De l’art de dire des conneries, traduit de l’amĂ©ricain par Didier SĂ©nĂ©cal, Éditions 10/18, coll. Fait et cause », 2006 Un livre amusant et sĂ©rieux. L'auteur distingue le mensonge du baratin » ou connerie, bullshit en anglais relativement Ă  la notion de vĂ©ritĂ©. Le menteur entretient un rapport dĂ©terminĂ© Ă  la vĂ©ritĂ© pour mentir, il ne doit pas dire la vĂ©ritĂ©, ne pas avoir l'intention de la dire, mais cela suppose qu'il admette qu'il y a du vrai. Celui qui dit des conneries n'a en revanche aucun souci de la notion de vĂ©ritĂ©, raconte n'importe quoi et peut Ă  l'occasion dire la vĂ©ritĂ©. L'homme politique est un cas exemplaire de baratineur, et, remarque Frankfurt, la volontĂ© d'authenticitĂ© apparaĂźt Ă©galement comme une forme aujourd'hui trĂšs rĂ©pandue de connerie. DOKIC, JĂ©rĂŽme, La Perception Voir la partie sur la connaissance et la perception. Notions liĂ©es[modifier modifier le wikicode] RĂ©alitĂ© PensĂ©e, Croyance, Jugement, Proposition, Connaissance, Savoir Erreur VĂ©racitĂ©, SincĂ©ritĂ©, Confiance, Mensonge, Baratin
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29Celaoblige Ă  distinguer deux espĂšces de savoir : le savoir Plus je sais et le savoir Plus je ne sais pas, celui dont on peut seulement dire qu’il y a savoir et qui le dit.Cette distinction entre deux types de savoir – le savoir auquel le Je sais peut s’ajouter et le savoir auquel le Je sais ne peut pas s’ajouter – rend nĂ©cessaire, comme mĂ©diation, comme lien, la fonction du La vĂ©ritĂ© est l'adĂ©quation entre la pensĂ©e et la rĂ©alitĂ©. La mĂ©thode pour l'Ă©tablir est la dĂ©monstration. Toutefois, il faut se demander si la vĂ©ritĂ© est unique et quelle est sa valeur. IDĂ©finition de la vĂ©ritĂ© La vĂ©ritĂ© est d'abord une Ă©vidence dans le sens oĂč elle est l'adĂ©quation d'un discours ou d'une reprĂ©sentation et d'un objet on ne peut douter de ce que l'on voit. Par ailleurs, la vĂ©ritĂ© est toujours un jugement. On ne dira pas d'un arbre existant qu'il est vrai, mais qu'il est rĂ©el. À l'inverse, on dit qu'il est vrai qu'il s'agit d'un chĂȘne dans ce cas, c'est bien le jugement sur l'arbre qui peut ĂȘtre vrai ou faux. On remarque que le faux est tout ce qui ne correspond pas au vrai L'erreur est l'absence du vrai. L'indice le plus certain de l'erreur est la contradiction, comme l'explique Leibniz on ne peut soutenir que quelque chose est blanc et noir "en mĂȘme temps et sous le mĂȘme rapport". L'impĂ©ratif de non-contradiction dĂ©coule du principe d'identitĂ© du rĂ©el Ă  lui-mĂȘme une pomme est une pomme, un homme est un homme, et le vrai doit demeurer le vrai. Le mensonge est la dissimulation du vrai. L'illusion trompe, elle donne une fausse image du vrai. Dans les trois cas de l'erreur, du mensonge et de l'illusion, le jugement faux s'oppose au jugement vrai. Enfin, la vĂ©ritĂ© se reconnaĂźt Ă  la certitude qui l'accompagne lorsque l'on Ă©nonce une vĂ©ritĂ©, on est sĂ»r de soi. Cependant, si la certitude accompagne la vĂ©ritĂ©, elle ne la constitue pas. En effet, on pourrait simplement manquer de raisons de douter d'une illusion. On peut confondre un serpent avec une corde. On ne "doute pas" alors, au sens fort du mot, qu'il s'agit bien d'une corde. Toutefois, si le serpent bouge ou si l'on se rapproche, on rĂ©alise alors qu'il s'agit d'un serpent, quand bien mĂȘme on Ă©tait persuadĂ© du contraire. Ainsi, la certitude n'est pas seulement l'absence du doute, mais la claire conscience du vrai. La vĂ©ritĂ© peut ĂȘtre une Ă©vidence, un jugement ou une certitude, mais on se rend compte qu'il faut une preuve pour dĂ©finir le vrai. Il faut faire appel Ă  un raisonnement. IILa dĂ©monstration pour Ă©tablir la vĂ©ritĂ© ALe rĂŽle de la dĂ©monstration Pour s'assurer de la vĂ©ritĂ© de ce que l'on pense, il importe de pouvoir justifier ce que l'on dit. En ce sens, la dĂ©monstration peut jouer le rĂŽle de modĂšle dans l'Ă©laboration de la vĂ©ritĂ©. Au sens large, la notion de dĂ©monstration se rapporte Ă  tout type de preuve qu'une personne peut fournir pour appuyer ce qu'elle avance. Elle peut donc avoir le sens de justification. Dans Essais de ThĂ©odicĂ©e justification de Dieu, Leibniz dĂ©veloppe une immense dĂ©monstration dans le domaine thĂ©ologique c'est-Ă -dire, dans les religions monothĂ©istes, relatif Ă  Dieu. Si, par exemple, on dit "Dieu est bon", on doit aussi prouver que ce que Dieu choisit de crĂ©er est le "meilleur". Ainsi, il faut prouver que Dieu existe ce que fait le philosophe et qu'il choisit toujours le bien. On se heurte alors au problĂšme du mal pourquoi Dieu permet-il Ă  l'homme de faire de mauvais choix ? Avec la dĂ©monstration, l'argumentation rebondit toujours. BLes diffĂ©rents types de dĂ©monstrations Dans un raisonnement inductif, c'est-Ă -dire dans une induction, on part d'observations pour Ă©tablir une conclusion dont la vĂ©ritĂ© est probable. Par exemple, si l'on dit que tous les corbeaux observĂ©s jusqu'Ă  prĂ©sent sont noirs, on en tire la conclusion que tous les corbeaux sont noirs. Cette conclusion n'est que probable il se peut qu'un jour on rencontre un corbeau blanc. La dĂ©duction suit le cheminement inverse partant de prĂ©misses gĂ©nĂ©rales, elle les applique Ă  un cas particulier. Ainsi, dans une dĂ©duction, si les prĂ©misses sont vraies, alors la conclusion est nĂ©cessairement vraie. Ce qui diffĂ©rencie l'induction de la dĂ©duction, c'est donc le lien Ă©tabli entre les prĂ©misses c'est-Ă -dire la proposition admise sur laquelle on base le raisonnement et la conclusion. Aristote a dĂ©fini le syllogisme comme le modĂšle du raisonnement dĂ©monstratif. Le syllogisme est un raisonnement formel qui Ă©tablit une conclusion nĂ©cessaire dĂ©duite Ă  partir des prĂ©misses. Un syllogisme se fait en trois Ă©tapes une prĂ©misse majeure, une prĂ©misse mineure, et une conclusion qui se dĂ©duit des deux prĂ©misses. La formule suivante est un syllogisme classique tous les hommes sont mortels prĂ©misse majeure ; or, Socrate est un homme prĂ©misse mineure ; donc Socrate est mortel conclusion. La notion de dĂ©monstration connaĂźt aussi un usage plus restreint il s'agit de la dĂ©monstration telle qu'elle est pratiquĂ©e dans les mathĂ©matiques. La dĂ©monstration mathĂ©matique est une forme de raisonnement caractĂ©risĂ©e par le fait qu'elle se prĂ©sente comme un systĂšme dont toutes les propositions sont dĂ©montrĂ©es et cohĂ©rentes entre elles. Plus prĂ©cisĂ©ment, la dĂ©monstration est une forme de raisonnement qui tire des conclusions Ă  partir de prĂ©misses points de dĂ©part du raisonnement selon des modalitĂ©s strictes. Les rĂ©sultats de la dĂ©monstration sont nĂ©cessaires ils ont Ă©tĂ© prouvĂ©s Ă  l'intĂ©rieur du systĂšme. CLes limites de la dĂ©monstration 1Les limites de la dĂ©duction et de l'induction Le syllogisme peut ĂȘtre dĂ©tournĂ© pour constituer des faux raisonnements les sophismes et les paralogismes. Ce sont des raisonnements qui ont l'apparence de la validitĂ© mais qui ne sont en fait pas valides logiquement. Les prĂ©misses sont vraies, mais la conclusion ne l'est pas. Sophisme Le sophisme est un raisonnement qui, partant de prĂ©misses vraies et obĂ©issant aux rĂšgles de la logique, aboutit Ă  une conclusion la piĂšce RhinocĂ©ros d'EugĂšne Ionesco, un sophisme cĂ©lĂšbre dans lequel le logicien dit au vieux monsieur "Tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat." Paralogisme Le paralogisme, lui, est un raisonnement dont le dĂ©part est faux mais qui apparaĂźt comme rigoureux."Tous les chats ont cinq pattes. Gros-Minou est un chat. Donc Gros-Minou a cinq pattes." 2Les axiomes mathĂ©matiques Axiome Un axiome dĂ©signe une vĂ©ritĂ© indĂ©montrable qui doit ĂȘtre admise comme vraie. Les axiomes constituent la limite de la dĂ©monstration ils ne peuvent pas ĂȘtre dĂ©montrĂ©s. RenĂ© Descartes souligne que les axiomes sont immĂ©diatement connus par l'esprit leur vĂ©ritĂ© se voit d'elle-mĂȘme. Ce sont donc des Ă©vidences, des "intuitions". On parle ici d'intuition intellectuelle, c'est-Ă -dire l'acte par lequel l'esprit saisit immĂ©diatement, sans intermĂ©diaire, le vrai. Comme saisie immĂ©diate du vrai, l'intuition n'a besoin ni d'ĂȘtre dĂ©montrĂ©e ni d'ĂȘtre prouvĂ©e par l'expĂ©rience. On ne voit pas comment on pourrait dĂ©montrer les axiomes eux-mĂȘmes, Ă©tant donnĂ© que les axiomes sont les principes les plus Ă©lĂ©mentaires d'une thĂ©orie. Qu'est-ce qui permet alors d'affirmer la vĂ©ritĂ© des axiomes si on ne peut pas les dĂ©montrer ?En tant que principes les plus Ă©lĂ©mentaires d'une thĂ©orie, les axiomes n'ont pas Ă  ĂȘtredĂ©montrĂ©s. Il importe de dĂ©terminer ce qui permet d'en affirmer la vĂ©ritĂ©. Pour cela, on peut s'appuyer sur les deux ordres de connaissance de Blaise Pascal. Dans les PensĂ©es, Pascal assure qu'il est possible de distinguer deux ordres de connaissance la voie de la raison et la voie du cƓur le cƓur fournit les premiers principes, et la raison dĂ©montre par la suite des propositions Ă  partir d'eux. Ces deux modes d'accĂšs au vrai garantissent la certitude. 3La relativitĂ© Une vĂ©ritĂ© peut n'ĂȘtre vraie ou juste que dans un certain cadre. Il faut tenir compte de la relativitĂ©, c'est-Ă -dire la dĂ©pendance de l'ensemble des Ă©noncĂ©s Ă  l'Ă©gard d'un systĂšme d'axiomes donnĂ©. L'histoire des mathĂ©matiques montre que ces premiers principes qui semblaient Ă©vidents en eux-mĂȘmes se sont rĂ©vĂ©lĂ©s partiellement faux. L'idĂ©e que "le tout est plus grand que la partie" semble Ă©vidente. En rĂ©alitĂ©, dans le cas d'une partie infinie d'un ensemble infini, cela n'est pas vrai. De la mĂȘme maniĂšre, les axiomes de la gĂ©omĂ©trie euclidienne ne sont plus absolus. La gĂ©omĂ©trie euclidienne part du postulat que par un point extĂ©rieur Ă  une droite, on peut faire passer une unique parallĂšle Ă  cette droite ». Toutefois Selon la gĂ©omĂ©trie de Riemann, par un point extĂ©rieur Ă  une droite, on ne peut faire passer aucune parallĂšle Ă  cette droite. Selon la gĂ©omĂ©trie de Lobatchevski, par un point extĂ©rieur Ă  une droite, on peut faire passer une infinitĂ© de parallĂšles Ă  cette droite. Cette dĂ©couverte de la dĂ©pendance des vĂ©ritĂ©s mathĂ©matiques Ă  leur cadre thĂ©orique donne lieu au dĂ©veloppement de divers systĂšmes axiomatiques. Ainsi, on considĂšre qu'une vĂ©ritĂ© dĂ©montrĂ©e ne l'est qu'Ă  l'intĂ©rieur du systĂšme thĂ©orique particulier au sein duquel elle est insĂ©rĂ©e. Le choix du cadre thĂ©orique ne dĂ©pendra plus dĂšs lors de son caractĂšre vrai ou faux, mais de sa pertinence ou de son utilitĂ© quant Ă  ce qui est Ă  dĂ©montrer. C'est ce que souligne le mathĂ©maticien PoincarĂ©. Une gĂ©omĂ©trie ne peut pas ĂȘtre plus vraie qu'une autre ; elle peut seulement ĂȘtre plus Science et l'HypothĂšse, prĂ©f. Jules Vuillemin, Paris, Ă©d. Flammarion, coll. "Champs sciences" 2014Ce qui explique que l'on retienne un cadre thĂ©orique valide plutĂŽt qu'un autre n'est pas qu'il est plus vrai, mais qu'il est plus commode - c'est-Ă -dire plus pertinent, plus existe des limites pour dĂ©montrer la vĂ©ritĂ©, et puisque la relativitĂ© existe mĂȘme en mathĂ©matiques, on peut se demander s'il n'y a pas plusieurs vĂ©ritĂ©s et quelle valeur on peut donner Ă  la vĂ©ritĂ©. IIILes degrĂ©s, types et valeurs de la vĂ©ritĂ© ALa pluralitĂ© de la vĂ©ritĂ© 1Les degrĂ©s de la vĂ©ritĂ© Il existe diffĂ©rents degrĂ©s de de la raison pure, Kritik der reinen Vernunft, trad. A. Tremesaygues et C. Pacaud, Paris, Ă©d. PUF 2012 Kant propose donc de faire une distinction entre L'opinion dans ce cas, le sujet sait que son jugement est insuffisant objectivement et subjectivement. La foi dans ce cas, le sujet sait que son jugement est insuffisant objectivement mais suffisant subjectivement. Et enfin le savoir dans ce cas, le sujet sait que son jugement est suffisant objectivement et subjectivement. 2Les vĂ©ritĂ©s de raison et les vĂ©ritĂ©s de fait Il est aussi possible de distinguer diffĂ©rents types de vĂ©ritĂ©s, selon ce Ă  quoi elles se rapportent. Leibniz propose ainsi une distinction entre les vĂ©ritĂ©s de raison et les vĂ©ritĂ©s de faits Dans les "vĂ©ritĂ©s de raison", la vĂ©ritĂ© se dit d'un Ă©noncĂ© qui est vrai en lui-mĂȘme, par les relations logiques entre ses termes. On y accĂšde donc par la dĂ©monstration. Les vĂ©ritĂ©s de raison sont nĂ©cessaires leur opposĂ© est impossible. Dans les "vĂ©ritĂ©s de fait", la vĂ©ritĂ© se dit d'un Ă©noncĂ© qui est vrai car il correspond au rĂ©el qu'il dĂ©crit. On y accĂšde donc par l'expĂ©rience. Les vĂ©ritĂ©s de fait sont contingentes, c'est-Ă -dire qu'elles pourraient ne pas ĂȘtre, ou ĂȘtre autrement leur opposĂ© est donc possible. Contingent Est contingent ce qui pourrait ne pas ĂȘtre, ou ĂȘtre autrement. Ce qui est contingent s'oppose Ă  ce qui est nĂ©cessaire, c'est-Ă -dire qui ne peut pas ne pas ĂȘtre. BLes diffĂ©rentes valeurs donnĂ©es Ă  la vĂ©ritĂ© 1Le vrai comme efficacitĂ© Pour le philosophe pragmatique William James, le vrai a une valeur d'efficacitĂ©. On peut dĂ©terminer la valeur d'une dĂ©couverte et savoir si elle est proche de la vĂ©ritĂ© en fonction de l'efficacitĂ© qu'ont ses rĂ©sultats sur le monde. 2La position sceptique sur la vĂ©ritĂ© Pour les sceptiques, la pensĂ©e humaine n'est pas capable de dĂ©terminer une vĂ©ritĂ© avec certitude. Scepticisme Le scepticisme du grec skepsis, "examen" est une doctrine philosophique selon laquelle la pensĂ©e humaine ne peut dĂ©terminer aucune vĂ©ritĂ© avec certitude. Les sceptiques proposent deux arguments majeurs Le premier argument affirme que l'homme n'a affaire qu'Ă  des apparences, c'est-Ă -dire des phĂ©nomĂšnes sensibles. La consĂ©quence est que l'on ne peut affirmer de vĂ©ritĂ© ou de faussetĂ© concernant les choses. On peut seulement dĂ©crire la façon dont elles apparaissent ou dont elles nous affectent. Le second argument affirme qu'Ă  chaque thĂšse il est possible d'opposer une thĂšse contraire Ă©quivalente, sans possĂ©der les moyens de trancher en faveur de l'une ou de l'autre. La consĂ©quence est qu'il est impossible de ne rien affirmer avec certitude. 3L'interdiction de mentir Pour Emmanuel Kant, la vĂ©ritĂ©, au-delĂ  de la science qui est une construction, est une valeur morale qui interdit de mentir mĂȘme Ă  un assassin qui cherche la victime qu'il veut tuer. En effet, la vĂ©ritĂ© morale n'admet aucune exception, elle reflĂšte la rigueur de la raison pratique, qui recherche la mĂȘme rigueur, la mĂȘme universalitĂ©, que la raison en gĂ©nĂ©ral. Dans le domaine thĂ©orique la connaissance, la raison pure est facteur d'illusion, comme par exemple en mĂ©taphysique. Dans le domaine pratique la morale, il est indispensable qu'elle soit pure, dĂ©sintĂ©ressĂ©e, comme dans l'exemple proposĂ©. 4Le droit de mentir Contre la vĂ©ritĂ© comme valeur morale, on trouve "le droit de mentir par humanitĂ©" de Benjamin Constant on ne doit pas dire la vĂ©ritĂ© sur son Ă©tat Ă  un mourant, sauf s'il l' rĂ©actions politiques, Paris, Ă©d. Hachette Livre BNF, coll. "Sciences sociales" 2013Pour Constant, la vĂ©ritĂ© est certes un devoir, mais celui-ci ne doit pas ĂȘtre appliquĂ© sans considĂ©ration pour les circonstances particuliĂšres dans lesquelles on se trouve. Ici, puisqu'il s'agit de nuire Ă  un individu, Benjamin Constant souligne que l'on n'a pas de devoir de vĂ©ritĂ© envers la personne qui veut nuire Ă  autrui. 5La vĂ©ritĂ© comme illusion Enfin, la vĂ©ritĂ© peut ĂȘtre perçue comme n'Ă©tant qu'une illusion qui n'a pas de valeur. On peut penser que la vĂ©ritĂ© n'est qu'une illusion, inventĂ©e par la mĂ©taphysique et la religion dans le but de se consoler. Friedrich Nietzsche propose ainsi de concevoir la vĂ©ritĂ© comme une consolation nĂ©cessaire. En fait, la vĂ©ritĂ© ne serait qu'une invention de la mĂ©taphysique et de la religion. Les hommes, las de souffrir et incapables d'agir, se rĂ©fugieraient dans une croyance rassurante celle d'un monde immuable permanent, qui correspond au monde des IdĂ©es chez Platon ou Ă  "l'autre monde" de la religion. La vĂ©ritĂ© serait donc une "nĂ©cessitĂ© vitale". Nietzsche critique cette vĂ©ritĂ© qui rassure mais qui maintient en quelque sorte dans l'illusion. Il ne faut pas vouloir la vĂ©ritĂ©, il faut au contraire assumer l'absence de vĂ©ritĂ© car il n'y a ni vĂ©ritĂ© ni mensonge. Il y a uniquement la vie. Ce n'est pas parce que la vĂ©ritĂ© "sauve" qu'elle est vraie. eFrj.
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  • peut on soutenir que la veritĂ© n existe pas